Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/484

Cette page n’a pas encore été corrigée
2497
2498
VALENCIA — VALENTIN

science moyenne, s’il fait entier celui-là dans le possible et celle-ci dans la science de simple intelligence, il n’en résout pas moins de façon discrètement efficace et supérieurement souple le problème de l’accord entre providence divine et libre arbitre créé. C’est là son originalité, tout à l’opposé de ce qu’il tenait pour systématisation risquée. Ainsi que l’a noté E. Vansteenberghe, ici même, t. x, col. 21 CO, Valencia « déclara, dès le début » des congrégations De auxiliis présidées par Clément VIII, qu’il voulait défendre la doctrine de Molina « non comme la plus probable en tout, mais seulement comme étrangère à toute erreur pélagienne ou semi-pélagienne ». Serry, Historiée congregalionum de auxiliis divime gratiæ libri quinque, t. III, c. x, col. 331.

Un classement des écrits de Valencia a été présenté au début de cet article, d’après la liste de Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 388-400, t. XI, col. 1940, n. 1-14 ; le P. W. Hentrich, Gregor von Valencia und der Molinismus, p. 159-160 pour les inédits et p. 9295, 96-99, 71-87, 103-110 pour les autres ; les données fournies par L. de Meyer dans l’Histoire des controverses De auxiliis ; enfin, d’après les informations ou les appréciations tirées des Commentaires théologiques du théologien jésuite.

A défaut d’une étude d’ensemble, travaux d’approche du P. Hentricli : Gregor non Valencia und der Molinismus, cahiers 4 et 5 du t. n de Philosophie un l Grenzuiissenschaften, Inspruck, 1928 ; War Gregor von Valencia prdmolinisi ? dans Scholastik, 1929, p. 103-106 ; Gregor von Valencia und die Erneuerung der deutschen Scholastik im 16. Iabrhundert, t. i de Philosophia perennis, Ratisbonne, 1930.

J. Jansen, L’Allemagne et la Réforme, trad. E. Paris, t. v, Paris, 1899 ; M. de la Taille, Myslerium fidei, Paris, 1921 ; M. Lepin, L’idée du sacrifice de la messe depuis l’origine jusqu’à nos jours, p. 390, 392, Paris, 1920 ; E. Le Roy, Introduction à l’étude du problème religieux, Paris, 1944 ; Ch. de Moré-Pontgibaud, Sur l’analogie des noms divins, dans Recherches de science religieuse, 1930, p. 206-209 ; E. Le Roy, Le problème île Dieu et Dogme et critique, Paris 1930 et 1907 ; M. de la Taille, Sur iliverscs classifications de la science moyenne, dans Recherches de se. relig., 1923 ; X.-M. Le Rachck’t, Prédestination et grâce efficace, t. i, Louvain, 1931 ; L. Robin, Sur la itotion d’individu chez Aristote, dans Revue des sciences philosophiques et théologiques, 1931 ; A. Ilaycn, L’intentionnel dans la philosophie de saint Thomas, Rruxelles, 1942 ;.1. Wébert, Réflexion sur la psychologie de saint Thomas, t. i des Mélanges Mandonnet, Paris, 1930 ; P ». Romeyer, Suint Thomas et notre connaissance de l’esprit humain, dans Archives de Philosophie, t. ii, cahier 2, Paris, 1928 et 1932 ; M. Rlondel,

La philosophie et l’esprit chrétien, Paris, 1914 ; Gregorianum,

Home, 1912 ; P. (initier, L’unité du Christ, Paris ; P. Dllmonl. Liberté et concours divin d’après Saurez, Paris, 1936.

R. Romeyer.


1. VALENTIN, pape, août-septembre 827. — Élevé aux premiers ordres par le pape Pascal et introduit par lui au « patriarchium », il était finalement devenu archidiacre, charge qu’il conserva sous le pape Eugène II. À la mort de ce dernier, une élection que le Liber pontificalis déclare unanime le porta au souverain pontificat. Il ne fil que passer sur la chaire de Pierre. D’après le Liber, il aurait siégé quarante jours ; d’après les Annales d’Éginhard, ad an. 827, moins d’un mois. On n’a conservé le souvenir d’aucun acte important qui serait émané de lui.

L. Duchesne, Le Liber pontificalis, t. ii, p. 71-72 ; Jaffé, Regesta pontificum Romanorum, t. i, p. 322.

É. Amann.


