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UTRECHT (ÉGLISE D'). SES TRANSFORMATIONS

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du rituel, et, eu certaines régions, on célébrait les offices en hollandais. Une commission fut nommée pour régler cette réforme. En 1887, Heykamp permit au curé de Nordstram de célébrer la messe dans la langue du pays et cette réforme commença aussitôt à se répandre. Au congrès de 1895, l’archevêque d’Utrecht, van Gui, parlant au nom de ses sulïragants et de son clergé, exprima le vœu que les ollices liturgiques fussent célébrés en langue vulgaire et une commission fut nommée pour réaliser ce vœu. En 1899, Mgr Sjit, évêque de Deventer, célébra la messe en hollandais, à l’occasion d’une cérémonie de confirmation à Rotterdam : il avait composé et fait imprimer lui-même cette traduction, dont quelques parties s’inspirent nettement du protestantisme. Les prières habituelles sont conservées au début de la messe ; mais au Conflteor, les mots toujours Vierge sont supprimés. La prière du prêtre, quand il baise l’autel, est traduite : Nous vous prions avec vos saints, afin que vous pardonniez nos péchés. On supprime « les mérites des saints dont les reliques sont ici ». La croyance à la virginité de la sainte Vierge, le culte des reliques et la réversibilité des mérites semblent exclus. Le Kyrie eleison est également traduit en hollandais.

Dans la prière Suscipe, sancte Pater, tandis que le prêtre prie pro omnibus fidelibus christianis, Mgr Sjit traduit : « Je vous offre le sacrifice pour tous ceux qui croient au Christ. » Au canon de la messe, les noms des pontifes et des martyrs romains sont remplacés par les noms de saints nationaux : Willibrord, Boniface, Grégoire, Bavo, Lehninus. Au Nobis quoque peccatoribus, tous les noms des saints sont supprimés. Cependant le nom du pape est conservé au canon.

D’autres messes ont été traduites, mais ces traductions n’ont pas le caractère officiel. Le Il novembre 1900, pour la première fois, semble-t-il, lors d’une ordination sacerdotale, et le 22 avril 1906, lors de la consécration épiscopale de Mgr van Thiel comme évêque de Haarlem par Mgr Gui, archevêque d’Utrecht, les prières liturgiques furent dites en hollandais. En 1909, Mgr Gui, archevêque d’Utrecht, Mgr Thiel, évêque de Haarlem et Mgr Sjit, évêque de Deventer, publièrent une lettre collective qui présentait la réforme liturgique comme facultative ; mais ils désiraient la voir se répandre dans leurs diocèses. En 1909-1910, un missel et un vespéral furent édités en hollandais. Dans le missel, on supprime le graduel, V Alléluia, le trait, les antiennes de l’offertoire et de la communion. Après le Nobis quoque peccatoribus, la phrase per quem omnia est supprimée, ainsi que Hœc commixtio avant l’Agnus Dei. On ne mentionne plus le pape au canon, et au Credo le Filioque est supprimé.

La communion sous les deux espèces, existe dans la plupart des églises des vieux-catholiques, afin de restaurer la pratique ancienne, conservée dans les Églises orientales, même dans celles qui sont unies à Rome ; l'Église d’Utrecht ne l’a pas encore adoptée û'une manière générale. Au sujet de la communion elle-même, il y a quelque désaccord. Dans une réunion sacerdotale du 15 mai 1889, certains membres firent remarquer que de grands saints ne communiaient que rarement, pas même une fois l’an ; ainsi le saint diacre Paris resta deux ans sans communier. Les règles adoptées par le IVe concile du Latran, d’après Fleury, étaient dirigées contre les albigeois et le concile de Trente se borna à donner des conseils. D’autre part, Mgr Sjit, dans sa traduction de la messe en 1899, dit que les assistants, pour participer entièrement au sacrifice, devraient tous communier. En fait, les fidèles communient à Pâques ; quelquesuns communient aux principales fêtes, mais les curés n’insistent pas sur l’obligation de communier. Eux mêmes célèbrent la messe le dimanche ; quelques-uns seulement célèbrent la messe une ou deux fois dans la semaine.

