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2433 UTRECHT (ÉGLISE D'). LES « CONGRÈS INTERNATIONAUX

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XVII. La conférence d’Utrecht et les congrès internationaux. —

Depuis que les vieux-catholiques, pour avoir un épiscopat, avaient fait appel à l'Église d’Utrecht, celle-ci était entraînée dans un mouvement irrésistible par ses alliés, plus hardis et plus actifs : on y a sensiblement modifié quelques points de la discipline que l’on avait jusque-là conservés ; d’ailleurs les évêques hollandais savent que, si le dogme est immuable, la discipline peut changer, pour des raisons graves ; et c’est pourquoi ils n’avaient pas été choqués de ces innovations, dont quelquesunes avaient été assez vite adoptées. Ces changements n'étaient donc pas un obstacle à l’union, qui doit conserver l’unité dans les choses nécessaires, mais admettre la variété dans les choses douteuses et la charité en tout et pour tout.

En 1889, l’archevêque d’Utrecht, Heykamp, convoqua à Utrecht, pour une conférence, ses deux suffragants de Deventer et d’Haarlem et les deux évêques vieux-catholiques, Reinkens et Herzog, avec les principaux théologiens des deux partis.

Cette conférence se tint le 24 septembre 1889, sous la présidence de l’archevêque d’Utrecht ; elle avait pour but de constater et de sceller l’union des Églises d’Utrecht avec les Églises vieilles-catholiques de Suisse et d’Allemagne ; elle décida que des « congrès internationaux » auraient lieu de temps à autre ; désormais, la communion ecclésiastique serait pleine et entière, de sorte que le clergé d’un diocèse pourrait passer dans un autre et les évêques ne pourraient conclure d’accords avec d’autres, sans en avoir d’abord conféré avec leurs confrères. Les prélats réunis rédigèrent une proclamation collective à l'Église universelle, pour résumer les principes religieux, qui, disent-ils, « nous ont servi et nous serviront toujours dans notre ligne de conduite : 1° Nous avons tenu fermement à ce dogme vieux-catholique que Vincent de Lérins a exprimé en ces termes : id teneamus quod u bique., quod semper, quod ab omnibus creditum est ; hoc est enim vere proprieque catholicum. Nous persistons dans la foi de l'Église primitive, telle que les symboles l’expriment et telle qu’elle fut énoncée dans les dogmes reconnus par les synodes œcuméniques des premiers siècles. — 2° Nous repoussons les décrets du Vatican, promulgués le 18 juillet 1870, sur l’infaillibilité et l'épiscopat universel. Ces décrets qui proclament l’omnipotence spirituelle du pape de Rome sont en contradiction flagrante avec les croyances de l'Église primitive et bouleversent l’ancienne constitution canonique. Cela ne nous empêche pas de reconnaître la primauté historique, titre que plusieurs conciles oecuméniques et des Pères ont décerné à l'évoque de Home, lorsqu’ils l’appellent, avec l’asgentiment de l'Église entière, primas inter pures..i" Nous rejetons aussi le dogme de l’immaculée-conception, établi depuis 1854, par le pape l’ie IX, au mépris des s ; i j ti t es Écritures, et contrairement à la tradition des premiers siècles. — 4° Nous répudions encore toutes les doctrines romaines récentes. 1rs bulles Unigenitus, Auctorem fidei, le Syllabus de 1864, etc., en tard qu’elles dérogent au dogme de l'Église primitive. Nous ne les reconnaissons pas Comme règles de conduite. Nous renouvelons, en outre, toutes les anciennes protestations de l'Église catholique de Hollande contre Home. 5° Nous réfutons les décrets du concile de Trente en matière de discipline et nous n' acceptons les autres que s’ils sont en harmonie avec la doctrine de l'Église primitive. — Considérant que l’eucharistie est la base fondamentale de l’office divin, notre devoir est de déclarer que nous prenons, sous les espèces du pain et du viii, le corps et le sang de Jésus-Christ et que nous voulons conserver aussi fidèlement et intégralement la pure

