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VALENTIN VALERIEN DE CIMÉLU M

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raissent ; mais par la vertu (du nom), ils sont transformés en un être spirituel. De même l’eau, celle qui est exorcisée et celle qui sert pour le baptême, non seulement écarte le mal, mais elle reçoit la sanctification ». Exe, 82. Le réalisme sacramentel qui est ici esquissé, est très important à souligner.

b) La gnose populaire. — Par certains de ses aspects, la gnose île Théodote semble annoncer les systèmes populaires qui nous sont connus par les écrits en langue copte. Sans doute ne les connaissons nous pas dans le détail et serait-il imprudent de porter sur cette dernière forme du système valentinien un jugement décisif. Nous croyons pourtant entrevoir ici, comme en Occident chez Marc, une orientation nouvelle, moins exclusivement métaphysique.

Ptolémée et Héracléon d’une part, Théodote de l’autre sont les principaux représentants que nous connaissions de l’école valentinienne. Encore n’avons-nous sur eux que des renseignements trop incomplets pour apprécier exactement la transformation qu’ils ont fait subir au système primitif. Mais leur importance est considérable. Si Héracléon a enseigné vers 170-180, si Théodote a été, comme il le semble, le contemporain de Clément d’Alexandrie, on voit que pendant longtemps les disciples de Valentin ont poursuivi l’œuvre de leur maître, et l’on comprend qu’ils aient été redoutés par les docteurs catholiques qui ont cru nécessaire de les réfuter. Nous n’avons pas ici à rappeler la grandeur du danger que la gnose a fait courir à l’Église. Il faut seulement dire que, sous sa forme strictement valentinienne, elle a prolongé son influence plus peut-être que sous n’importe quelle autre.

Les principaux textes relatifs à Valentin et aux autres gnostiques sont commodément réunis par W. Voelker, Quellen zur Geschichle der christlichen Gnosis, Tubingue, 1932. Les fragments d’Héracléon ont été édités par A. E. Brooke, The fragments of Héracléon, dans Texts and Stadies, t. I, fasc. 4, Cambridge, 1891. Les Excerpta ex Theodoto de Clément d’Alexandrie sont édités, avec une introduction et des notes par R. Pierse Casey, The excerpta ex Theodoto oj Clément of Alexandria, dans Studies and documents, t. i, Londres, 1934. La Lettre de Ptolémée à Flora a été éditée par A. Harnack dans les Sitzungsberichte de l’Académie de Berlin, 1902, puis dans la collection de Lietzmann.

A. Hilgenfeld, Ketzergeschichte des Urchristentums, Leipzig, 1884 ; E. de Faye, Introduction à l’étude du gnosticisme, Paris, 1903 ; Gnostiques et gnosticisme, étude critique des documents du gnosticisme chrétien aux II’et IIIe siècles, 2° édit., Paris, 1925 ; W. Anz, Zur Frage nach dem Ursprung des Gnostizimus, dans Texte und Unlersuchungen, t. XV, fasc. 4, Leipzig, 1897 ; R. Lichtenhan, Die Offenbarung im Gnostizismus, Gœttingue, 1901 ; W. Bousset, Hauplprobleme der Gnosis, Gœttingue, 1907 ; H. Leisegang, Die Gnosis, Leipzig, 1924 ; J. Lebreton, La crise gnostique et le montanisme, dans A. Fliche et V. Martin, Histoire de l’Église, t. ii, Paris, 1935, p. 7-35.

R. Bartb, Die Interprétation des neuen Testaments in der valentinianischen Gnosis, dans Texte und Unlersuchungen, t. xxxvii, 3, Leipzig, 1911 ; W. von Lôwenich, Johannesverstàndnis im II. Jahrhundert ; K. Muller, Beitràge ziim Verstdndnis der valentinianischen Gnosis, dans Naclirichten der kgl. Gesellsch. der Wissensch. zu Goltingen, Phil. hlst. Kl., 1920, p. 179-243 ; O. Dibelius, Studien zur Geschiehie derVcdentinianer, dans Zeitschr. fur N. -T. Wissensch., 1908 ; P. C. Burkitt, Church and Gnosis, Cambridge, 1932 ; W. Bousset, Plotins Weltseele und das Kreuz Christi, dans Zeitschr. fur N.-T. Wissensch., t. xiv, 1913, p. 273-285.

