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UTRECHT (EGLISE I)'). SITUATION ACTUELLE


années, travailla très activement à l’union de ces Églises ; ses nombreux articles, publiés dans la Revue internationale de théologie ont été réunis par sa sœur, Mme Olga Novicoff, dans un ouvrage publié à Berne en 1914, sous le titre : Le général Alexandre Kirie/J, membre honoraire de l’académie ecclésiastique de Moscou, et l’ancien-catholicisme, Berne, 1914, in-8°. L’anciencatholicisme doit être le lien providentiel qui ramènera l’Occident à la véritable Église et l’unira à l’Orient. Kiriefï étudie l'Église d’Utrecht et s’applique à justifier sa position. Rome lui a fait une guerre acharnée non point pour des questions dogmatiques, mais à cause des intrigues des jésuites, qui ont pris ombrage de la petite mais brave Église d’Utrecht. Clément XI fut le jouet et Louis XIV fut l’instrument des jésuites. Les évêques d’Utrecht, légitimes, ont sacré les évêques des anciens-catholiques et ainsi tout l'épiscopat de ces Églises est légitime. D’autre part, entre les anciens catholiques et les orthodoxes, il n’y a aucune divergence dogmatique, pourvu qu’on distingue les dogmes proprement dits et les opinions théologiques et cet accord sur les dogmes est nécessaire pour une union, car « malgré tout le désir qu’on pourrait avoir de réunir des Églises, on ne saurait acheter cette union au prix du sacrifice du dogme, puisque le dogme, c’est la vérité et la vérité est au-dessus de nous ».

La Société des amis de l’instruction religieuse organisée à Saint-Pétersbourg, en 1872, pour défendre l’orthodoxie à l'étranger, se mit en relation avec les anciens-catholiques et nomma une commission : l’accord fut complet pour le dogme ; puis la commission signala quelques points discutés : le Filioque du Credo, l’immaculée-conception, la doctrine relative à l'état des âmes après la mort et les indulgences. Le Filioque, introduit d’une manière illégale, ne doit être admis qu'à titre d’opinion privée non obligatoire. Rev. intern., t. i, 1893, p. 329-442 et ouv. cité, p. 4-17.

D’ailleurs, dans l’union projetée des Églises, il n'était pas question d’absorber l'Église anciennecatholique. « Ce serait lui enlever son autonomie, son caractère, tous ses droits, toute son individualité, en un mot, répéter ce que l'Église de Rome a fait avec les Églises autonomes d’Occident, dans les Gaules, en Italie, et ce qu’elle voulait faire en Orient et ce qu’elle n’est pas parvenu à faire avec la petite mais brave Église d’Utrecht. » Ce que nous voulons, « c’est la réunion des Églises, la reconstitution de l'Église primitive, indivisée et universelle, composée d'Églises particulières, autocéphales et professant une doctrine dogmatique une (in necessariis unitas) tout en étant parfaitement libres dans leurs opinions théologiques, qui toutefois ne doivent pas être contraires au dogme, libres dans leur organisation, pourvu qu’elles maintiennent les trois degrés du sacerdoce, libres dans leurs rites extérieurs… » (Ibid.).

La commission ancienne-catholique de Rotterdam, dans sa réponse à la lettre de la commission de SaintPétersbourg du 11-23 août 1897, précisa les conditions de l’union des Églises, après les accords des théologiens aux conférences de Bonn de 1874 et 1875 : l’union doit se faire dans la foi de l’ancienne Église indivisée et cette déclaration fut, à maintes reprises, renouvelée dans les congrès internationaux. L'Église universelle n’est point l'Église de Rome, surtout après la proclamation de l’infaillibilité pontificale ; elle est formée de toutes les Églises autocéphales, indépendantes, qui maintiennent l’enseignement de l'Église ancienne, non encore désunie par le grand schisme. Quelque petite qu’elle soit, une Église nationale fait partie de cette Église universelle, tant qu’elle enseigne la doctrine de l'Église primitive ; les Églises orthodoxes orientales et les Églises anciennes-catholiques occidentales font partie de cette Église universelle, dont

le Chef suprême est le Sauveur lui-même, car ces Églises n’ont pas besoin d’un prétendu vicaire du Sauveur et elles ne dépendent que des conciles œcuméniques, qui, seuls, ont autorité pour proclamer la vérité divine d’une manière infaillible. Rev. intern., t. xii, 1904, p. 591-604, et op. cit., p. 188-200.