croyance catholique sur ce sacrement. La célébration eucharistique dans l'Église n’est point une répétition continuelle, un renouvellement du sacrifice expiatoire que Jésus-Christ a offert sur la croix. Non, ce sacrifice a été accompli une fois pour toutes. Le caractère de la cérémonie réside avant tout dans la mémoire du sacrifice qu’elle perpétue. C’est une représentation terrestre et tangible du sacrifice que JésusChrist continue de faire au ciel pour le salut du genre humain, alors qu’il comparaît pour nous devant la face de son Père. Telle est notre conception du sacrifice de l’eucharistie relativement à l’immolation piaculaire de Jésus. — 7° Nous espérons qu’en se tenant fermes aux croyances de l'Église primitive, les chrétiens réussiront à provoquer une entente sur les controverses qui ont amené les schismes. --8° C’est par notre inébranlable attachement au dogme de Jésus-Christ, par notre refus de souscrire aux erreurs qu’y a introduites la spéculation humaine, par notre résistance aux abus religieux et aux ambitions cléricales que nous croyons pouvoir réagir le plus efficacement contre les deux grands maux de l'époque : l’incrédulité et l’indifférence religieuse ».

Conformément à la décision prise le 24 septembre 1889, un premier congrès international se tint à Cologne du Il au 14 septembre 1890 ; les trois évêques hollandais y assistèrent avec les deux évêques vieuxcatholiques : Reinkens et Herzog. L’archevêque Heykamp, qui avait présidé ce congrès, mourut le 8 janvier 1892. Gérard Gui, curé d’Hilversum, fut élu par le chapitre et sacré le Il mai 1892 par Gaspard Rinkel, évêque d’Haarlem, assisté de Reinkens et d’Herzog. Gui assista au second congrès international (13-15 septembre 1892) à Lucerne. Cette fois, les trois évêques anglicans de Dublin, Salisbury et Worcester et un évêque grec, Nicéphore Calogeras, furent présents ; on aborda la question de l’union des Églises. Le général russe Kirieff, qui devait souvent intervenir dans les congrès, insista sur le rôle capital que devaient jouer les anciens-catholiques pour l’union des Églises, car les doctrines religieuses qu’ils professent sont regardées comme exactes, au témoignage de nombreux théologiens russes. C’est à ce congrès que fut décidée la fondation de la Revue internationale de théologie, dont le but serait de répandre les principes et la doctrine de l'Église ancienne-catholique et de faciliter la réunion de toutes les Églises chrétiennes. Elle parut en janvier 1893 et, d’après son fondateur, le professeur Michaud, elle resta toujours fidèle à ce programme (Rev. intern. de théol, de 1907, p. 593-602). Elle s’applique constamment à montrer que le concile du Vatican ne fut, à aucun moment, vraiment œcuménique et que l’infaillibilité pontificale est un faux dogme ; c’est pourquoi aucun accord n’est possible avec les catholiques romains « tant que les faux dogmes définis par la papauté ou sous la pression de la papauté seront maintenus ». Les désirs du congrès eurent quelque écho à l’extérieur. Le 22 octobre 1892, à la 4' séance de la Société des amis de l’instruction religieuse, le professeur Ossinini se réjouissait des

rapports de l'Église russe avec les vieux-catholiques

qui les invitaient i à un travail Ihéologique de la plus haute importance : voir, dans nos croyances, ce qui fait partie du dépôt de la foi obligatoire de l'Église universelle et ce qui n’a qu’une importance locale et temporaire et n’appartient qu'à l'Église locale de Russie. Il faut faire un triage pour séparer le bon grain de l’ivraie… i

Après la mort de Dipendaal. éveque de Deventer. le 22 novembre 1893, l’archevêque Gui consacra Nicolas Barthélémy Splt, cure de Saint Pierre et Saint-Paul à Rotterdam, le 30 mai 1894. Le troisième congrès se Uni a Rotterdam, du 28 au 30 août 1894, sous la