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VACANT (ALFRED)

loppement à la conception et à la mise en marche du Dictionnaire de théologie.

Œuvres diverses. — Comme nous l’avons déjà fait remarquer la grande masse des publications d’A. Vacant se trouve dispersée dans des articles de revues ou de dictionnaires. En fait d’écrits publiés séparément et ayant couru leur fortune propre, nous ne voyons à citer que les deux thèses de licence et de doctorat mentionnées ci-dessus ; Le magistère ordinaire de l’Église et ses organes, in-16 de 116 p. (rédigé pour un concours de la faculté de théologie de Lyon et qui obtint le prix), Paris et Lyon, 1887 ; les Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, auxquelles nous nous arrêterons plus longuement, enfin des Études comparées sur la philosophie de saint Thomas d’Aquin et sur celle de Duns Scot, parues d’abord dans les Annales de philosophie chrétienne (1888-1890), réunies en un volume de 207 p., Paris, 1891, qui d’ailleurs, pour des raisons que nous ignorons, n’a pas été mis dans le commerce.

1. Philosophie. — Ce sont les problèmes d’histoire de la philosophie qui ont d’abord retenu l’attention d’A. Vacant. Dès 1881, il donnait dans la Revue des sciences ecclésiastiques, une étude sur Le mouvement et la preuve de l’existence de Dieu par la nécessité d’un premier moteur d’après les docteurs scolastiques. En 1885, dans la même revue : Les versions latines de la Morale à Nicomaque antérieures au xve siècle. A la même veine se rattache la comparaison entre les philosophies de saint Thomas et de Scot signalée plus haut, qu’il faut compléter par une communication faite au congrès scientifique international des catholiques de Fribourg (1897) : D’où vient que Duns Scot ne conçoit pas la volonté comme saint Thomas d’Aquin (reproduite dans Rev. du clergé franç., 15 octobre 1897, p. 289-305). Plus dogmatique une autre communication faite au congrès de Paris (1891) : Part de nos facultés sensitives dans la préparation des concepts et des jugements de notre entendement (Congrès, 3e sect. : sciences philosophiques, p. 176-185). De plus d’envergure sont les articles donnés au Dictionnaire apologétique de Jaugey sur Dieu, l’âme, la liberté, la vie future, les fondements de la morale, le miracle, etc. En définitive, néanmoins, dans toutes ces productions, A. Vacard n’a guère dépassé le niveau d’une honnête et très claire vulgarisation… Il voyait nettement les problèmes posés, discutait avec précision les solutions apportées de part et d’autre, mais évitait le plus ordinairement de conclure ou de donner une réponse personnelle. Il est heureux que son enseignement théologique l’ait amené à soulever d’autres questions.

2. Érudition ecclésiastique. — A plusieurs reprises la curiosité d’A. Vacant fut attirée par quelques menus problèmes que nous ne ferons que signaler. En 1882, il donne à la Revue des sciences ecclésiastiques des Notes sur de prétendus ouvrages inédits de Bossuet conservés au monastère de la Visitation de Nancy ; dans la même revue il s’attaquait, en 1890, à un problème d’histoire ecclésiastique autrement intéressant : Renseignements inédits sur l’auteur du problème ecclésiastique publié en 1698 contre M. de Noailles archevêque de Paris (sur ce « problème » voir ici t. xi, col. 679). Avec beaucoup de sûreté, A. Vacant indiquait comme auteur de ce pamphlet, qui passionna l’opinion ecclésiastique aux dernières années du xviie siècle, le bénédictin dom Hilarion Monnier ; cf. ici t. x, col. 2216. Le travail sur La bibliothèque du grand séminaire de Nancy, qui fournit un catalogue raisonné des manuscrits et incunables de ce dépôt, parut en grande partie dans les Annales de l’Est, 1897. Chargé depuis 1890 de la conservation de ce dépôt, qui avait une certaine importance, A. Vacant ne s’était pas contenté d’en faire un instrument de travail très au point, il tenait à se rendre compte des richesses dont il avait la garde et à mettre celles-ci à la disposition du public lettré.

3. Théologie fondamentale. — Une partie des articles donnés au Dictionnaire apologétique de Jaugey — nous en avons énuméré quelques-uns ci-dessus — rentrent tout aussi bien dans la théologie fondamentale que dans la philosophie. C’est au même domaine que se rattache l’étude sur le magistère ordinaire de l’Église signalée plus haut, elle touche à un point qui sera repris avec beaucoup plus d’ampleur dans les Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican d’après le texte du concile. Rédigées d’abord pour le Prêtre, revue fondée en 1890 par l’abbé Jaugey, ces études réunies, revues et complétées finirent, par donner deux gros volumes in-8° de 734 et 569 p., Paris, 1895. Ces deux volumes ne traitaient que de la constitution Dei Filius. La deuxième constitution dogmatique du Vatican, Pastor æternus, aurait dû être traité de la même manière ; le début seul en fut commenté dans la même revue.

Les Études théologiques sur la constitution Dei Filius forment l’œuvre maîtresse d’A. Vacant avant le Dictionnaire de théologie ; se sont elles surtout qui ont fondé sa réputation de théologien solide, également éloigné de la tentation de majorer les doctrines officielles et de celle de les minimiser. Depuis la publication de la constitution Dei Filius, on avait fait bien peu pour en faire comprendre la portée. Aussi bien l’attention du grand public et même des théologiens avait-elle été plutôt accaparée par la constitution Pastor æternus relative au rôle du pape dans l’Église. Pourtant les enseignements officiels du concile sur Dieu, la création, la révélation et ses sources, la foi considérée soit en elle-même soit dans ses rapports avec la raison renouvelaient en grande partie les problèmes généraux de la théologie fondamentale. Il était urgent de préciser la position adoptée par l’Église devant une foule de questions posées à une époque toute récente ; autour de plusieurs d’entre elles, l’émoi ne s’était pas encore définitivement calmé. Il importait de « dire le droit » sur tous ces points et non pas en polémiste qui prend à partie des opinions adverses et cherche avant tout à avoir raison, mais en juriste qui pèse très exactement le sens des décisions prises par l’Église après mûre délibération. Il s’agissait d’abord de pénétrer la pensée des Pères ; après seulement il serait loisible « d’examiner si leurs définitions et leurs déclarations n’entraînent point des conséquences qu’ils n’ont pas formulées. Les conclusions de cet examen, continuait Vacant, seront presque toujours négatives ; nous suivrons bien rarement des théologiens contemporains qui ont essayé de trancher les controverses d’école par les principes que les Pères ont promulgués contre les rationalistes ». T. i, p. 45.

Pour cette exégèse des textes conciliaires, A. Vacant ne disposait malheureusement pas encore de l’admirable édition du concile publiée depuis par Mgr Petit. Voir ci-dessous art. Vatican (Concile du), bibliographie. Il en était réduit aux pièces assez capricieusement éditées par Granderath, au t. vii de la Collectio Lacensis. Ce recueil lui donnait bien, encore que dispersés à plaisir, les principaux travaux des commissions (députations) conciliaires. Il ne lui fournissait pas les discours prononcés par les membres du concile dans les « congrégations générales », discours qui seuls expliquent la portée de certains amendements, retenus ou repoussés par la députation de la foi. De ce chef l’exposition d’A. Vacant risque de prendre, à de certains moments, un caractère un peu trop officiel et ne rend pas suffisamment compte de la liberté