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UTRECHT (ÉGLISE D'). SES TRANSFORMATIONS


munie en mai 1872. Le 4 juin 1873, 22 prêtres et 55 délégués du parti vieux-catholique, réunis à Cologne, l'élurent comme évêque. Loos consentit à le consacrer ; mais il mourut avant L'époque fixée et ce fut l'évêque de Deventer, Herman Heykamp, qui consacra Reinkens à Rotterdam, le 4 août 1873, en même temps que Gaspard-Jean Rinkel, évêque de Haarlem. À son tour, Reinkens sacra, le 18 septembre 1876, le curé vieux-catholique de Reine, Edouard Herzog, comme évêque vieux-catholique pour la Suisse. C’est ainsi que les évoques de Hollande ont créé l'épiscopat vieux-catholique d’Allemagne et de Suisse.

A l'époque même de son sacre, Reinkens s’appliqua à montrer la validité de son élection et à justifier l'Église de Hollande, mère de l'Église des vieux-catholiques, dans une instruction pastorale, datée du 1 er août 1873 et reproduite dans la Revue internationale de théologie de janvier-mars 1901, t. ix, p. 1-16 : » Plus de 50 000 catholiques d’Allemagne, écrit-il, m’ont choisi pour leur évêque, par l’organe des délégués unis aux prêtres fidèles. Cette forme d'élection est inusitée et peut sembler nouvelle ; en réalité, elle est ancienne, mais on l’avait supprimée. C’est la forme apostolique ; c’est la seule forme consacrée par l'Église… Ce sont les papes qui, peu à peu, ont supprimé la libre élection des évêques dans l'Église occidentale. Celle pratique, conquise et alïermie par la violence et l’usurpation, s’appelle le droit en vigueur ; mais un tel droit, créé par les hommes, n’a rien de commun avec les règles d'élection épiscopale que les Apôtres nous ont données… Je n’ai pas élé nommé par le pontife romain ; je ne lui ai pas demandé ma confirmation dans mon office, je ne lui ai point prêté de serment… Incontestable ! Pie IX, plongé dans les erreurs les plus graves, s’est révolté contre l'Église universelle ; il a détruit la constitution apostolique de cette Église, en s’altribuanl à lui-même, le 18 juillet 1870, la toute puissance ecclésiastique et l'épiscopat universel, comme prérogative divine ; il s’est révolté, lorsqu’il a prononcé que ses décisions personnelles ex cathedra étaient irréformables en elles-mêmes, ex se, et non pas en vertu de l’assentiment de L'Église, non autem ex consensu Ecclesise… Pie IX met sa parole audessus de celle de L'Église… c’est pourquoi je n’ai pas voulu me lier a lui. » Reinkens explique ensuite qu’il a clé consacré par Mgr I leykamp, évêque des vieux-catholiques de Deventer, évêque légitime, malgré les prétentions de Rome… « J’appartiens maintenant au nombre de ces milliers d'évêques qui n’ont jamais possédé aucun titre papal, qui, pour le plus grand nombre, ont exercé leur ministère et sont morts, ignorés du pape, sans en être moins pour cela des évêques catholiques, reconnus comme tels et loués iii* ii"- par nos adversaires…

La question de la validité des ordinations hollandaises est capitale pour L'Église de Hollande et pour l'Église des vieux-catholiques, ("est pourquoi la Revue internationale de théologie, organe des vieuxcatholiques, revient souvent, et sous des tonnes diverses, sur cette grave question. Dans la réponse de

la commission ancienne-catholique de Rotterdam, en octobre 1898, a une lettre de la commission de SaintPétersbourg, il 23 août 1(X’17, on lit (Rev. intern., janvier-mars L899, I. vii, p. K-lli : « L'Église de Hollande avail non seulement le droit, mais le devoir de détendre sa loi et ses droits d'Église nationale contre la papauté. L'Église de Hollande a défendu ses droits et en a rendu compte à l'Église universelle,

dans des ouvrages qu’elle a publiés et qui traitent a tond toutes les questions que l’on pourrait taire en

