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VALENCIA. DOCTRINES, LES ANGES’2482

participe néanmoins, pour sa part infime, de Dieu vérité infinie et bien plénier. Car elle contribue, avec la forme, à constituer l’être matériel. Ibid., punct. 3, col. 944.

Suivant de près saint Thomas, Valencia ne précise tout à fait le mode de production des êtres qu’après avoir établi la causalité première de Dieu. Cette causalité est créatrice. Elle ne produit pas l’être substantiel en le tirant de l’original divin ou d’un fonds donné, mais à partir de rien : nullo præsupposito, non ex aliquo. Elle le produit, toutefois, sur le modèle divin et en faisant de Dieu sa fin dernière. Aussi bien, considérée dans son principe actif, la création est-elle Dieu même donnant l’être en pleines lumière et liberté de l’esprit ; et, dans son résultat, elle est cette relation de foncière dépendance qui rattache la créature au Créateur. Ibid., col. 950-953. L’action créatrice reflète Dieu tel qu’il est, un et trine : par manière de simple vestige ou par manière d’image, selon qu’elle donne un être sans raison ou un être raisonnable. Car Dieu crée selon qu’il est Père, Fils, Esprit. Ibid., punct. 3, col. 954-957.

Que créer soit le propre de Dieu, ce qui précède l’implique. Produire par pur vouloir libre un être pensé de façon exhaustive comme imitation de l’essence divine, causer en cause absolument universelle cet effet universel au maximum qu’est le tout du causé, n’appartiennent qu’à Dieu. Ce sont là des raisons solides, que Valencia présente sans insister. Puis il se demande si Dieu ne pourrait pas se substituer pour créer, soit une créature surnaturellement agrandie, soit une créature naturellement destinée à cet agir. Avec saint Thomas, il répond par la négative, déniant toute possibilité de pouvoir créateur principal ou instrumental à n’importe quel être créé.

Les créatures purement spirituelles.

, Au sujet des anges, créatures supérieures aux corps et aux esprits incarnés, Grégoire de Valencia s’interroge d’abord sur l’essence intime de l’ange. Ibid., disp. IV, (j. i, punct. 1-4, col. 1011-1033. Rien de caractéristique ici, sauf la position adoptée sur quelques points controversés dans l’École.

1. Problème de l’indiuiduation anyélique.

Le premier discuté se rapporte au problème de l’individuation angélique. Avec saint Thomas, des thomistes tiennent qu’une pluralité d’individus angéliques dans une même espèce est impossible. Ils tirent cette conception d’Aristote attribuant à la seule matière la propriété de multiplier individuellement les formes substantielles au sein d’une espèce. Les anges étant conçus comme des formes sans matière épuisent chacun son type idéal. Mais, déclare rondement Valencia, en dehors de l’école thomiste surtout, plus commune est la thèse qui tient pour possible la pluralité individuelle des anges dans une seule espèce, lue raison philosophique très forte l’appuie. Car il J a nécessairement place, en dehors et au-dessous de la perfection spécifique, pour une perfection Complémentaire de niveau individuel. Nier cette affirmation, sans laisser pour autant d’accorder aux êtres matériels une valeur qualitative concrète serait. Semble-t-U, se contredire. Dès lors, puisqu’on ne

veut ni ne peut leur dénier cette valeur Individuelle originale, comment se dispenser d’en chercher l’origine foncière dans un archétype complémentaire de la perfection spéi i (ique -et qui permette de la réaliser en plusieurs individus se ressemblant comme des frères ? Telle est l’argumentation de Valencia. Volontiers, nous en soulignerions ici la valeur spéculative, la modernité el ce caractère de franc bon sens qui la

térise. S’évertuer à faire de la seule matière le

principe radical de l’individuation des êtres matériels

n’est-ce pas attenter a la valeur qualitative de l’exis

tentiel ou du concret ? N’est-ce pas, même, se tromper peut-être sur la vraie pensée d’Aristote ?

