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UTRECHT (ÉGLISE D'). LE IIe CONCILE D’UTRECHT


leur argent, car ils envoyèrent ce qui était nécessaire pour faire face aux dépenses d’un concile.

Le clergé adopta cet avis : le concile permettrait de se désolidariser d’avec Le Clerc et, par ailleurs, de condamner canoniquement et en corps les maximes perverses répandues par les jésuites. Dans chaque district, il y eut des assemblées pour préparer les matériaux du concile et examiner les mémoires envoyés par les évêques. Enfin, par une lettre circulaire du 20 août à ses deux suffragants, au chapitre métropolitain et aux archiprètres du diocèse, l’archevêque d’L’trecht convoquait le concile pour le 13 septembre. Quelque temps auparavant, Le Clerc avait publié une Lettre circulaire et Dénonciation adressées à MM. les Pasteurs de l'Église de. Hollande, tant du district de l’archevêché d' Ulrecht que des évêchés d’Haarlem et de Deventer. Nouv. eccl. du 28 mai 1764, p. 85, 86.

Au jour indiqué, trois évêques, six chanoines et neuf curés se trouvèrent réunis dans la chapelle de l'église Sainte-Gertrude à Ulrecht, pour l’ouverture du concile. Il y avait cinq théologiens dont trois de Paris. On observa scrupuleusement tout le cérémonial des conciles : dans le discours d’ouverture, l’archevêque déclara que l’on était assemblé « pour porter remède aux maux dont l'Église de Hollande est allligée, soit par les erreurs d’un ecclésiastique étranger qui demeure dans ce pays comme par aventure, soit par celles de ces hommes impies que nous avons déjà désignés (les jésuites), qui troublent et déchirent d’une manière déplorable non seulement l'Église d’LHrecht, mais l'Église universelle ». Les chanoines et les curés eurent voix délibérât ive à l'égal des évêques ; ils signèrent comme juges de la foi et de la discipline et, pour signer, ils employèrent les mêmes formules que les évêques ; la seule différence est que les évêques signèrent les premiers.

Après les décrets préliminaires où l’on déclare anathème à toutes les hérésies, le concile adopta la profession de foi de Lie 1Y, l’Exposition de la doctrine catholique de Bossuet et celle que le chapitre d’Utrecht avait présentée en 174 1 sur les controverses qui divisaient les catholiques. On y ajouta les cinq articles présentés en 1663 à M. Choiseul, évêque de Comminges et envoyés à Alexandre VII pour condamner les cinq propositions de Jansénius, puis les quarante-trois articles présentés en 1677 par l’université de Louvain à Innocent XI. les douze articles envoyés en 1725 à Benoit XIII par le cardinal de Xoailles. Ces douze articles rejetés par Rome, à cause de leur ambiguïté, étaient regardés par le concile comme le dépôt antique de la foi et de la saine doctrine.

Puis h-promoteur proposa la condamnation des ouvrages dénoncés et on établit quatre commissions pour examiner la doctrine exposée dans ces écrits. La première congrégation fui chargée des écrits de Le Clerc et elle nomma comme rapporteur François Méganck, qui avait déjà étudié ces ouvrages. Celui-ci signale en détail les erreurs contenues dans ces écrits cl son rapport forme la plus grosse partie des Actes du concile, p. 79-236.

Sur ce que dit Le Clerc de.lanséniils. deux propositions sont condamnées comme fausses, calomnieuses, injurieuses au Saint-Siège et au souverain pontife. Sur le schisme des grecs, huit propositions sont censurées avec les mêmes noies et. en plus, comme injurieuses

iu conciles généraux, favorables au schisme et à

l’hérésie. Sur la primauté du pape, huit propositions sont rejetées comme fausses, schismatiques, contraires m la parole de Dieu ci ; i la doctrine constante de la Tradition. Sur le témoignage des Pères ci l’autorité

