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VAN ESPEN — VANITE


ordonné prêtre en 1673, il devint par la suite professeur de droit au collège d’Adrien VI. Partisan des doctrines jansénistes, Van Espen dut quitter sa chaire et se réfugier en Hollande. Il fut un des artisans de l'élection de Steenoven à l’archevêché d’Utrecht, ci-dessus, col. 2404 ; l'écrit qu’il publia en faveur de la validité de l'élection et du sacre de ce prélat schismatique lui valut d'être déclaré suspens par l’Université de Louvain (7 février 1728). Van Espen mourut en exil, à Amerfort, le 2 octobre 1728. Homme d’une grande érudition, il eut beaucoup d’influence sur ses contemporains, en particulier sur Febronius, qui fut son élève.

Les principaux ouvrages de van Espen sont : Consultation canonique sur le vice de la propriété des religieux et des religieuses, Louvain, 1688, Paris, 1693, in-12 ; — Jus ecclesiaslicum universum, Louvain, 1700, 2 vol. in-fol., ouvrage justement célèbre et qui a été souvent réédité et copié, mis à l’Index par décret du 22 avril 1704 ; — Dissertatio canonica de pristinis altarium et ecclesiarum incorporationibus, Louvain, 1711, in-4° ; — De censuris ecclesiasticis, 1709, in-12 (en faveur de Jansénius) ; — De promulgatione legum ecclesiasticarum, Bruxelles, 1721, in-4° ; — Commentarius in canones et décréta, Louvain, 1759, in-fol. Van Espen a publié également plusieurs écrits relatifs à la controverse janséniste, en particulier sur le « Formulaire » et la bulle Unigenitus ; on les trouvera dans l'édition des Opéra omnia publiée et annotée par le P. Joseph Barre, Louvain (= Paris), 1753, 4 vol. in-fol., et dans le Supplementum ad varias collectiones operum Z. B. van Espen de l’abbé de Bellegarde, Bruxelles, 1768, in-fol. Les œuvres de van Espen ont été mises à l’Index dans leur totalité par décrets du 14 novembre 1713 et du 18 novembre 1732.

Vie de M. van Espen par M. ***, licencié de droit (Dupac de Bellegarde), Louvain, 1767, et en tête du Supplementum de 1768 cité plus haut ; De Bavay, Van Espen, jurisconsulte et canoniste belge, Bruxelles, 1846 ; F. Laurent, Van Espen, Étude historique sur l'Église et l'État en Belgique, Bruxelles, 1860 ; Allgemeine deutsche Biographie, t. xxxix, p. 476478 ; Hurter, Nomenclator, 3 « éd., t. iv, col. 1281-1284 ; t. v a, col. 515 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, 1759, t. iv, p. 212-213 ; Michaud, Biographie universelle, nouvelle éd. t. xiii, p. 51-53 ; Feller, Biographie universelle, t. ii, p. 551-552 ; Beusch, Der Index der verbotenen Bûcher, passim. Voir aussi la bibliographie de l’art. Utrecht (Église d').

J. Mercier.


VANITÉ. — La vanité étant une forme de la vaine gloire, étudiée t. vi, col. 1429 sq., on se contentera d’en donner ici une description plus précise, de rappeler les leçons de l'Écriture à son sujet et d’en apprécier brièvement la moralité.

Description et définition.

La vaine gloire se greffe sur l’orgueil, dont elle est un effet difficilement séparable, voir Orgueil, t. xi, col. 1418. La vanité est cette forme de vaine gloire qui s’attache à rechercher une manifestation d’excellence dans les choses futiles et sans valeur réelle. Ce qui a fait dire à Paul Valéry que « l’orgueil est aux vanités ce que la foi est aux superstitions ». La vanité, c’est donc l’orgueil s’attachant à des choses vaines : « Chez des personnes peu profondes, l’orgueil s’appelle vanité, parce qu’il s’attache à des choses vaines : briller, passer pour intelligente, élégante, recueillir des hommages et des compliments… Il ne s’agit pas d’avoir une valeur véritable, mais seulement d'être admirée. On n’est pas soucieuse de ce qui est, mais de ce qui paraît. La vanité est parfois très grossière : on parle de soi sans cesse, on se défend d’avoir tort, on rappelle ce qu’on a fait de bien, on veut toujours surpasser les autres ; vite tout cela touche au ridicule. Mais la vanité inspire aussi toutes sortes de manèges pour attirer l’attention sur soi et se faire valoir. Une jeune Tille vaniteuse n’est jamais simple ni tout a fait sincère… » Mme Daniélou, Livre de sagesse pour les filles de France, Paris, s. d., p. 175.

