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UTRECHT (ÉGLISE ])'). LE IIe CONCILE D’UTRECHT

un évêque, ils présentèrent une requête à l’archevêque d’Utrecht. Ils prétendaient que, le chapitre ne voulant pas user de son droit, celui-ci leur était dévolu, à eux, curés, en suite de quoi ils cédaient ce droit à l’archevêque. Cette requête ne fut pas écoutée ; aussi, en 1731, les onze curés décidèrent-ils d'élire un évêque, qui leur assurerait un gouvernement épiscopal, le seul canonique. Nicolas Petitpied se déclara opposé à cette prétention : les fidèles de Haarlem étaient trop peu nombreux pour avoir droit au rétablissement d’un évêché, qui n’avait été établi qu’au début du xvr 3 siècle. L’archevêque d’Utrecht pouvait suffire. Les curés songèrent alors à former un nouveau schisme. Méganck, leur conseiller, proposa un compromis : on élirait un vicaire général. La question fut de nouveau débattue, au temps de van Croon et de Meindærtz.

En 1742, pour assurer la conservation de l'épiscopal en Hollande, l'évêché de Haarlem fut rétabli. Les Nouvelles ecclésiastiques (16 mai 1768, p. 79) indiquent la raison capitale de ce rétablissement : « Après la mort de l'évêque de Babylone, on ne pouvait différer, sans exposer de nouveau l'Église de Hollande au péril évident de se trouver sans évêque. » Puisque le chapitre de Haarlem ne voulait pas élire un évêque, le métropolitain devait suppléer à sa négligence. Meindærtz, de concert avec son chapitre et « la plus saine partie du clergé de Haarlem », élut, le 26 juin 1742, Jérôme de Boeck, qui fut sacré le 2 septembre. Des lettres furent envoyées à Benoît XIV, qui répondit par deux brefs, le 1 er septembre et le 20 décembre 1742, déclarant l'élection de l'évêque de Haarlem nulle et illicite. C’est seulement le 27 mai 1743 que Boeck fit part aux chanoines de Haarlem de sa promotion ; ceux-ci protestèrent contre cette élection et contre le sacre de l'élu qu’on leur imposait et ils continuèrent à gouverner le diocèse, en vertu des pouvoirs que leur avait accordés le nonce apostolique. L’archevêque d’Utrecht et l'évêque de Haarlem, en juillet 1744, firent appel des deux brefs de Benoit XIV et déclarèrent nulles toutes les censures lancées par la cour de Rome depuis 1725 ; en octobre 1744, ils présentèrent au pape un corps de doctrine intitulé Expositio doctrinæ quoad controversias quæ inier catholicos agitantur. Cette exposition a été reproduite dans les Actes du IIe concile d’Utrecht.

Jérôme de Boeck mourut peu après et l’archevêque d’Utrecht élut à sa place, le 25 janvier 1745, Jean van Stiphout, qui fut sacré le Il juillet de la même année. Les chanoines de Haarlem protestèrent contre cette nouvelle démarche, le 25 février 1745, et Benoît XIV expédia deux brefs contre cette élection et ce sacre, le 26 juin et le 28 août 1745. La sévérité et la rigueur de Benoît XIV à l'égard de l'Église de Hollande surprit les jansénistes, de la part « d’un pontife si éclairé ». Il y eut alors des négociations cachées : la première eut pour principal agent un certain augustin d’Aix-la-Chapelle, nommé Antoine Hochkirchen, en 1744 ; un peu plus tard, le fameux P. Norbert, capucin, entra en relation avec Broedersen, doyen du chapitre d’Utrecht. Un Mémorial lui fut remis, signé par l’archevêque d’Utrecht, les chanoines d’LTtrecht et l'évêque de Haarlem, 1 er août 1747, qui repoussait avec intransigeance la bulle Unigenitus. En 1748, des amis de Meindærtz tentèrent un rapprochement avec le Saint-Siège et Benoît XIV confia l’examen de cette affaire à une commission de six cardinaux, qui, le 6 octobre 1748, fit connaître les conditions d’un rapprochement : souscription du Formulaire d’Alexandre VII et soumission aux constitutions pontificales qui condamnaient les erreurs de Jansénius et de Quesnel. Une décision du 1 er mai 1749 confirma la précédente et les démarches n’eurent pas de suite. Nouvelles ecclésiastiques du 6 mars 1771, p. 37.

