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VAL E N T IN. L E S D I S C I P L E S, THÉ D T E

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mettre à ses lecteurs de découvrir et de démontrer la doctine de Valentin et de ses disciples. L’épisode de la Samaritaine s’applique aux psychiques représentés par la femme de Samarie elle-même. Les cinq maris qui sont morts ou qu’elle a abandonnés représentent les hyliques incapables de salut et voués à la mort. Le sixième, celui avec lequel elle vit, ne vaut pas mieux que les précédents. Son véritable mari, celui qu’elle ne connaît pas, qu’elle n’a pas encore possédé, l’attend dans le plérôme. Elle le sait d’ailleurs ou elle le sent. C’est pour cela qu’elle se trouve sur la voie du salut et qu’elle finira pas être délivrée de ses maux. La guérison du fds de l’officier royal a une signification analogue. L’officier royal, qui est un personnage subalterne, représente le Démiurge qui n’aura qu’un règne éphémère ; son fils est le type des psychiques créés par le Démiurge seul, mais capables d’être sauvés et de recevoir l’immortalité s’ils le veulent bien. De tels hommes ont constamment besoin de signes, la raison ne leur suffit pas pour les conduire à la connaissance de la vérité. D’autre part, comme ils sont sous l’empire de la loi, ils sont constamment exposés à la mort. Le Démiurge, le père du malade, en vient donc à invoquer l’unique Sauveur et celui-ci guérit en effet le psychique. Ces exemples suffisent à nous faire connaître l’exégèse d’Héracléon et à caractériser sa méthode. Pas plus pour lui que pour Ptolémée, nous n’avons le droit d’affirmer que la métaphysique un peu absconse des éons ne comptait plus pour rien. Il est vraisemblable qu’elle ne devait être révélée qu’aux initiés et que ceux-ci étaient capables de la retrouver dans les commentaires exégétiques sans qu’on eût besoin à chaque instant de la leur répéter. Il reste, cependant qu’avec de tels hommes le moralisme devait tenir une place importante dans la vie religieuse.

Les auteurs postérieurs, à commencer par saint Épiphane, Hseres., xxxvi, P. G., t. xli, col. 633-642, et ceux qui l’ont suivi, Filastrius, Hæres., 41, P. L., t. xii, col. 1158-1159, et saint Augustin, Adv. hæres., 16, donnent de longs détails sur les disciples d’Héracléon et sur la secte qu’ils formaient. Cf. l’art. Héracléon, t. vi, col. 2199. Il est probable que les récits des hérésiologues n’ont pas de valeur historique et mélangent toutes sortes de renseignements plus ou moins fantaisistes. En fait, nous n’avons aucune preuve de la survivance d’un groupe de disciples d’1 léracléon.

2. L’école orientale.

a) Théodole. — Le représentant le plus caractéristique et le mieux connu de l’école orientale est Théodote, dont Clément d’Alexandrie nous a conservé des extraits. Le recueil de Clément, intitulé’Ex tôv 0so86tou xal -rTjç àvaToXixîjç xaXou(iévT]ç SiSaaxaXIaç xorrâ toùç * lûaXevrlvou xp6vouç im.TQ[li), est un recueil d’extraits, qui proviennent pour la plupart des œuvres de Théodote. De celui-ci, de sa vie, de ses écrits, nous ne connaissons rien. Il semble qu’aux yeux de Clément, il ait été un représentant autorisé de la doctrine valenlinienne, puisque c’est à lui que sont empruntés les textes destinés à la faire connaître. On peut croire que Clément recueilli ces textes afin <le les faire entrer, avec leur réfutation, dans un grand ouvrage, peut-être dans la suite des Slraiimlrs OU dans Le Maître. C’est, en tous cas, pour nous une bonne fortune de posséder utralts. Texte dans P. < ;., t. i, col. 653 sq. ; et édii. Stâhlin, (Corpus de Berlin), i. va, |>. 105 sq, f.’esi celle numérotation qui est citée Ici.