Quoi qu’il en soit, Valencia tient ferme pour l’opinion plus commune qui admet la pluralité des anges dans une seule espèce et l’attribue à un archétype complémentaire de l’archétype spécifique. Comme saint Bonaventure, il voit en cette opinion la sobriété du bon sens. Et aussi la catholicité théologique. « Car, écrit-il, de l’avis de tous les théologiens, le Verbe divin eût très certainement pu s’unir une nature angélique comme il s’est uni une nature humaine… Mais il est non moins certain, pour les théologiens, que le Verbe divin n’aurait pu assumer hypostatiquement, avec la nature humaine ou angélique, une personnalité humaine ou angélique créée. Contradictoire, en effet, serait la prétention de faire, de la personne du Verbe et d’une personnalité humaine ou angélique, une seule personne. Il est, au surplus, de l’essence de la personne de ne pouvoir être hypostatiquement assumée. Très certainement, donc, la personnalité angélique n’est pas quelque chose d’intrinsèque à l’espèce angélique mais une perfection infra et extra specificam perfeclionem angelicam. Ibid., q. i, punct. 3, col. 1023-1020.

2. Vers un sens précis de la simplicité angélique. — Un autre point controversé dans l’École est celui de la distinction à concevoir, chez l’ange, entre sa substance et ses accidents. Valencia admet, en fait, une distinction réelle : en quoi il est d’accord avec saint Thomas. Toutefois, comme Suarez, il la tient simplement pour plus probable et d’une probabilité de fait plutôt que métaphysique. Non implicat contradiclionem, écrit-il, creaturam aliquam esse tain perfeclum, ut illius subslanlia sil immediatum principium operalionis, ac proinde ut sit potentia. Ibid., q. v, punct. 3, col. 1070. Saint Thomas pose-t-il dans l’absolu sa thèse de la distinction réelle ? Valencia ne le pense pas. Même si l’on accorde à ce maître que l’acte d’exister achève l’essence de l’ange, rien ne s’ensuit en ce qui regarde la distinction entre l’actefaculté et sa substance. Il resterait, en effet, à démontrer qu’il s’agit d’achèvement physique. Or, tout ce qu’implique la contingence des créatures c’est qu’elles n’existent pas a se, qu’entre leur essence et leur existence, il y a au moins distinction métaphysique. Ibid., col. 1070-1071. Passant des facultés aux actes, Valencia, ici encore, n’admet qu’en théologien la thèse thomiste d’une distinction réelle entre eux et la substance concrète. Car les preuves philosophiques alléguées, si elles requièrent nettement composition métaphysique et, par suite, infériorité d’ordre relativement à la simplicité de Dieu, ne paraissent pas exiger ou révéler une composition physique, l.e problème controversé ici sera d’ailleurs repris et poussé à propos de l’âme humaine. Ibid., col. 1073-1075.

3. Points controversés sur la connaissance angélique.

— Avec Denys et saint Thomas, G. de Valencia enseigne que l’ange ne connaîl pus toutes choses dans et par sa propre substance, avant besoin, comme nous, de déterminants intelligibles, il admet donc la théorie thomiste des espèces innées.

Quant aux réalités immatérielles, Valencia distingue, pour l’ange : soi. autrui, Dieu. Intelligible en acte par soi, enseigne saint Thomas, l’ange n’a besoin pour se connaître d’aucun déterminant étranger, A ce compte, oppose Duns Scot, notre âme se connai trail aussi elle-même sans l’aide d’aucun déterminant étranger. Or, il n’en est rien. Qu’en pense notre théologien-philosophe ? L’on peut, écrit-il, estimer avec

saint Augustin que notre âme, qui connaît le corporel

par la médiation des sens, se connaît vraiment par elle-même et COnnail par elle-même tout le spirituel.

Comment pourrait elle, sans cette capacité d’auto