Cette Église universelle est représentée par les quinze Églises autocéphales d’Orient et par les cinq Églises autocéphales d’Occident, à savoir : les Églises anciennes-catholiques de Hollande, d’Allemagne, de Suisse, d’Autriche et d’Amérique. Kiriefï, au congrès d’Olten, en 1904, prit la défense de l'Église anciennecatholique, que certains avaient accusé de construire sa doctrine avec des matériaux appartenant à l'Église qu’elle a abandonnée. Rev. intern., t. xiii, 1905, p. 413-415, et op. cit., p. 200-202.

Après le sixième congrès international d’Olten, en 1904, l'Église russe prépara un concile : au printemps de 1906, une commission fut nommée pour étudier les questions qui y seraient proposées. La commission comptait 3 métropolitains, 5 archevêques, 2 évêques, le procureur du Saint-Synode et son adjoint, 15 prêtres, 20 professeurs des académies et universités et 8 laïques connus par l’intérêt qu’ils prenaient aux questions religieuses et par leur science théologique ; parmi ces derniers se trouvaient Svetlof et le général Kiriefï. Ce dernier, en deux articles publiés par la Revue internationale, t. xiv, 1906, p. 301303 et 691-698, et op. cit., p. 202-212, a donné des renseignements précieux qui font connaître la position de l'Église russe, pour la réunion des Églises orientales avec les anciens-catholiques d’Occident.

Cependant le concile prévu et projeté fut différé : une tourmente politique empêcha la convocation du concile, mais en janvier 1908, Kiriefï écrivait qu’il serait probablement convoqué au cours de l’hiver. Il y avait, disait-il, « bien des coutumes surannées à faire disparaître », mais les deux grandes questions qu’il fallait d’abord résoudre étaient le rétablissement du patriarcat et l’union avec les anciens-catholiques. Cette dernière question amenait Kiriefï à faire diverses considérations sur la réponse de la commission de Rotterdam à la commission orthodoxe de SaintPétersbourg. Rev. intern., t. xvi, 1908, p. 649-658, et op. cit., p. 235-244.

Il n’y a pas d’accord possible avec l'Église romaine, qui veut imposer ses croyances actuelles, ni avec les Orientaux ultramontains qui se rattachent à Rome, ni avec les Églises protestantes, qui n’ont aucune croyance déterminée, mais un accord est possible avec la Haute-Église d’Angleterre. Il est surtout possible avec les anciens-catholiques, qui, seuls, peuvent sauver l'Église d’Occident et qui ont les mêmes croyances que les Orientaux. Le catéchisme d’LTtrecht définit l'Église : « une société dans laquelle les fidèles sont réunis par la profession d’une même foi et composent tous ensemble un même corps dont le Christ est le Chef et chaque fidèle un membre ». Un orthodoxe peut parfaitement adopter cette définition, car pour lui, l'Église « est une société humaine, fondée par Dieu, réunissant ses membres par la foi orthodoxe, la loi divine, le sacerdoce et les sacrements ». Ces Églises peuvent être autocéphales, avoir des rites différents, des liturgies distinctes, des hiérarchies indépendantes et cependant ne former qu’une seule Église catholique, pourvu que le dogme qu’elles enseignent soit un. Lettre à un savant catholique romain, 1893, publié dans Le général Alexandre Kirieff, p. 251-329.

Mais quelques orthodoxes étaient plus intransigeants, ceux de l'école « ultramontanisante ». Parmi eux, Rhossis, Goussef et surtout Mgr Serge, évêque de Yambourg ; ils prétendaient que les anciens-catholi-