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de droit divin et n'étant limitée que par le droit humain, l'évêque, de même que ceux qui tiennent sa place durant la vacance du siège, rentraient dans ce droit absolu, lorsque la restriction de ce pouvoir ne pouvait être observée qu’au préjudice du bien des âmes… »

Ainsi les vicaires apostoliques étaient les vrais évêques de ces provinces et, s’il y a eu de longues vacances, les sièges ont toujours été regardés comme subsistant. À cause des souverains protestants, on a dû cacher leur véritable titre d’archevêque d’Utrecht ou d'évêque d’Haarlem sous les noms de quelques Églises étrangères et un trop grand ménagement pour les idées ultramontaines a quelquefois porté à faire valoir leur qualité de vicaire apostolique, mais il est notoire qu’ils n’en exerçaient pas moins l’autorité et tous les pouvoirs d'évêques propres. Il en est à peu près de même des chapitres et spécialement du chapitre métropolitain d’Utrecht. Bref, la hiérarchie de droit divin serait restée entière, cachée sous divers camouflages, pour éviter les persécutions et poursuivre le ministère. Cette discipline était imposée par les circonstances.

Ces remarques de Dupac ne semblent pas d’accord avec les faits. Sasbold, le premier vicaire apostolique nommé par Rome, trouva une opposition de la part de quelques membres dispersés du chapitre et le meurtre du Prince d’Orange, le 10 juillet 1581, fut l’occasion de nouveaux troubles. Pour régler les affaires de l'Église hollandaise, Sasbold se rendit à Home, où il arriva le 17 avril 1602. Clément VIII le nomma archevêque in parti bus de Philippes et il fut sacré à Rome, le 22 septembre 1602. Dès lors, il exerça les pouvoirs de vicaire apostolique pour le diocèse d’Utrecht, en vertu d’un pouvoir délégué et que pouvait révoquer le nonce apostolique. Le bref du 30 octobre 1602 le dit expressément.

Sasbold ne porta jamais le titre d’archevêque d’Utrecht, bien que les historiens lui donnent parfois ce titre ; d’ailleurs, il ne put rentrer en son pays, car les Etats de Hollande l’avaient banni par un décret du 30 mai 1602. Il fixa sa résidence à Cologne et, en vertu d’une délégation du Saint-Siège, il établit des vicaires généraux qui, comme tels, administrèrent l'Église d’Utrecht jusqu'à sa mort, le 3 mai 161-1.


IV. Les premiers démêlés avec la court de Rome (1614-1689) : Rovenius, La Torre, Neercassel).

Cinq mois après la mort de Sasbold. par un bref du Il octobre 16.1 I, le pape Paul Y. de son autorité cl s ; ins aucune élection préalable, nomma vicaire apostolique Philippe Rovenius. C’est seulement le 17 août 1620 que Rovenius fui nommé archevêque de Philippes et il fui sacré, le m novembre 1620, par le nonce Sanseverini. Malgré ses démarches personnelles et celles de son clergé pendant son séjour à Rome et après son retour en Hollande (1622-1624), Rovenius ne fut jamais archevêque d’Utrecht,

Depuis la mort de Schenck, il n’y cul aucune nomination régulière au chapitre. En effet, lorsqu’un chanoine mourait, les magistrats protestants nommaient un protestant pour le remplacer ; quelques chanoines, d’autre part, avaient embrassé la Réforme. Aussi les protestants se trouvèrent-ils bientôt en possession de presque tous les canonicats ; ils possédaient foules les prébendes ci portaient publiquement h' titre de chanoines. Au temps de Rovenius, il n’y avait donc plus de chapitre cl, par suite, plus d'élection possible.

