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UTRECHT (ÉGLISE D'). SITUATION ACTUELLE


présidence de Jean Thicl, alors supérieur du séminaire d’Amersfoort. Des discours importants sur l’union des Églises furent prononcés par Thiel, par le Russe Yanscheffe et le Suisse Weber. Revue internationale de théologie de 1895, t. ni. p. 797-826.

I.e quatrième congrès, cjui se tint à Vienne (.'il août2 septembre 1.S97) et' auquel assistaient Gui et van Thiel. constata l'échec de toutes les tentatives d’union avec Rome et souligna les dangers de l’ultramontanisme avec la nécessité urgente de défendre les droits des Églises nationales. On encouragea les Tchèques et les Slaves de Bohême à fonder des Églises nationales, indépendantes de Rome et on réprouva la condamnation de la philosophie de Gunther par Pie IX. Revue internationale, t. vi, 1898, p. 219-220. Quelques jours après la clôture du congrès, le 24 septembre 1897, Gui, Herzog, Spit et Weber adressèrent une lettre collective aux prêtres et aux fidèles des Églises anciennescatholiques, unies par la conférence d’Utrecht, pour leur annoncer la constitution, aux États-Unis, d’un diocèse ancien-catholique, parmi les Polonais, sous le titre de diocèse de Chicago. Antoine-Stanislas Kozlowski fut consacré évêque de ce diocèse, le 21 novembre 1897, par Herzog, assisté de Spit et de Weber. D’autre part, les trois évêques hollandais, en 1900, adressèrent aux Églises anciennes-catholiques une lettre pastorale pour rappeler l’origine et l’utilité du carême.

Le cinquième congrès réuni à Bonn (5-8 août 1902) n’aborda aucune question brûlante et se contenta de souhaiter l’union des Églises. Après ce congrès, les contacts entre l'Église d’Utrecht, les vieux-catholiques et les orthodoxes d’Orient devinrent plus fréquents et provoquèrent des discussions plus vives dont on trouve les échos dans la Revue internationale de 1903 et 1904 : quelques orthodoxes reprochant aux vieux-catholiques d’avoir adhéré à l’erreur jusqu’en 1870, c’est-à-dire, jusqu’au moment où ils se séparèrent formellement de Rome. Par conséquent, jusqu'à cette date, seule, l'Église d’Orient avait gardé intact le dépôt de la foi.

Le sixième congrès tenu à Olten (l er -4 septembre 1904) ne provoqua qu’un petit incident liturgique : Mgr Brant, évêque de l'Église épiscopalienne d’Amérique, assista au chœur, avec les ornements épiscopaux. Le septième congrès, à La Haye (3-5 septembre 1907) adressa un appel pressant aux catholiques libéraux, restés attachés à l'Église romaine, « qui croient encore à la chimère d’une réforme favorable au sein de l'Église catholique, avec le concours et sous la juridiction du pape. Le nouveau Syllabus, l’encyclique Paseendi, devraient les éclairer. Il faut agir de l’extérieur et organiser, malgré la hiérarchie, qui est aveugle, une action religieuse active ». Revue internationale, t. xv, 1907, p. 714-716. L'évêque polonais, Kozlowski étant mort le 14 janvier 1907, le congrès approuva l'élection de son successeur, François Hodur, qui vint au congrès et fut sacré le 29 septembre 1907, par l’archevêque d’Utrecht, Gui, assisté de Spit et de van Thiel.

Le huitième congrès, à "Vienne (8-10 septembre 1909), adpota la motion proposée par Herzog : les prêtres, qui auraient fait leurs études dans des institutions catholiques romaines, ne pourraient recevoir un poste de curé qu’après avoir fait de nouvelles études dans des institutions des vieux-catholiques. Rev. intern., t. xviii, 1910, p. 170-173. À ce congrès, fut scellée l’union des 200 000 mariavites de Pologne avec les anciens-catholiques, grâce à l’intervention du général Alexandre Kirief. Le chef des mariavites, Kowelsky, fut sacré à Utrecht, le 4 octobre 1909, par l’archevêque Gui. Les Églises d’Utrecht, d’Allemagne, de Suisse, d’Amérique et de Pologne, déjà

groupées, doivent travailler à gagner les Églises orthodoxes russes et grecques et elles renoncent à tenter une union avec l'Église de Rome, dont elles s'éloignent de plus en plus.

