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UTRECHT (ÉGLISE !)'). LE IIe CONCILE D’UTRECHT

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tout genre que les soi-disant jésuites ont dans tous les temps persévéramment soutenues, enseignées et publiées dans leurs livres.

La troisième partie des Actes du concile contient plusieurs décrets sur la discipline des sacrements de baptême, de confirmation et d’eucharistie, sur la messe et sur les autres sacrements, et une Déclaration de Benoît XIV avec une Instruction sur les doutes concernant les mariages contractés et à contracter en Hollande et en Flandre, donnée le 4 novembre 1741.

Les décrets du concile furent souscrits par les trois évêques, les six chanoines et les neuf curés avec la même formule : « J’ai jugé et souscrit », avec les deux secrétaires du concile.

Comme Le Clerc avait refusé de se rendre au concile et ne tint aucun compte des avertissements et des citations canoniques de son évêque van Stiphout, celui-ci publia, le 7 mars 1765, une Ordonnance qui le déclarait « suspens et interdit de toutes fonctions ecclésiastiques et indigne de la participation aux sacrements, avec défense à tous les pasteurs de les lui administrer, même à l’article de la mort, à moins qu’il ne vînt à résipiscence ». Dupac, p. 399-400 et Nouvel, eccl. du 6 et du 13 février 1766, p. 25-30. Le Clerc protesta vivement et rejeta l’autorité de l'évêque de Haarlem qu’il accusait publiquement « d’errer dans la foi ».

Après la clôture du concile, l’archevêque d’Utrecht envoya, au pape Clément XIII, une lettre, signée des deux secrétaires, pour lui offrir les Actes de ce concile assemblé sous la conduite du Saint-Esprit et le prier d’employer son autorité à confirmer ce que le concile même avait décrété. La lettre se terminait par une profession de loyalisme à l’endroit du Saint-Siège et par la demande que le pape accordât à une Église, inviolablement attachée à la chaire de Pierre, les marques de sa bienveillance.

Les Actes et décrets du concile furent imprimés en deux éditions, en français et en latin ; des exemplaires furent envoyés à de nombreux évêques, avec une Lettre circulaire (29 avril 1764). Celle-ci indiquait les raisons pour lesquelles s'était assemblé ce concile : condamner les erreurs d’un homme sans caractère, qui s'était glissé parmi eux et celles d’auteurs étrangers, dont les ouvrages étaient débités sous leurs yeux et paraissaient imprimés dans ces Provinces, au grand scandale de nos frères séparés. Elle exprimait aussi les raisons qui avaient divisé en deux partis les catholiques de Hollande. « Les catholiques de ces Provinces, disait-elle, forment deux partis dans le sein d’une même Église. Les uns fidèlement unis à leurs évêques, au Saint-Siège et à toute l'Église catholique, sont notre couronne et le sujet de notre consolation ; les autres, sous prétexte d’une obéissance aveugle et sans bornes au souverain pontife, se sont soustraits à l’autorité sacrée de leurs pasteurs naturels et immédiats et se sont portés jusqu'à cet excès que de se séparer même totalement de leur communion. » De cette division, la circulaire rendait responsables les jésuites et leur action sous le pontificat de Clément XL « Ce serait déshonorer le Saint-Siège que de regarder comme son ouvrage la conduite de ceux qui ont foulé aux pieds tous les droits de notre Église, qui ont violé à notre égard toutes les règles canoniques, qui ont introduit au milieu de nous un schisme des plus scandaleux et qui se sont efforcés de faire passer pour schismatique et séparé de l'Église un clergé des plus soumis à l'Église et des plus respectueux pour celui qui en est le chef selon les vrais principes de la subordination raisonnable et chrétienne. Le Saint-Siège, qui doit présenter la règle à tout l’univers, ne peut jamais avoir l’intention de la violer ou de l’affaiblir. Mais tout pontife, pris d’entre les hommes et envi ronné de faiblesse, étant sujet à pécher, peut être surpris et trompé. Et, dès lors, il est essentiel de le distinguer du Saint-Siège. » Puis, après avoir fait l’historique du schisme, la circulaire proteste contre les prétentions des canonistes ultramontains qui concentrent dans la personne du pape toute la juridiction ecclésiastique, qui soutiennent que les évêques ne sont que ses vicaires et qu’ils n’ont d’autres pouvoirs que ceux qu’ils tiennent de lui, qui le regardent comme au-dessus de tous les canons et comme n'étant astreint à aucune loi humaine, qui lui donnent le droit d'établir et de révoquer à son gré, sans observer aucune formalité, tous les pasteurs de l'Église, tant du premier que du second ordre, et d’exercer immédiatement dans toutes les Églises du monde toutes les fonctions des Ordinaires. Pourtant l'Église de Hollande devait avoir des évêques propres. « L’institution divine, la pratique de toute l'Église, le salut des fidèles, l’intérêt général de la religion, la nécessité de se maintenir dans son ancienne possession et de prévenir son entière ruine, imposaient à son ancien clergé une étroite obligation de s’en procurer. Il ne l’a fait qu’en observant toutes les règles prescrites et possibles en pareil cas. C’est injustement que la cour de Rome a refusé de confirmer les élections faites par le chapitre. » Et de regretter « le peu de commerce que les Églises ont entre elles. Si nos illustres collègues dans l'épiscopat avaient été plus instruits de notre situation, peut-il être douteux qu’ils ne fussent venus à notre secours ? Il ne s’agit ici que des droits épiscopaux ; il ne s’agit que des règles de l’unité catholique… ».