Pour reconstituer le chapitre d’Utrecht, Rovenius

érigea, le 9 novembre 1633, 1e collège ou vicariat apostolique, qui, au dire des Jansénistes, aurait hérité des

droits et prérogatives de l’ancien chapitre. Mais, pour montrer le mal fondé de celle ; isscrl ion. il suffit

de remarquer comment fui établi ce « vicariat

Rovenius choisit cinq des anciens chanoines, quatre chanoines des collégiales, deux curés et tous les prêtres qui avaient obtenu des grades dans quelque université ; par contre, il laissa de côté quelques membres de l’ancien chapitre qui vivaient encore et, par conséquent, restaient chanoines, tout cela de sa propre autorité, sans consulter les chanoines demeurés vivants. D’ailleurs, l’archevêque de Philippes, vicaire apostolique, ne pouvait pas, indépendamment du Saint-Siège, supprimer l’ancien chapitre et en créer un nouveau, qui aurait possédé les droits et privilèges que l’ancien tenait d’une concession et qu’il avait volontairement abandonnés, en 1528, en faveur de Charles-Quint. Rovenius d’ailleurs ne parle point d’un nouveau chapitre, mais seulement d’un vicariat ; en réalité, les membres du vicariat sont les conseillers du vicaire apostolique et des délégués pour l’administration du diocèse. Rovenius songeait si peu à constituer un vrai chapitre que les membres désignés pour constituer le vicariat continuèrent à remplir leurs fonctions dans diverses églises et qu’il n’assura pas leur perpétuité ; aussi les membres du vicariat durent-ils demander leur confirmation et leur prorogation, sous les successeurs de Rovenius. Ce n’est qu’en 1705, c’est-à-dire soixante-douze ans plus tard, que Potkamp appela chapitre l’institution de Rovenius ; d’autre part, les décrets des vicaires apostoliques, soit pour confirmer, soit pour augmenter les membres du vicariat, ne donnent jamais à l’institution le nom de chapitre, à l’exception des décrets de Potkamp.

Rovenius lui-même était peu sûr des pouvoirs qu’il aurait conférés et que pouvait posséder le collège vicarial : en février 1635, voulant se démettre de ses fonctions, il s’adressa directement à Rome pour demander un successeur ou au moins un coadjuteur qui pût lui succéder plus tard. Il ne fut point question d’un arche vêque d’Utrecht, mais d’un vicaire apostolique et on ne parla point d'élection. Rovenius demanda Jacques de La Torre. La réponse de Rome n'était pas encore arrivée, que les magistrats de Hollande, par un décrel du 5 octobre 1639, prononcèrent la peine de bannisse ment contre Rovenius, soupçonné d'être en relation avec les Espagnols. Le décret fut publié le in ruais 1640. Quelques temps après, le 25 août 1640, le pape Urbain VIII nommait Jacques de La Torre comme coadjuteur et successeur de Rovenius, sans aucune intervention, ni du clergé de Hollande, ni du collège vicarial. Innocent X le créa archevêque d'Éphèse par un bref du 9 novembre Pi 16 el il fui sacré par le nonce Chigi, le 19 mai 1617. La Torre fui banni, peu de temps après son sacre, pour avoir administré la confirmation dans un village au nord de la Hollande. L’année suivante, le traité de Munster amena la paix : le roi d’Espagne, Philippe IV, renonça à ses droits sur les Provinces-Unies. La République de Hollande fut reconnue Indépendante et les catholiques cessèrent d'être persécutés, au moins ou cri eurent.

Rovenius mourut peu après, le Il octobre 1651. C’est sous son gouvernement que le jansénisme commença à se répandre dans l'Église d’Utrecht : Rovénius lui-même avait été le disciple de Janson a Louvaln, comme.fanséiiius dont il fui l’ami ; en 1622. il était revenu à Couvain pour y rencontrer Jansénius et l’abbé de Saint Cyran ; en 1626,.lansenius s'était rendu à Madrid, comme délégué de l’université de Louvain et avait été chargé de demander au roi d’Espagne pour Rovenius le titre d’archevêque d’Utrecht ; Rovenius fut un de ceux qui, en 1641, donnèrent leur approbation a {'Auguslinus ; il eut de nombreux démêlés avec les réguliers ei particulièrement avec les Jésuites, qu’il regardait comme des

étrangers rapaces ci ambitieux. voulant se sous

traire à son autorité.