2. VALENTIN, gnostique du w siècle, fondateur d’un système répandu et diversi fié à l’envi.
I. Vie et écrits. II. Doctrine. III. Disciples.

I. Vie et écrits.

Tous les anciens hérésiologues s’accordent à faire de Valentin un des personnages les pins importants du gnosticisme. Ils lui consacrent de longues notices et de plus longues réfutations.

Cependant, nous connaissons très mal sa vie et sa doctrine authentique, car il a vécu et enseigné d’assez bonne heure dans le iie siècle et ses disciples n’ont pas tardé à modifier dans les sens les plus divers ses enseignements. La plupart des données que nous possédons sur lui remontent à des documents relativement récents, dans lesquels les théories du maître sont déjà plus ou moins modifiées, transformées sous des influences diverses, et les historiens ne sont pas toujours d’accord sur la valeur et la signification qu’il convient d’attribuer aux pièces conservées.

Valentin est originaire de l’Egypte, Épiphane, Hseres., xxxi, 2, 3, et a fait ses études à Alexandrie. Selon saint Hippolyte, Philosoph., t. VI, 21, sa doctrine trouve son fondement dans celle de Platon et dePythagore ; et Tertullien, De carne Christi, 20, l’appelle Plalonicus Valenlinus. De præscript., xxx, il lui donne le nom de Platonicæ ( doclrimv) sectalor. De fait, il est vraisemblable que, comme tous les hommes cultivés de son époque, Valentin ait subi l’influence de Platon, voire qu’il ait lu quelques-uns de ses Dialogues. II est également possible, comme le veut Hippolyte, qu’il n’ait pas entièrement ignoré les spéculations pythagoriciennes sur les nombres. Mais il y a loin de là à le regarder comme un platonicien et un pythagoricien conscient et à faire de son système une adaptation chrétienne de la philosophie profane. Hippolyte se plaît à rattacher arbitrairement les dogmes des hérétiques aux théories des philosophes païens ; il fait beaucoup d’honneur à Valentin en le traitant comme un disciple de Platon. Valentin aurait commencé à enseigner à Alexandrie. Il serait ensuite venu à Rome sous le pontificat de saint Hygin (136-140), Irénée, Cont. hær., III, iv, 3, P. G., t. vii, col. 856. en même temps que Cerdon, le maître de Marcion, et il aurait pris de l’influence sous le pontificat de Pie (140-155). Saint Irénée et Eusèbe ajoutent qu’il aurait vécu, à Rome, semble-t-il, jusqu’au temps d’Anicet (vers 155-166). Tertullien, De præscript., xxxii, 2, après avoir dit que Marcion et lui exercèrent leur activité sous le règne d’Antonin (138-161) prétend que les deux hérétiques « crurent d’abord à la doctrine catholique dans l’Église romaine, sous l’épiscopat du bienheureux Éleuthère, jusqu’au jour où leur curiosité toujours inquiète, par où ils corrompaient leurs frères mêmes, les en fil expulser par deux fois ». Il est certain que la chronologie de Tertullien est ici terriblement embrouillée, car Éleuthère occupa le siège de Rome entre 17 1 cl 189. On a cherché à résoudre la difficulté en supposant que, déjà quelques années avant son épiscopat, Eleuthère avait joué, à titre de diacre, un rôle important dans la communauté romaine. Celle échappatoire est manifestement insuffisante, car Tertullien entend bien parler de l’épiscopat d’Éleuthère. Mais, si récent que soit cet épiscopat au moment où il rédige le De præscriptione, il n’en connaît déjà plus les dates, de sorte que son témoignage est sans autorité. Autant faut il dire, semble-t-il, de la tradition rapportée par Épiphane, Hæres., xxxi, 7. 2, P. G., I. i, i. col. 185, selon laquelle Valentin, après avoir quitté Rome, se serait retiré en Chypre et y serait mort laissant après lui de nombreux disciples. Il n’est pas invraisemblable qu’il y ait eu des valent iniens à Chj pre, ce qu’atteste encore la Vitot Epiphanii, 59 et 64, ibid., col. 100, 103 ; mais nous ne saurions croire, contre le témoignage de saint Irénée, que Valentin a quitté Rome avant sa mort. Comme on le it. nos données sur l’activité de Valentin sont aussi réduites que possible. Ajoutons, pour être complet, que, suivant Clément d’Alexandrie, StromaL, VII, xvii, t. ix, col. 549, Valentin aurait été le disciple d’un certain Théodas ou TbeudaS, qui se donnait lui-même Comme le disciple