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2401 UTRECIIT (ÉGLISE D') ACTION SC H IS M ATI QUE DE V A R LET 2402

comme un parjure la souscription du Formulaire et des diverses bulles contre le jansénisme. Le 13 décembre, il publiait une nouvelle Déclaration et il mourait le 18 décembre 1710, « après avoir reçu les derniers sacrements des mains d’un prêtre déclaré suspens et excommunié ». Le nonce de Cologne déclara Codde indigne de la sépulture ecclésiastique (30 décembre 1710) ; mais ses amis firent son apothéose. De nombreux écrits parurent en sa faveur : Justification de la mémoire de M. P. Codde, par Petitpied, 1719 ; Defensio piæ mémorise III. ac Rev. D. P. Codde : Causa Coddœana seu Collectio scriplionum quibus Pétri Coddei arch. Seb. vie. apost. in fœderato Belgio fides orlhodoxa, vivendi disciplina, regendi ralio, jurisdiclio et potestas ordinarin in Ecclesia Batavia Romano-catholica, contra oblreclalorum calumnias adseruntur, Anvers, in-12, 1703 (onze écrits en latin).

Cependant les condamnations amenaient le retour de nombreux fidèles et les défections se multipliaient parmi les réfractaires. Pour arrêter ce mouvement, les amis de Codde envoyèrent au nonce de Cologne deux députés, Steenoven et Dalennoort, pour obtenir un accommodement et ils prétendirent avoir réussi ; mais, dans une lettre du 8 décembre 1711, Bussi démentit leurs affirmations. D’autre part, depuis quinze ans, il n’y avait eu aucune ordination et les provicaires désignés par Codde n’avaient pas osé donner de lettres dimissoires. Des théologiens et des canonistes, comme Witasse, Van Espen, E. du Pin, Noël Alexandre, l’abbé d’Asfeld, Boursier, affirmaient que le provicaire van Heussen et le chapitre pouvaient donner des dimissoires pour des ordinations même extra temporel. On trouva aussi des évêques pour faire ces ordinations : un vieil évêque irlandais, devenu archevêque de Dublin, Luc Fagan, ordonna douze prêtres. Le nonce de Cologne les cita à comparaître devant lui ; sur leur refus, il les déclara suspens de toutes les fonctions de leur ordre. Puis sur le rapport de van Erckel, on s’adressa à Pierre de Langle, évêque de Boulogne, et au cardinal de Noailles, archevêque de Paris, mais ceux-ci refusèrent. Pourlanl d’autres évêques français, gagnés à la cause de l'Église d’Utrecht, ordonnèrent des prêtres pour cette Église : en 1718, Soanen, évêque de Senez, en ordonna quatre ; en 1721, M. de Lorraine, évêque de Bayeux, trois et, un peu plus tard, M. de Cautnartin. évêque de Blois, plusieurs. Durant ce temps, fies jansénistes notoires, réfugiés en Hollande, Petitpied, Fouilloux, rédigeaient des consultations pour maintenir le zèle de leurs fidèles ; le P. Quesnel jouait un rôle de premier plan et demandait au chapitre et au clergé d’Utrecht (l’adhérer a l’appel fie Noailles et à l’appel des facultés de Paris et de Nantes contre la bulle Unigenitus.

Sur l’entrefaite le provicaire, nommé par Home.

Adam Dæmen, nu m rut à Cologne, le 3 décembre 1717. deux mois après avoir renoncé à son mandat. 1 'n bref du 2 octobre lui avait substitué Jean Bylevelt, curé à La Haye. Clément XI avail désigné celui-ci parce qu’il le croyait agréable aux États, mais Bylevelt fut

expulsé par un décret de février 1720 et il mourut à

Iles, le 20 janvier 1727. détesté des réfractaires.

parce qu’il BVaIl essayé de S’opposer à leurs menées.

En fait, les divisions se multipliaient dans l'Église

d’Utrecht et l'étal de cette Église était très précaire.

lUrtout de la diminution du nombre ries

prêtres. Dominique Varlet, évêque de Babylone, va lui donner un éplscopat, en consacrant les archevêques élus par le chapitre et c’est lui qui a vraiment établi

l'Église d’I trecht contre Home. BU même temps le

canoniste Van Espen sera le véritable Inspirateur

des solutions apportée* aux problèmes juridiques

qui m poi aient. On ne aurait on nom de

celui de arlet.