La question du célibat ecclésiastique est restée longtemps indécise. Les Églises orientales, même celles qui sont unies à Rome, les Églises orthodoxe et russe admettent l’usage du mariage pour les prêtres mariés avant l’ordination ; et, en fait, la plupart de leurs prêtres sont mariés. Les Églises anciennes-catholiques d’Allemagne et de Suisse ont accordé aux prêtres la liberté de se marier. L'Église d’Utrecht a longtemps maintenu l’obligation du célibat sacerdotal, mais ses relations avec les vieux-catholiques l’ont amenée peu à peu à modifier ses traditions. Van Thiel, alors président du séminaire d’Amersfoort, devenu évêque d’Haarlem en 1906, vint en 1903 à Paris, comme délégué de l’archevêque d’Utrecht, pour prendre possession de l'église vieille-catholique de Paris. Dans son discours, il parla du célibat des prêtres et il dit : « Il n’est pas permis à un prêtre de se marier et de garder ses fonctions ecclésiastiques. Cependant c’est à l’autorité légitime de juger si les circonstances ne permettent pas à un prêtre de contracter mariage et d’exercer en même temps son ministère sacré. Notre-Seigneur n’a pas vii, dans le mariage un obstacle à l’apostolat… Le célibat eccléciastique est une vieille coutume de discipline que l’autorité compétente seule peut changer. »

M. Berends, alors curé de La Haye, qui devint évêque de Deventer en 1929, bénit, en 1903, le mariage de son collègue M. Metelbeck, curé vieux-catholique de Cullembourg ; mais celui-ci, devant les protestations des fidèles de sa paroisse, dut donner sa démission et il entra dans le commerce. Le 25 octobrt 1903, M. Wijker, curé d’Oudwater, dans une conférence faite à Utrecht sur les réformes désirables, condamna le célibat des prêtres, et souleva les applaudissements de son auditoire. Le 28 avril 1908, Mgr Gui, archevêque d’Utrecht, dans l'église Sainte-Gertrude d’Utrecht, avec l’assentiment de ses deux collègues de Haarlem et de Deventer et l'évêque vieux-catholique de Bonn, donna la consécration épiscopale à un prêtre anglais marié, Harris-Arnold Mathev. Celui-ci a lui-même consacré deux prêtres mariés, HerbertIgnace Beale et Arthur-Guillaume Howart, du clergé de Nottingham ; il fit connaître cette double consécration épiscopale au pape Pie X, qui, par le bref Gravi jamdiu scandalo du Il février 1911, excommunia le consécrateur et les deux consacrés et les déclara vitandi.

Cependant à Utrecht, la question de droit fait des progrès. Au séminaire d’Amersfoort, on enseigne positivement que les prêtres peuvent se marier, mais alors ils ne peuvent continuer leur ministère ; le docteur Johan Richterich, dans la Revue internationale de théologie, t. xvi, 1918, p. 740-757, et t. xvii, 1919, p. 2853, s’applique à montrer que le mariage des prêtres est une simple question de discipline, qui restaure l’ancienne coutume de l'Église. Enfin la lettre collective des évêques de Hollande, publiée dans le OudKatholiek du 18 novembre 1922, après des considérations générales sur le célibat des prêtres, « dont saint Paul peut être regardé comme partisan », conclut : « Après mûre réflexion, nous avons décidé de ne plus exiger le célibat de nos prêtres en fonction ; nous leur donnons la liberté d’agir en ce cas d’après l’inspiration de leur conscience ; à partir du moment où cette lettre parviendra à leur connaissance, la loi du célibat devra être regardée comme suspendue… Nous nous réservons de fixer les conditions auxquelles les prêtres devront satisfaire afin de pouvoir contracter mariage. » Documentation catholique du 10 février 1923, col. 338-339.