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    1. VATICAN (CONC##


VATICAN (CONC. DU). ÉTAT DES KSI’MITS

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t. l, col. 199*. Bien que, dans les milieux romains, on ne se fît guère d’illusion sur le succès de la démarche, on ne laissa pas d’être surpris par l’accueil malgracieux du Plianar, qui donna le ton aux autres patriarches orthodoxes. Sur ces négociations, cf. C. L., col. 1110-1123.

Il paraissait encore plus difficile d’inviter au concile des représentants officiels des diverses Églises protestantes, aussi bien Rome ne reconnaissait-elle pas les ordinations des Églises, même épiscopaliennes. Conformément encore aux avis de la commission centrale, il fut envoyé ad omnes protestantes aliosque acatholicos une lettre encyclique, Jain vos omnes, datée du 13 septembre 1868, M. -P., t. L, col. 203*, exprimant le désir que l’événement extraordinaire qu’était le concile fût l’occasion du retour à l’unité chrétienne. Ces avances furent, dans l’ensemble, assez mal accueillies. C. L., col. 1123-1146.

Le but du concile.

La bulle Mterni Patris qui

convoquait le concile exposait le but à atteindre : « Porter remède aux maux du siècle présent dans l’Église et dans la société. » En conséquence « le concile œcuménique devra examiner avec le plus grand soin et déterminer ce qu’il convient de faire, en ces temps si calamiteux, pour la plus grande gloire de Dieu, pour l’intégrité de la foi, pour la splendeur du culte, pour le salut éternel des hommes, pour la discipline et la solide instruction du clergé régulier et séculier, pour l’observation des lois ecclésiastiques, pour la réforme des mœurs, pour l’éducation chrétienne de la jeunesse, pour la paix générale, la concorde universelle ». Les décisions proclamées en assemblées générales devaient lier toutes les consciences chrétiennes.

De la bulle pontificale comme des autres actes présynodaux, on pouvait légitimement conclure que le concile du Vatican n’était pas une œuvre de pure circonstance ni sans précédent. Il se rattachait en effet à ces mesures de restauration générale de la société catholique, entreprise par Pie IX suivant le plan indiqué dans ses actes, tels surtout que le commentait l’organe officieux, la Civiltà cattolica, fondée en 1850 et rédigée par les jésuites romains.

On remarqua tout aussitôt que, dans la bulle d’indiction du 29 juin 1868, la question de l’infaillibilité pontificale, qui passionnait déjà l’opinion en deux sens très opposés, n’apparaissait pas comme ayant été une des raisons de la convocation du concile : elle ne comptait pas parmi les buts assignés à l’étude de cette imposante assemblée. Et cependant le règlement de cette question capitale devait dominer ses travaux et même en changer l’ordre, retenir presque seul l’attention des Pères. C’est d’ailleurs un point sur lequel Mgr Manning, archevêque de Westminster, se plaît à insister particulièrement dans son Histoire vraie du concile du Vatican, car la définition de l’infaillibilité fut le fait capital de ce concile. Il n’était pas question davantage dans la bulle d’indiction de la primauté pontificale, c’est-à-dire de ce pouvoir de juridiction ordinaire et immédiate du pape sur les évêques dont la définition de l’infaillibilité n’était que le corollaire et l’éclatante consécration. Le silence de la bulle pouvait avoir sa justification dans le désir du souverain pontife de prévenir des controverses inopportunes susceptibles de compromettre la sérénité des dicussions conciliaires.

II. PREMIÈRES POLÉMIQUES AUTOUR DU FUTUR CON-CILE. — 1° L’état des esprit. — Le silence de Rome sur la question de l’infaillibilité allait donner lieu aux commentaires les plus opposés.

La définition de l’infaillibilité, en effet, se présentait déjà, selon les uns, comme une sauvegarde pour l’Église elle-même, selon les autres, comme une

menace pour sa sécurité. Les premiers estimaient qu’en un temps où les gouvernements, tous plus ou moins imbus des principes révolutionnaires, croyaient se rendre plus populaires par la manifestation de leur désaccord avec l’Église, et devant les périls qui menaçaient le pouvoir temporel de la papauté, on pouvait redouter qu’il ne restât à l’Église aucun asile où elle serait indépendante des pouvoirs séculiers. Ils craignaient que des obtacles apportés par les gouvernements aux grandes assemblées ecclésiastiques ne suspendissent, aux heures les plus importantes, la vie de la catholicité. Or, ce péril serait écarté, si les papes, même exilés et captifs, possédaient toute l’autorité dans l’Église dispersée et muette. D’où la nécessité de la convocation immédiate d’un concile reconnaissant de manière très explicite au souverain pontife le droit de vouloir et de parler pour elle, et consacrant ce droit en déclarant le pape infaillible. Ajoutons que, pleins de dévotion pour la personne du pape, ces catholiques auraient voulu dédommager Pie IX, par la proclamation de cette prérogative, des multiples déboires qu’il venait d’éprouver dans sa souveraineté temporelle.

D’autres au contraire ne voulaient voir dans la prérogative de l’infaillibilité reconnue au chef suprême de l’Église qu’une dictature déguisée, vouée aux erreurs et aux excès ordinaires de l’autorité absolue. Sans aller à ces extrémités, des esprits plus modérés, et c’était le cas de nombreux évêques, s’inquiétaient des fâcheuses conséquences religieuses et politiques que, dans les circonstances actuelles, pouvait avoir le nouveau pouvoir d’infaillibilité dans le gouvernement de l’Église.

Certains bruits, bien avant la convocation du concile, commençaient à circuler dans l’ombre ; des préoccupations épiscopales s’étaient manifestées à ce sujet, à l’occasion de la convocation des évêques à Rome pour le mois de juin 1867. Des fêtes religieuses grandioses devaient s’y célébrer. Mais étaient-elles l’unique motif de cette imposante manifestation qui compta près de 500 évêques venus de tous les points du monde. L’un d’eux, Mgr Ginoulhiac, évêque de Grenoble et futur archevêque de Lyon, éprouva le besoin de s’en ouvrir à Mgr Dupanloup. Et dans une lettre écrite de Nice le 3t janvier 1867, il exprimait ses craintes en ces termes à son collègue d’Orléans : « …Je suis pour ma part très préoccupé de l’objet probable de la convocation qui nous est faite pour le mois de juin… Quel sera l’objet vrai de cette réunion. De toutes part, on me dit que ce sera la définition de l’infaillibilité personnelle, ou au moins séparée, du pape, ou la préparation à cette définition. À mon sens, il n’y a pas aujourd’hui de question plus grave que celle-là. » De semblables appréhensions se faisaient jour dans la pensée d’un autre évêque français. « Vous savez, Monseigneur, écrivait ce prélat à Mgr Dupanloup, que quelques esprits ardents se préoccupent, dit-on, de faire déclarer par les évêques réunis, comme dogme de foi catholique, l’infaillibilité personnelle du pape… Prions Dieu d’éloigner de telles préoccupations ; elles enfanteraient des luttes intestines et des difficultés extérieures incalculables. » Lagrange, op. cit., t. iii, p. 48-49. Même note d’inquiétude chez Mgr Ketteler, évêque de Mayence, qui se demandait si la grande assemblée épiscopale de juin 1867 ne servirait pas avant tout à sanctionner d’une manière formelle et bruyante des résolutions arrêtées d’avance, comme l’infaillibilité du pape et d’autres points de doctrine, toutes questions qui réclamaient un examen approfondi et relevaient de l’étude et de l’approbation d’un concile général. Ibid., p. 91.

2° L’adresse épiscopale du 1° juillet 1867 et ses'