Pour consolider l'Église de Hollande, Meindærtz décida, après quelques consultations, de créer un évêque pour le diocèse de Dcvenler. liarthélemy-Jean Byevelt, chanoine d’Utrecht, fut élu et cette élection lut notifiée à Benoît XIV qui répondit par un bref d’excommunication, le 29 décembre 1757. Meindærtz consacra Byevelt le 25 janvier 1758. Benoît XIV mourut le 3 mai 1758. À l’occasion de cette mort, Meindærtz qui lui avait écrit, quelque temps auparavant, dans les termes les plus iréniques, publia, le 22 mai, une lettre pastorale dans laquelle il fait l'éloge de ce pape ; « il déplore le malheur des temps et les tristes engagements qui n’avaient pas toujours permis à ce grand pape de suivre ses bonnes intentions », et il ordonne des prières pour le repos de son âme et pour obtenir du ciel un digne successeur.


IX. Le deuxième concile d’Utrecht (1763).

Meindærtz avait maintenant deux suffragants. Pour consolider l'Église de Hollande, il songea à convoquer un concile, qui serait le deuxième concile provincial d’Utrecht. Le premier avait été tenu, en 1565, par Frédéric Schenck pour recevoir les décrets du concile de Trente. Depuis longtemps déjà, pour donner une preuve de ses bonnes dispositions envers Rome, l'Église de Hollande, écrit Dupac, p. 391, songeait à réunir un concile, « le moyen le plus propre pour maintenir la fermeté du dogme, la sainteté des mœurs et la régularité de la discipline ».

L’occasion du concile, ce fut l’examen de la doctrine enseignée par Pierre Le Clerc, sous-diacre de Rouen, réfugié en Hollande. Ce personnage, partisan des convulsions de Saint-Médard, répandait des idées singulières. En 1733, il avait publié un Acte de révocation du Formulaire, non seulement pour le fait, mais même pour le droit : il prétendait que les cinq propositions condamnées par Rome contenaient la vraie doctrine de l'Église sur la grâce et la prédestination. En 1757, il publia à Amsterdam un écrit qui sema la division dans l'Église de Hollande : Le renversement de la religion par les bulles contre Baius, Jansénius et Quesnel ; en 1758, il fit paraître une autre publication, qui souleva les Hollandais : Précis d’un acte de dénonciation solennelle faite à l'Église : 1° d’une multitude de bulles, de brefs, etc., des évêques de Rome lesquels renversent la religion et les lois divines et humaines ; 2° des évêques de Rome eux-mêmes et de leur cour, comme auteurs des maux et des scandales qui désolent tout dans le troupeau du Seigneur, dans le temple et dans le sanctuaire. Cet écrit attaquait l’autorité de l'Église, celle des Pères dans leur enseignement, même unanime, la primauté du pape, l’institution divine des évêques, le dogme des indulgences, la profession de foi de Pie IV. Le Clerc soutenait la parfaite orthodoxie de l'Église grecque ; il gagna à sa cause un évêque schismatique de Candie, qui résidait alors à Amsterdam.

Le doyen du chapitre d’Utrecht, François Méganck, publia un écrit pour combattre une pareille doctrine : Lettre sur la primauté de saint Pierre et de ses successeurs, in-12, Amsterdam, 1762, où il disait que la primauté de Pierre avait été établie par Jésus lui-même et qu’elle était de droit divin, mais qu’elle était subordonnée, dans son exercice et son étendue, à l'Église universelle et à ses saints canons. Nouv. eccl. du 21 mai 176 1, p. 81-84. Mais cette réplique ne suffisait pas, car Le Clerc affectait de faire l’apologie de l'Église de Hollande et de parler en son nom ; des théologiens et des canonistes furent d’avis que le seul moyen de combattre ces erreurs et d’empêcher qu’on ne les attribuât à l'Église de Hollande, dont Le Clerc disait faire partie, était de réunir un 'concile qui condamnerait officiellement ces erreurs. Les appelants de France appuyèrent cet avis par leurs conseils et aussi par