VI. Dominique-Marie Yalet. — DominiqueMarie Varlet, ancien missionnaire et vicaire général de Québec, avait été nommé évêque d’Ascalon et coadjuteur de Babylone par Clément XI, le 17 septembre 1718 ; il fut sacré à Paris, dans la chapelle des Missions étrangères, le 19 janvier 1719. L'évêque de Babylone étant mort dès le 20 novembre 1 7 1 7, la Propagande ordonna à Varlet de gagner son poste. Varlet se dirigea vers Amsterdam et, en attendant son départ pour la Perse, il administra la confirmation en plusieurs villes de Hollande « par charité pour les pauvres catholiques persécutés et avec la seule autorisation du chapitre d’Utrecht ». Par ailleurs, on apprit à Borne que Varlet avait refusé de signer la bulle Unigenitus. Varlet partit pour la Perse ; à son arrivée, l'évêque d’Ispahan lui signifia un décret en date du 7 mars 1719 qui le déclarait suspens de toute juridiction et de toute fonction épiscopale. Varlet protesta contre cette censure qu’il déclarait « nulle, injuste, irrégulière et calomnieuse et il revint à Amsterdam où on l’avait si bien reçu, lors de son premier passage. L’Eglise d’Utrecht songea à profiter de son séjour en Hollande pour se constituer une hiérarchie ; des théologiens et des canonistes le convainquirent aisément qu’en cas de nécessité il pouvait sacrer les évêques élus par le chapitre d’Utrecht.

Depuis vingt ans, disait-on en Hollande, la cour de Borne refusait de nommer un archevêque. Devant cette opposition, le chapitre d’Utrecht se décidait à passer outre. Mais il fallait préparer les esprits à cette démarche insolite. L’usage s'était introduit de ne pas sacrer un évêque sans les bulles du pape, mais. écrit Dupac, tous les principes du droit dispensent l'Église de Hollande de cette espèce de règle, dans le cas d’un refus aussi injuste que celui qu’elle éprouve et d’une nécessité aussi pressante que celle OÙ elle se trouve ». Il n’y avait pas encore de précédent dans ces derniers temps : en France, les bulles avaient été refusées à quelques évêques. nommés par le régent, mais Clément XI avait fini par les accorder. Les dispositions pacifiques d’Innocent NUI firent naître des espérances. Le chapitre d’Utrecht lui écrivit, le Il juin 1721, pour le féliciter de son élection et le prier d’avoir pitié de l'Église de Hollande : cette lettre étant restée sans réponse, le chapitre envoya une seconde lettre avec un Mémoire sur l'état de l'Église ; un agent. Pierre Levage, traita l’affaire à Borne, mais les négociations ne réussirent pas. Alors on décida de préparer le peuple : on L’instruira de tout, partout, dans la prédi cation, dans les confessions, dans les conversations ; on lui fera connaître quon est plus attaché que jamais au Saint-Siège, qu’on suit ses règles, qu’on défend ses droits et sa doctrine… Van l'.rckel fut chargé de rédiger des Instructions familières en langue vulgaire et de mettre en relief les droits du chapitre à élire un évêque. À cause de la mauvaise volonté de Home, cela, loin d'être schismat ique. était plus conforme à l’esprit de l'Évangile et aux règles de L'Église que l’obéissance aveugle à de vieilles coutumes. D’autre part, on décida de créer le séminaire d' Amersfoort, afin de préparer des sujets iceommandahles et instruits pour le clergé. Le 12 décembre 172 : (. Van Espen publia une Consultation qui fut signée par un grand nombre d'évêques, de docteurs, d’abbés, de supérieurs de communautés religieuses, de magistrats et de personnes notables. Elle était intitulée Dissertatio de miseï eclesiæ Ullrajectinte. Elle fut approuvée par la faculté de Paris, qui ne signa pas. afin de ne pas compromettre l’université, et par les facultés de Nantes et de Beiins. Elle affirmait le droit du chapitre d'élire un archevêque et la légitimité du s. nie sans la confirmation et sans les bulles du pape au cas d’un refus injuste et persévérant de la part du Saint