G. Bardy.


3. VALENTIN, hérétique apollinariste à la fin du ive ou au début du ve siècle. — La vie de Valentin nous est complètement inconnue : nous ne savons ni son origine, ni la position qu’il a occupée dans l’Église, ni la date précise de son activité. Mais l’auteur de VAdversus fraudes Apollinaristarum a conservé sous son nom un important fragment « contre les doctrines enseignées d’une façon mauvaise et impie par Timothée et ses partisans et par leur maître, le très impie Polémius ». Ce fragment est présenté comme extrait d’une apologie Contre ceux qui prétendent que, d’après nous le corps (du Christ) est consubstaniiel n Dieu. L’auteur, Valentin, y parle à plusieurs reprises de " notre bienheureux père et maître Apollinaire », aux enseignements de qui il prétend rester fidèle. Par contre, il réserve toutes ses critiques à Timothée et à ses disciples. Timothée de Béryle qui souscrivit les canons du concile de Constantinople en 381 ne niait pas un certain dualisme dans le Cbrist ; il affirmait cependant la consubstantialité du corps du Sauveur avec Dieu ; c’est ce qui permet à Valentin d’en faire le disciple de Polémius (ou Polémon), bien qu’en réalité Polémius ait combattu vivement la doctrine de Timothée. Lui-même Valentin nie cette consubstantialité. Pour lui, le corps du Christ est de même nature que le nôtre : il ne saurait, dit-il, y avoir d’union des consubstantiels. Là où il y a consubstantialité, il n’y a pas union, car rien ne s’unit à soi-même… Le corps qu’a porté le Seigneur n’est pas devenu éternel ni incorporel par l’union ; par suite, il n’est pas consubstantiel à l’essence ineffable et incorporelle. Le Seigneur est éternel : avant l’union, il est consubstantiel au Père ; après s’être incarné, il reste consubstantiel au Père. La chair n’était pas consubstantielle à Dieu, elle était le vêtement, la robe, la couverture du mystère caché.

On voit ainsi que Valentin se rangeait à l’aile droite de l’apollinarisme. Par réaction contre les synousiastes, il lui arrivait d’employer quelques-unes des expressions caractéristiques de l’école d’Antioche ; et il s’efforçait d’atténuer les divergences entre l’enseignement d’Apollinaire et la doctrine catholique. Cela ne l’empêchait pas d’ailleurs de tenir pour l’absence d’une àme intelligente en Jésus-Christ et pour l’unité de nature. Peut-être d’ailleurs, l’unité de nature se ramenait-elle, pour lui, à l’unité de personne. Ce point reste assez obscur..

Le fragment conservé de Valentin signale, outre Timothée et Polémius, d’autres apollinaristes de la même école : Parégorius, Ouranius, Diodore, Jobius, Kataphronius. De ceux-ci, un seul, Jobius nous est connu par sa profession de foi.

Le texte des Kephalaia de Valentin est reproduit dans A. Lietzmann, Apollinaris non Laodicea und seine Schule. Texte und Untersuchungen, t. i, Tubingue, 1904, p. 287-291 ; G. Voisin, L’apollinarisme, étmle historique, littéraire et dogmatique sur le début des controverses christologiques au IV’siècle, Louvain, 1901 ; E. (’.. Heven, Apollinarianism, Cambridge, 1923 ; E. Weigl, Die Christologie vom Tode des Athanasius bis zum Ausbruch des nestorianischen Streites, Munich, 1925.

G. Bardy.


VALERIEN DECIMÉLIUM, évêque de cette localité, aujourd’hui Cimiez, près de Nice, au milieu du Ve siècle. — La vie de Valérien ne nous est connue que par ce que nous savons de sa participation à dilîérents conciles du sud-est de la Gaule. On a supposé, sans preuves décisives, qu’avant son épiscopat, il avait été moine à Lérins. En tout cas, il entretint avec les moines, une fois évêque, des relations cordiales, dont témoigne son Epistola ad monachos de virtutibus et ordine doclrime apostolicæ, P. L., t. lii, col. 755-758. Ce fut comme évêque qu’il assista aux conciles de Riez en 439 et de Vaison en 442, réunis sous la présidence de saint Hilaire d’Arles pour renforcer la discipline ecclésiastique. Après la mort de saint Hilaire, dont le pape saint Léon avait jugé bon de restreindre les droits primatiaux, il approuva l’élection de son successeur Ravennius (449) et, l’année suivante, il signa avec