A la lettre était joint le Recueil de divers témoignages de plusieurs cardinaux, archevêques et évêques, universités et facultés de théologie et de droit, docteurs, dignités d'églises cathédrales et collégiales, abbés, chanoines, curés, supérieurs d’ordres ou de communautés, magistrats, jurisconsultes et autres personnes célèbres en faveur de la catholicité et de la légitimité des droits du clergé et des chapitres, archevêques et évêques de l' Église catholique des Provinces-Unies, contre le schisme introduit dans celle Église depuis le commencement de ce siècle par les manœuvres des jésuites et de leurs adhérents, in-4o, Utrecht, 1763, publié avec une Lettre pastorale de l’archevêque d’Utrecht et une longue Préface de Dupac de Bellegarde. cf. Nouv. eccles. du 25 décembre 1790, p. 207. Si le clergé de Hollande, y lisait-on, est privé de la communion immédiate des papes, il jouit de la communion médiate, par les relations qu’il conserve avec un grand nombre d'évêques et d’autres membres illustres de l'Église catholique qui sont en communion immédiate avec le pape. Et cela suffit pour conserver l’unité.

L’archevêque d’Utrecht reçut, d’après les Nouvelles ecclésiastiques du 27 février et du 6 mars 1766, p. 3744, une multitude de lettres de félicitation et d’adhésion à son concile, venant de toutes les parties de l’Europe ; plusieurs évêques de France, d’Italie, d’Allemagne, d’Espagne, divers généraux d’ordre résidant à Rome et en France, une foule de personnes de tout état et de tout rang. De ces lettres, on pourrait composer un volume in-4o, beaucoup plus considérable que le Recueil de témoignages, publié en 1763. Les Actes furent surtout approuvés par des évêques d’Allemagne, personnellement intéressés à la cause de l'Église d’Utrecht, et par plusieurs évêques d’Italie et de France, mais un seul eut le courage d’approuver les Actes par écrit, en adressant une lettre à l’archevêque d’Utrecht. Des chapitres et des curés de France approuvèrent également.

Les décrets, dit Dupac, p. 396, furent d’abord envoyés au pape, manuscrits. « On est assuré qu’ils en ont été bien reçus et, quoiqu’on ne pût se flatter d’en