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    1. VATICAN (CONC##


VATICAN (CONC. DU). L’INFAILLIBILITÉ

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libilité d’éminents évoques étrangers apportaient leur appui. Au premier rang de ces opposants, il faut citer Mgr Haynald, archevêque de Kalocsa et Bacs (Hongrie ) et Mgr Strossmayer, évêque de Diakovo, tous deux membres du parlement austro-hongrois, à la fois orateurs et hommes d’action. Comptent également parmi les opposants Mgr Hefele, le savant auteur de l’Histoire des conciles, Mgr Ketteler, prélat de grande doctrine, le cardinal Rauscher, archevêque de Vienne, ancien précepteur de l’empereur François-Joseph et négociateur du concordat autrichien. Mais dans ce groupe de prélats slaves, allemands et autrichiens, il en est un qui attire l’attention de la foule, c’est le prince de Schwarzenberg, archevêque de Prague, membre de la Chambre des seigneurs, qui fut évêque de Salzbourg à vingt-sept ans et cardinal à trente-trois ans. Il passe pour exercer la charité avec une magnificence sans seconde. Dans l’épiscopat de la Grande-Bretagne et de l’Amérique, il faut signaler tout particulièrement Mgr Clifford, évêque de Clifton, et Mgr Morienty, ainsi que les archevêques d’Halifax et de Saint-Louis.

3. Les conciliateurs.

Entre les deux partis adverses des infaillibilistes et des opposants apparaît un groupe de tiers parti qui ne comptait que seize membres. Au lieu de s’user dans une résistance sans issue à la définition de l’infaillibilité réclamée par l’immense majorité des Pères du concile, les prélats qui composent ce petit groupe croiront plus sage d’employer leurs efforts à en mitiger les termes, à la rendre telle que Bossuet lui-même aurait pu la signer. C’est que, ennemis par principe et par tempérament des questions qui divisent, nos politiques étaient surtout préoccupés d’assurer l’ordre dans l’Église comme dans l’État. Groupés autour du cardinal de Bonnechose, archevêque de Rouen, les sages du tiers parti, parmi lesquels NN. SS. Guibert, archevêque de Tours, Lavigerie, archevêque d’Alger, Forcade, évêque de Nevers et futur archevêque d’Aix, retiennent surtout l’attention, s’emploieront de leur mieux à ajourner autant que possible la discussion des questions irritantes, puis, devant l’inutilité de leurs efforts, se rallieront à la majorité en votant la définition.

V. LA LUTTE POUR OU CONTRE LA DÉFINITION DE

L’infaillibilité. — Avec ses commissions, ses congrégations générales, le concile du Vatican se présente comme une grande assemblée délibérante. Mais il ne faut peut-être pas la regarder comme une assemblée composée uniquement de sages. Il est notoire que ce concile connut lui-même dans ses réunions secrètes en particulier, parfois même aux séances générales, ces mouvements passionnés, ces intempérances de langage, ces heurts enfin que peut susciter l’esprit partisan. Incidents singulièrement exagérés par les adversaires de l’Église et que nous n’avons pas à retenir dans le cadre de cette étude, questions de pure forme et sans conséquence pratique dans l’issue d’une œuvre qui se manifesta avec tant d’éclat par le triomphe final de la raison et de la foi.

Pour faciliter en la clarifiant l’exposition des événements relatifs à la définition du dogme de l’infaillibilité, nous les répartirons en deux phases aussi distinctes que possible sans tenir compte des faits étrangers qui sont venus s’y entremêler : une première phase de préparation, allant du 3 janvier au 9 mai et remplie soit par les controverses tant au dedans qu’au dehors du concile, soit par les mesures restrictives dont ces controverses furent la conséquence et une seconde phase de réalisation allant du 9 mai au 18 juillet et remplie par les longues discussions conciliaires auxquelles donna lieu cette définition.

La préparation.

1. La controverse à l’intérieur

du concile (3 janvier-9 mai). — Entre partisans et adversaires de la définition de l’infaillibilité le premier choc s’était fait sentir, sitôt après l’élection des listes du cardinal de Angelis, par la préparation (dès le 3 janvier) et la présentation des deux postulata, l’un pour, l’autre contre la définition dont il a été question ci-dessus, col. 2560. Des protestations s’élevèrent. Le pape répondit lui-même en rappelant à des vues plus justes « les prétendus sages qui veulent qu’on se taise sur certaines questions et qu’on ne marche pas dans un sens opposé aux idées du temps. » Ceux-là, dit Pie IX. sont des « capitaines d’aveugles ». Discours du 9 janvier, prononcé en dehors du concile, dans C. L., col. 1540.

C’est Mgr Dupanloup qui avait pris l’initiative du mouvement protestataire dont Pie IX, très désireux de la promulgation du dogme, prenait ombrage. L’évêque d’Orléans croyait encore qu’on reculerait devant les scrupules de certains prélats, suivant en cela l’exemple de Pie IV, qui avait donné pour instruction à ses légats à Trente de retirer les propositions qui soulèveraient des discussions irritantes. L’intervention de Mgr Dupanloup pour détourner le pape d’une résolution qui dans son esprit était inébranlable n’eut d’autre résultat que d’engager la lutte. La riposte est donnée tout aussitôt par Mgr Dechamps qui croit devoir représenter l’évêque d’Orléans comme le défenseur des doctrines gallicanes. Des lettres courtoises dans la forme, mais très fermes, sont alors échangées entre les deux prélats. « L’opinion gallicane, dit Mgr Dechamps, a été supportée parce qu’elle se donnait uniquement comme une opinion, et qu’elle se réfutait heureusement elle-même dans la pratique, mais aujourd’hui que le gallicanisme, malgré la croyance générale de l’épiscopat et des fidèles, s’affirme comme une doctrine certaine, comment voudriez-vous que le concile se tût ? » L’évêque d’Orléans répond, mais le P. Mariano Spada dont l’imprimatur est nécessaire pour la publication, refuse de lui accorder son visa. Mgr Dupanloup veut que l’archevêque de Malines sache qu’il a tenté de rétorquer ses arguments, mais qu’il se voit dans l’impossibilité de les produire à la lumière.

2. La controverse à l’extérieur du concile.

Au dehors la controverse faisait écho avec une vicacité accrue aux protestations de la minorité conciliaire. En Angleterre la protestation du P. Newman dans sa lettre fameuse à l’évêque de Birmingham en mars, cf. C. L., col. 1513, en Allemagne la multiplicité des écrits contraires à la définition, en particulier les représentations de Dœllinger contre la mise à l’ordre du jour de la définition de l’infaillibilité, en France les lettres de même esprit du R. P. Gratry à Mgr Dechamps auxquelles répondait dom Guéranger et que condamnait Mgr Roess, évêque de Strasbourg, sans parler de la réponse de l’évêque d’Orléans à l’archevêque de Malines, toutes ces manifestations entretenaient la plus déplorable agitation. On allait jusqu’à accuser ouvertement le concile de vouloir transformer l’Église en monarchie absolue et de condamner ainsi les principes qui figuraient dans la plupart des constitutions modernes. Toutes ces manifestations anti-infaillibilistes avaient leur répercussion au sein du concile. Elles étaient pour les évêques majoritaires une preuve de plus de la nécessité d’une prompte définition de l’infaillibilité et pour les évêques minoritaires, comme Mgr Dupanloup, une raison de plus pour affermir leur conviction dans l’inopportunité de cette même définition. C’est pourquoi les mois de janvier et de février se passèrent d’un côté dans la mise sur pied des travaux préparatoires à la promulgation du nouveau dogme, de l’autre, en