cette matière, 'm recommande spécialement l’His taire abrégée de Dupac de Bellegarde, le Recueil de*

témoignages et Les deux Apologies de Varlet. On ajoute que la présence de trois évêques au sacre n’est qu’une mesure de discipline, qui n’intéresse point la validité. Les ordinations des anciens-catholiques sont valides et aussi régulières qu’elles ont pu l'être. Les excommunications romaines n’ont aucune valeur. « Une excommunication de l'Église romaine n’est pas une excommunication de l'Église universelle ; elle ne blesse pas plus qu’elle ne blesse les Orientaux. » Van Thiel reprend la même thèse, ibid., avril-juin 1900, p. 256-267, et de même le professeur Michaud qui résume toute la question, ibid., avril-juin 1900, t. viii, p. 304-312. Un peu plus tard il faisait une longue étude des deux Apologies de Varlet. Ibid., juillet-septembre 1900, t. viii, p. 477-503.

Les vieux-catholiques d’Allemagne et de Suisse, étroitement unis à l'Église d’Utrecht, ne voulurent pas rester isolés dans l'Église universelle : dès que leur Église posséda un épiscopat, elle chercha à s'étendre et à entrer en relation avec les Églises orientales, amenant à sa suite l'Église d’Utrecht, dont les fidèles désormais s’appellent les vieux-catholiques de Hollande. La jeune Église des vieux-catholiques se montra très active et communiqua son activité à la vieille Église d’Utrecht. Sur bien des points qui touchent le dogme, la jeune Église apparaît novatrice ; à sa suite, l'Église d’Utrecht va être entraînée à faire des modifications importantes à son enseignement. Son contact avec des milieux protestants et orthodoxes va développer des germes restés latents. L'Église d’Utrecht prend ainsi un nouveau visage. Sa croissance n’est pas intérieure : elle se fait par des additions et des juxtapositions d'éléments étrangers, qui lui imposent une adaptation : les transformations sont de plus en plus profondes, surtout après les « congrès internationaux » auxquels participent les évêques de Hollande. Lis y assistent d’ailleurs en spectateurs plus qu’en directeurs et en chefs, bien qu’ils les président. Bientôt VOud-Katholiek, le journal mensuel des évêques de Hollande, fondé en 1885, deviendra le fidèle écho de la Revue internationale de théologie, l’organe des vieux-catholiques de Suisse, créé en 1893. Le directeur et le fondateur de cette Revue, le professeur Eugène Michaud, ancien élève des dominicains de Saint-Maximin, disciple et ami de Dôllinger à Munich, vicaire à la Madeleine de Paris, rallié aux anciens-catholiques, professeur de dogme et d’histoire ecclésiastique à l’université de Berne en lS7(i, publiera des articles nombreux où il aborde bien des sujets brûlants qui intéressent l'Église d’Utrecht. Les idées qui circulent dans ces articles ont leur répercussion dans la vie même de l'Église d’Utrecht et communiquent une vie nouvelle a ce ipie l’ex-P. Hyacinthe Loyson appelait » cette vieille momie.


XVI. Les transformations de l'Église d’Utrecht.

Depuis 1870, l'Église d’Utrecht a donc pris une position internationale, car depuis cette époque, elle est devenue le refuge (le tous ceux qui sont opposés à l’infaillibilité pontificale ; les protestants eux-mêmes s’intéressent de plus en plus à cette petite Église qui évolue dans leur direction. Cette évolution est favorisée par les vieux catholiques, avec lesquels l'Église d’Utrecht a des rapports étroits.

Elle s’est manifestée d’abord dans la liturgie. En cela l'Église d’Utrecht est restée ndèle à la tradition de l’oit Royal. Beaucoup de ces Messieurs furent des traducteurs de la Bible et des offices liturgiques ; il sullil (le citer les propositions 83, 84, 85 et 86 de Quesnel pour constater une tendance 1res accentuée

vers la lecture de la Bible et la célébration des offices

en langue vulgaire. Depuis longtemps déjà, l'Église d’Utrecht avait traduit en langue vulgaire une partie