de l'Église dispersée, deux propositions sont signalées comme téméraires, fausses, injurieuses au saints Pèr<. erronées et même hérétiques. Sur la profession

de foi de Pie IV, quatre propositions sont condamnées comme fausses, scandaleuses, favorables à l’erreur, calomnieuses, injurieuses au pape et même à l'Église. Sur la supériorité des évêques, quatre propositions sont déclarées fausses, injurieuses à l’ordre des évêques, erronées et même hérétiques. Enfin sur les indulgences, l’excommunication et la Tradition, sept propositions sont condamnées comme fausses, scandaleuses, pleines de calomnies, téméraires, capables de blesser les oreilles pies, injurieuses au concile œcuménique de Trente qu’elles accusent d’avoir fabriqué des dogmes nouveaux, comme contraires au témoignage unanime des Pères et à la doctrine constante de l'Église catholique, enfin comme hérétiques. Dans ce rapport très érudit de Méganck, les deux ouvrages de Le Clerc sont présentés « comme un amas informe et confus des erreurs les plus rebutantes et les plus monstrueuses ».

La seconde congrégation, nommée pour examiner les ouvrages des PP. Hardouin et Berruyer, désigna comme rapporteur l'évêque de Deventer, van Stiphout, qui se contenta de reproduire le réquisitoire du chanoine van Zetter. « Hardouin, dont Berruyer est le disciple, fut un homme à paradoxes, destructeur de la vénérable antiquité et dont la vaste érudition ne produit que les rêves d’un fanatique, vrai pyrrhonien qui savait allier la témérité d’un jeune homme avec la crédulité d’un enfant et l’imbécillité d’un vieillard pour soutenir impudemment les plus folles extravagances. » L’Histoire du peuple de Dieu du P. Berruyer est « remplie d’erreurs et de folies ». Ces erreurs touchent la nécessité de la religion de Jésus-Christ, les preuves de la vérité de la religion chrétienne, l'Église et ses caractères, la règle de la foi, le mystère de la Sainte Trinité, le péché originel, l’incarnation, la rédemption, la grâce, la prédestination et la morale. Un long décret en douze articles condamne les erreurs de ces deux jésuites.

La troisième congrégation examina les erreurs du P. Pichon dans son livre L’esprit de Jésus-Christ et de l'Église sur la fréquente communion. Elle eut comme rapporteur François de Haan, curé de Saint-Pierre el Saint-Paul à Rotterdam. Il s’agit des dispositions requises pour la communion ; le rapporteur condamne des propositions relatives à la communion, à la confession et à la contrition. Le rapporteur cite de nombreuses propositions qui « réduisent les dispositions requises pour les sacrements à la seule confession externe et à l’usage extérieur de la fréquente communion ».

La quatrième congrégation qui examina les erreurs des casuistes sur la règle des mœurs, nomma comme rapporteur Winand-.Iean Brons, curé d’Amersfoort et président du séminaire. Il s’agissait d’un grand nombre d'écrits, plus ou moins anciens, publiés par des jésuites. Le rapporteur signale vingt-six groupes de propositions condamnables ayant pour objet le droit naturel, le péché, la conscience, l’opinion probable, la loi éternelle et la morale évangélique. Entre les détestables erreurs des casuistes, il signale celle qui est relative au tyrannicide. Le rapporteur mentionne encore des propositions de Paul l.ayman, Jacques Gretzer, Tanner. Mazolta, Busembaum, Lacroix. Le concile condamna neuf propositions comme fausses, scandaleuses, contraires à l’ordre de la charité établi par Dieu, aussi bien qu’au droil naturel, au droit positif divin et au droil des gens, comme frayant la voie à des meurtres exécrables et au fanatisme, comme tendanl, i troubler la société humaine et injurieuses à l’ordre public, en lin comme exposant la vie des rois el des autres souverains a un danger très imminent. Ces mêmes propositions se retrouvent dans le fameux Extrait des assertions dangereuses et pernicieuses en