Dans sont traité De l'éducation des filles, Fénelon a noté les manifestations habituelles de la vanité chez les filles : le désir violent de plaire, la passion pour les ajustements : « Une coiffe, un bout de ruban, une boucle de cheveux plus haut ou plus bas, le choix d’une couleur, ce sont, pour elles, autant d’affaires importantes. » Les hommes ne sont pas exempts de ce défaut. La Bruyère esquisse le portrait du vaniteux : » Arrias atout lii, tout entendu… Il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. » Les caractères. De la société et de la conversation, c. v. Et Montesquieu, dans ses Lettres persanes, n’oublie pas les vaniteux : « Des gens qui parlent sans cesse d’eux-mêmes ; leurs conversations sont un miroir qui présente toujours leur impertinente figure ; ils vous parlent des moindres choses qui leur sont arrivées et ils veulent que l’intérêt qu’ils y prennent les grossisse à leurs yeux ; ils ont tout fait, tout vii, tout pensé ; ils sont un modèle universel, un sujet de comparaison inépuisable, une source d’exemple qui ne tarit jamais. » Lettre 50. Chez certains hommes qui recherchent volontiers l’admiration d’autrui pour leurs œuvres personnelles, il y a peut-être le sentiment d’une certaine insuffisance : « Il y a de la modestie au fond de la vanité, C’est pour se rassurer qu’on cherche l’approbation, et c’est pour soutenir la vitalité peut-être insuffisante de son œuvre qu’on voudrait l’entourer de la chaude admiration des hommes, comme on met dans du coton l’enfant né avant terme. Mais celui qui est sûr, absolument sûr, d’avoir produit une œuvre viable et durable, celui-là n’a plus que faire de l'éloge et se sent au-dessus de la gloire… » H. Bergson, L'énergie spirituelle, 32e éd., Paris, 1944, p. 24.

Saint Thomas s’est efforcé de préciser quelles sont les choses vaines auxquelles s’attache l’orgueil pour devenir vanité :

Parfois, la chose vaine est ce qui n’a pas de réalité ; c’est en ce sens qu’une chose fausse est dite vaine et que le psalmiste a dit (iv, 3) : « Jusques à quand aimerez-vous la vanité et rechercher-ez-vous le mensonge ? » — Chose vaine aussi tout ce qui n’a pas de solidité, qui manque de fermeté ; c’est ainsi que, constatant la mobilité des choses humaines, l’Ecclésiaste s’est écrié (i, 3) : « Vanité des vanités et tout n’est que vanité. » — Enfin, c’est encore chose vaine ce qui ne peut atteindre sa fin propre : médecine vaine, celle qui ne rend pas la santé. Le Serviteur de Jahvé, dans Isaïe (xlix, 4) dit en ce sens à Dieu : « C’est en vain que je me suis fatigué ; c’est inutilement, pour rien, que j’ai consumé ma force. » S. Thomas, De malo, q. ix, a. 2.

Leçons de l'Écriture.

Ces trois acceptions de la vanité des choses terrestres ou des sentiments humains sont exploitées dans les enseignements de l'Écriture.

Vanité, parce que, reposant sur le mensonge et l’irréalité, l’attitude des impies adorant les idoles et leurs idoles elles-mêmes, Is., xli, 29 ; cf. ps. iv, 3 ; celle des Israélites qui se sont détournés de Jahvé pour suivre les vanités (des idoles) et devenir par là vanité eux-mêmes, Jer., ii, 5 ; vanité, les visions des faux prophètes, Ez., xiii, 6 ; cf. xxii, 18, ainsi que les enseignements des faux docteurs. II Pet., ii, 18. Pris pour Jupiter et Mercure, Barnabe et Paul adjurent les habitants de Lystres de « quitter ces vanités » pour « se tourner vers le Dieu vivant ». Act., xiv, 14. Tout ce qui n’est pas service de Dieu est vanité. Ps. cxix (cxviii), 37. C’est par le péché (d’Adam) que la création a été assujettie à la vanité. Rom.,