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    1. VATICAN (CONC##


VATICAN (CONC. DU). CONSTITUTION DEI FILIUS

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V Allgemeine Zeitung sous la signature de Quirinus, lequel donnait l’impression d’être très étroitement apparenté au Janus de la première heure ; ces lettres étaient très hostiles au concile et contribuèrent beaucoup a développer en Allemagne l’agitation anticonciliaire.

/II. VŒUVRE ni’CONCILE. — 1° Vue générale. — Si des circonstances imprévues ne permirent au concile du Vatican de réaliser qu’une partie infime de son vaste programme, si sa tâche dut se borner à voter, après de longues et mûres délibérations, quelques chapitres seulement d’une constitution sur la foi (Constitution Dei fil i us) et d’autre part les quatre chapitres du projet De Ecclesia Christi intéressant la primauté de juridiction épiscopale et l’infaillibilité du pape (Constitution Pastor œternus), le but essentiel que s’était assigné le promoteur du concile fut du moins atteint, grâce à l’important concours de la Dépulalion de la Foi.

2° Les délibérations sur la constitution dei Fir.i US.

— Les délibérations conciliaires sur les questions élaborées par les commissions présynodales s’ouvrirent dans les derniers jours de décembre 1869. Le premier projet vint le 28 de ce mois, à la 4e séance ; il avait été élaboré par la commission préparatoire De fide et distribué, quelques jours auparavant aux Pères, avec les annotations copieuses dont les théologiens de la commission l’avaient appuyé. Texte dans M.-P., t. l, col. 59-74, annotations, col. 74-119. Cette « constitution », qui débutait par les mots Apostolici muneris sollicitudo, portait le titre : Cônstitutio dogmatica de doctrina catholica contra multipliées errores ex rationalismo dérivâtes. Voici les titres des dix-huit chapitres dont elle se composait :

C. i. Condemnatio materialismi et pantheismi. — C. ii. Condemnatio rationalismi. — C. m. De divinae revelationis fontibus in S. Scriptura et traditione. — C. iv. De supernaturalis revelationis necessitate. — C. v. De mysteriis fidei in divina revelatione propositis. — C. VI. De fidei divinæ distinctione a scientia humana. — C. vu. De necessitate motivorum credibilitatis. — C. vin. De supernaturali virtute fidei et de libertate voluntatis in lidei assensu. — C. ix. De necessitate et supernaturali lirmitate fidei. — C. x. De recto ordine inter scientiam humanam et fidem divinam. — C. XI. De incommutabili veritate illius dogmatum sensus quem tenuit et tenet Kcclesia. — C. xii. De unitate divinæ naturæ seu essentiæ in tribus distinctis personis. — C. xiii. De divina operatione tribus personis communi et de Dei libertate in creando. — C. xiv. De Jesu Christi una divina persona in duabus naturis atque de redemptione et vicaria pro nobis satisfactione per.lesum Christum Dominum nostrum. — C. xv. De communi totius humani generis origine ab uno Adam et de natura humana una composita ex anima rationali et ex corpore. — C. xvi. De ordine supernaturali et de supernaturali statu originalis justitise. — C. xvii. De peccato originali et de pœna asterna destinata cuilibet peccato mortali. — C. xviii. De supernaturali ordine gratia ? quæ nobis per Christum redemptorem donatur.

C’était, comme on le voit, un programme énorme et il ne faut pas s’étonner des critiques qui s’abattirent sur le projet un peu de la part de tout le monde : c’était, disait-on, une œuvre de professeur, d’un latin obscur, d’une pensée souvent alambiquée, soulevant des questions scolastiques. Il n’y eut guère pour le défendre que les gens décidés à trouver parfait tout ce qui venait de la curie. Voir le résumé des critiques dans M.-P., t. l, col. 274-318. Après six séances de discussion confuse (28 décembre au 10 janvier), les présidents, à la fin de la réunion du 10 janvier (8e s.), déclarèrent que le projet était renvoyé à la députation de la foi. En attendant qu’il pût revenir devant le concile, on commencerait la discussion de divers projets disciplinaires. Voir ci-dessous, col. 2559.