Comme il s’en f ; ml pourtant que Ions les Excerpta

soient dus ; i Théodote lui-même, la première tâche

i accomplir est de séparer ceux qui lui appartiennent

ci ceu* qui proviennent d’autres sources ou qui sont

des notes de Clément. Selon R. P, Casev, les frag ments de Théodote sont ceux qui portent les numéros 1, 1-2 ; 2 ; 3 ; 17, 1 ; 21 ; 22 ; 23 ; 24, 1 ; 25 ; 26 ; 28 ; 29 ; 30, 1 ; 31 ; 32 ; 33, 1, 3-4 ; 34 ; 35 ; 36, 1 ; 37-41 ; 66-86. En dehors des extraits de Théodote, le florilège de Clément comporte d’autres fragments d’origine valentinienne ; ceux-ci, n. 42-45 ; 6-7, proviennent, selon Dibelius, d’une source utilisée par Irénée. Le reste des Excerpta, c’est-à-dire les numéros 1, 3 ; 4-5 ; 8 ; 9 ; 10-16 ; 17, 3-4 ; 18-20 ; 27 ; 33, 2, appartiennent probablement à Clément lui-même. L’hypothèse de Bousset, selon laquelle Exe, 6-20 ; 27 et Eclogæ proph., 43-64 remonteraient à Pantène, a été fort discutée et ne semble plus acceptée à l’heure présente. Malgré les difficultés qu’on peut avoir à reconnaître en Clément leur auteur, il n’y a pas lieu de chercher une autre explication que le caractère provisoire d’un recueil de notes, destinées à être reprises, développées, complétées, selon les circonstances.

La métaphysique de Théodote est, dans les principaux traits, celle de Valentin lui-même. Au point de départ, le couple Bythos-Sigé, Exe, 29, dont émane tout le reste du plérôme. L’existence du couple fondamental est exigée par les conditions dans lesquelles prennent naissance les divers éons : tout procède de syzygies, Exe, 32, 1. Aucun des fragments conservés ne donne la liste entière des éons ; mais nous savons, Exe, 31, 2, que la Sagesse est le douzième éon. De même, nous ne possédons plus la description de la chute de la Sagesse, mais cette chute est supposée clairement, Exe, 23, 2 ; 32, 2-3, puisqu’elle est suivie d’un retour dans le plérôme. Elle a pour cause la passion de la Sagesse pour le Père. Exe, 33, 3. Le salut de la Sagesse est dû avant tout au Christ qui, rentré dans le plérôme demande le secours des éons ; ceux-ci envoient alors Jésus, Exe, 23, 1-3, qui est à la fois matériel et spirituel comme le monde dans lequel il doit opérer l’œuvre du salut. Nos fragments insistent principalement sur la rédemption, c’est cela qui semble préoccuper surtout Théodote. Pour lui, comme pour les autres disciples de Valentin, les hommes se répartissent en trois groupes : les pneumatiques, les psychiques et les hyliques. Les premiers sont sauvés en vertu de leur nature ; les derniers sont condamnés de la même manière. Restent les psychiques qui sont libres d’accepter ou de refuser le salut. Mais Théodote semble introduire un élément nouveau dans le système, la fatalité, le destin, etu.ocpp.sv7) : et l’astrologie pénètre par là toute la doctrine. Théodote et ses disciples « sont convaincus qu’une nécessité inéluctable, dont les combinaisons astrales sont comme la formule, enveloppe toute la vie humaine. Les archontes et les démons sont complices de cette sombre tyrannie du destin. Ils le rendent plus redoutable encore. Ils y ajoutent leurs ruses infernales. Jusqu’à la dernière minute, l’élu doit les craindre. Même au moment où il plonge dans les eaux baptismales, ces archontes et ces démons jettent ou essaient de jeter le trouble dans son âme, Exe, 83, 84, et Jésus lui-même a connu ce trouble dont sont cause les esprits impurs, A’.rr., 85. Voilà la servitude dont Jésus doit délivrer les âmes élues et les âmes appelées ». E. de l’ave, op. cit., p. 262.

Ajoutons à cela que la connaissance du nom joue un rôle important dans la théologie de Théodote. H. P. Cascy, op. cit., p. 18, refuse de voir dans le

nom dont les saines doivent ressentir les bienfaisants etlets un mot de passe ou un charme magique et il a sans doute raison, l.e nom en question est synonyme du Verbe, du Monogène ; mais il faut bien avouer que tout naturellement on liasse de la croyance à l’efficacité d’un nom ; i celle de sa toute puissance. Dans les sacrements i le pain et l’huile BOllt consacrés pat la vertu du nom et ils ne sont pas tels qu’ils appa