Le neuvième congrès, à Cologne (9-12 septembre 1913) réunit un grand nombre de représentants de diverses Églises anciennes-catholiques et même quelques anglicans, Rev. intern., t. xxi. 1913, p. 133-584 ; de même, le dixième congrès tenu a Berne (2-4 septembre 1925), mais ils n’abordèrent aucune question importante, lieu, intern., t. xxxiii, 1925, p. 193-282.

Le onzième congrès se tint à Utrecht (13-16 août 1928), reçut des anglicans, des orthodoxes russes, serbes, bulgares, grecs. On y proclama l'égalité de toutes les Églises nationales, mais avec un primatus amoris pour l'Église d’Utrecht, qui, pendant des siècles, donna l’exemple d’un al lâchement courageux aux traditions et qui est venue en aide à tous ceux qui ont lutté pour le maintien de leur catholicisme ». On fit l'éloge de Van Espen, que le congrès voulut célébrer, à l’occasion du second centenaire de sa mort, arrivée en 1727.

Le douzième congrès, tenu à Vienne (8-10 septembre 1931) et le treizième tenu à Constance (30 août-3 septembre 1934), virent réunis, avec les évêques hollandais, beaucoup moins de représentants des Églises étrangères ; les membres des Églises de Suisse et d’Allemagne étaient les plus nombreux. Rev. intern., 1931, p. 193-316 et 1934, p. 209-330.

Le quatorzième congrès, à Zurich (25-29 août 1938), réunit, autour des Hollandais, un évêque tchécoslovaque, l’exarque du patriarcat œcuménique de Constantinople, quelques évêques orientaux et R.-G. Parsons, évêque de Southwark, suffragant de l’archevêque de Cantorbéry ; mais aucune question importante n’y fut abordée. Rev. intern., 1938, p. 193330.

De ces quatorze congrès, auxquels l'Église d’Utrecht a prêté son concours, il ne semble pas qu’elle ait beaucoup profité pour son développement doctrinal et son expansion dans le monde.


XVIII. Relation de l'Église d’Utrecht avec les diverses Eglises et son état actuel.

Depuis le début du xxe siècle, l'Église d’Utrecht a abandonné de nombreuses traditions qui la rapprochaient de l'Église catholique romaine : maintenant la langue vulgaire est la langue de la liturgie, l’obligation d’assister à la messe le dimanche est abolie pratiquement ; la confession pascale est libre et la communion est distribuée sous les deux espèces, à la demande des fidèles ; enfin un synode, auquel les femmes sont éligibles comme les hommes, donne aux laïques le droit de participer activement au gouvernement de l'Église.

Tous ces changements sont récents et ils ont été introduits, sous prétexte de retourner à l’antiquité chrétienne, mais, en réalité, sous l’influence du protestantisme qui inspire beaucoup de ceux avec lesquels l'Église d’Utrecht a tenté de faire alliance ; elle a fait des concessions qui ne paraissent lui avoir procuré aucun avantage, car elle semble de plus en plus absorbée par ceux qui viennent à elle.

Après le concile du Vatican, les amis île Dôllinger parurent lui mener de nouveaux fidèles et, dans un article enthousiaste de la Revue des Deu.v-Mondes du 15 mai 1871, p. 304-331, Albert Réville annonçait que cette petite Église des Pays-Bas allait » jouer un rôle éminemment libérateur au sein du catholicisme. Il fondait ses espoirs sur des raisons historiques, juridiques et théologiques. « Nul ne peut songer où s’arrêtera ce mouvement », écrivait-il, et il espérait qu’on pourrait dire de cette Église ce qu’un prophète juif disait un jour de Bethléem : « Tu es la plus petite