Cependant la députation de la foi avait remis sur le métier le projet de constitution De fide catholica. Elle avait commencé par entendre Franzelin, l’auteur du premier projet, si maltraité par le concile, celui-ci ne fit qu’abonder dans son propre sens. M.-P., t. l, col. 317-340. En dépit de quoi, la commission arriva bien vite à l’idée qu’il fallait refondre complètement le projet. Les trois membres les plus influents, Dechamps, Pie et Martin chargés de ce travail, s’en remirent à ce dernier qui s’adjoignit comme théologien Kleutgen ; celui-ci avait été étranger à la première rédaction. Ce fut seulement à la fin de février qu’il put présenter son travail à la commission, qui, après l’avoir examiné et amendé en huit séances, du 1 er au Il mars, le fit distribuer aux Pères le 14.

La caractéristique essentielle de ce nouveau projet, c’est qu’il avait laissé tomber nombre des questions soulevées par le premier. Il les répartissait d’autre part en deux séries : les unes en rapport avec la théologie fondamentale (seule partie qui sera discutée), les autres se rapportant à des dogmes particuliers. La seconde partie, en effet, traitait successivement : c. v. De la très sainte Trinité ; c. vi. De la création de l’homme et de sa nature ; c. vu. De l’élévation de l’homme et de sa chute ; c. vin. Du mystère de l’incarnation ; c. ix. De la grâce du Rédempteur. Cet exposé positif était complété par 28 canons, et le tout se terminait par une monition générale adressée aux catholiques de fuir aussi les erreurs se rapprochant plus ou moins de celles qui étaient condamnées. Texte de tout cet ensemble, tel qu’il fut soumis à la députation dans M.-P., t. lui, col. 164-177 (il y a une autre rédaction du c. vi, col. 210).

La commission fut d’avis de surseoir provisoirement à la discussion de toute la deuxième partie et retint seulement pour la faire distribuer la première partie, qui commençait par ces mots : Cum œternus Dei Patris Filius : quatre chapitres : i. Dieu créateur de l’univers ; n. La révélation ; m. La foi ; iv. La foi et la raison ; dix-huit canons corroboraient par des anathématismes appropriés la doctrine positive des chapitres. Texte dans M.-P., t. li, col. 31-38, c’est, à peu de chose près, le texte qui sera définitivement adopté.

Ce projet, dont la discussion commença le 18 mars (30e s.) devait retenir l’attention du concile jusqu’au 12 avril (45e s.). La discussion se déroula d’ordinaire dans le calme. Il n’y eut guère d’incidents que ceux qui furent soulevés le 22 mars (31e s.) par le discours de Mgr Strossmayer (Diakovo) ; on le trouvait trop favorable aux protestants, trop « libéral », comme l’on disait, et il fut interrompu par de vives protestations. Au fond, bien qu’il ne fût nullement question de l’infaillibilité pontificale dans le discours, c’est à l’anti-infaillibiliste notoire que l’on en avait. « On aurait pu attendre des évêques plus de calme et de dignité », reconnaît le P. Granderath lui-même. Op. cit., t. il b, p. 57.

La discussion du c. n sur les rapports entre la connaissance naturelle de Dieu et la révélation amena des débats animés sur la question du traditionalisme (33e -35e s.). C’est qu’au fait les opinions des Pères étaient assez divergentes ; certains condamnaient absolument toute forme de traditionalisme, d’autres auraient voulu excepter le traditionalisme mitigé. La députation, par l’organe de ses divers rapporteurs, se cramponna à son texte, l’essentiel à son avis, était de mettre à l’abri de toute discussion la certitude de la démonstration de l’existence de Dieu. En fin de compte, les trois amendements furent repoussés à la presque unanimité des votants. Certains Pères se préoccupaient également de l’onto-