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1609 TRINITÉ. LES PÈRES APOSTOLIQUES 1610

habens in caput ejus impositam baptizet semel. Et postea dicat : « Credis in Ghristum Jesum, Filium Dei, qui natus « est de Spiritu Sancto ex Maria virgule et crucifixus sub « Pontio Pilato et mortuus est et sepultus et resurrexit die « tertia vivus a mortuis et ascenditincrelisetsedet addexteram Patris, venturus judicare vivos et mortuos ? » Et cum ille dixerit : « Credo », iterum baptizatur. Et iterum dicat : « Credis in Spiritu Sancto et sanctam Ecclesiam » et caruis resurrectionem ? » Dicat ergo qui baptizatur : « Credo », et sic tertia vice baptizetur. » D. H. Connolly, On the text oj the baptismal Creed o/ Hippolutus, dans Journal of theotogical studies, t. xxv, 1924, p. 102.

On pourrait citer d’autres textes encore. Ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas la formule du symbole en tant que telle, mais la confession des trois personnes divines ; et nous constatons que, partout, elle forme l’élément central, celui autour duquel viennent s’agréger tous les autres. Il est possible que la forme définitive du symbole ait été obtenue par la jonction de deux textes plus primitifs, l’un trinitaire, l’autre christologique. En toute hypothèse, le schème trinitaire est essentiel. La foi chrétienne est d’abord la foi à la Trinité.

La prière.

S’il est vrai que la croyance s’exprime dans la prière et que la lex orandi permette de retrouver la lex credendi, il faudra s’attendre à retrouver, dans les anciennes prières chrétiennes, la mention des trois personnes divines. Il en est bien ainsi. Malheureusement les prières authentiques et de date assurée sont des plus rares. Leur témoignage ne peut être que fragmentaire. Comment cependant ne pas s’arrêter à la déclaration si formelle de saint Justin : « Celui qui préside les frères… rend louange et gloire au Père de toutes choses par le nom du Fils et du Saint-Esprit et il fait l’eucharistie… En toutes nos oblations, nous louons le créateur de l’univers par son Fils Jésus-Christ et par le Saint-Esprit. » Apol., i, 65 et 67. Non moins précise est l’affirmation de saint Hippolyte : « Qu’en toute bénédiction on dise : Gloire à toi, Père et Fils, avec l’Esprit-Saint. dans la sainte Église, et maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles. » Tradit. apostol., édit. Connolly, p. 176-177.

L’Église prie le Père, et c’est à lui d’abord que s’adressent les prières officielles, mais elle le prie par l’intermédiaire du Fils. Ainsi, dans la Didachè : Nous te rendons grâces, ô notre Père, pour la sainte vigne de David, ton serviteur, que tu nous a fait connaître par Jésus ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles… A toi est la gloire et la puissance par Jésus-Christ dans les siècles. » Didachè, ix. Ainsi dans la lettre de saint Clément : « Que le Créateur de l’univers conserve intact le nombre compté de ses élus dans le monde entier par son Fils bien-aimé Jésus-Christ, par qui il nous a appelés des ténèbres à la lumière, de l’ignorance à la pleine connaissance de la gloire de son nom… Nous te proclamons par le grand-prêtre et le patron de nos âmes, Jésus-Christ, par qui soit à toi la gloire et la grandeur, et maintenant et dans toutes les générations et dans les siècles des siècles. » I Cor., lix, 2 ; lxi, 3.

Comme on le voit dans les exemples précédents, l’Esprit-Saint est parfois omis dans ces doxologies ; mais, le plus souvent, il y figure à sa place. Ainsi dans la prière de saint Polycarpe : « …Pour cette grâce et pour toutes choses, je te loue, Je te bénis, je te glorifie par l’éternel et céleste grand-prêtre, Jésus-Christ, ton enfant bien-aimé. Par lui gloire soit à toi avec lui et le Saint-Esprit, maintenant et dans les siècles à venir. Amen », Martyr. Polyc, xiv. Ainsi dans l’hymne du soir, que cite saint Basile et dont l’usage était immémorial de son temps : « Joyeuse lumière de la gloire sainte et immortelle du Père céleste, saint et bienheureux Jésus-Christ, arrivés à l’heure du coucher du soleil et voyant apparaître l’astre du soir, nous chantons le Père, le Fils et le Saint-Esprit de Dieu. Tu es digne en tout temps d’être chanté par des voix saintes, Fils de Dieu, qui donnes la vie ; c’est pourquoi le monde te glorifie. » Basile, De Spiritu sancto, xxix, 73, P. G., t. xxxii, col. 205. Ainsi encore dans l’hymne du matin : « Gloire à Dieu dans les hauteurs et sur la terre paix, aux hommes bonne volonté (de Dieu). Nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâces, pour ta grande gloire, Seigneur, roi céleste, Dieu Père tout-puissant, Seigneur Fils unique, Jésus-Christ et Saint-Esprit. » Ainsi, dans la prière de Clément d’Alexandrie qui termine le Pédagogue : « O Pédagogue, sois propice à tes enfants, Père, cocher d’Israël, Fils et Père, tous deux une seule chose, Seigneur… Accorde-nous de vivre dans ta paix, de transporter tous nos biens dans ta cité en traversant sans naufrage l’océan du péché, portés par la douce brise de l’Esprit-Saint, la sagesse ineffable ; de nuit, de jour, jusqu’au jour éternel, chantant un cantique d’actions de grâces à l’unique Père et Fils, Fils et Père, au Fils pédagogue et maître avec le Saint-Esprit. » Pœdag., iii, 12, P. G., t. viii, col. 680.

On pourrait multiplier les exemples. Mais à quoi bon ? ceux qui précèdent suffisent amplement, semble-t-il, à montrer la place que tient la Trinité dans la prière chrétienne.

II. LES PÈRES APOSTOLIQUES. —

Nous devons maintenant remonter quelque peu en arrière pour reprendre l’étude des témoignages particuliers, c’est-à-dire de ceux dans lesquels s’exprime davantage l’opinion personnelle des écrivains. Les premiers, parmi ceux que nous avons à entendre sont les Pères apostoliques. Parmi eux, saint Clément de Rome, saint Ignace d’Antioche, saint Polycarpe de Smyrne, ont une autorité spéciale : ce sont des évoques, des disciples des apôtres, des représentants de la tradition. Au contraire, le pseudo-Barnabe, Hermas, l’auteur inconnu de la Didachè, ont moins d’importance, car, après tout, ils ne représentent guère qu’eux-mêmes, et le crédit qu’ils ont pu obtenir à certains moments, dans une partie de l’Église, s’explique surtout par des considérations extrinsèques.

Clément de Rome.

Dans sa lettre aux Corinthiens, saint Clément n’a pas l’occasion d’expliquer le dogme de la Trinité. Mais il parle souvent des trois personnes divines : Dieu le Père est le créateur et le conservateur de l’univers ; c’est lui qui a fait toutes choses et qui les conserve par sa puissance ; il est compatissant et bienfaisant et il a des entrailles miséricordieuses pour ceux qui le craignent. Le Christ est le Sauveur qui nous a rachetés par son sang, le Maître dont l’enseignement nous conduit à la vie, le grand-prêtre de nos offrandes, le protecteur et l’aide de notre faiblesse ; l’Esprit-Saint est l’inspirateur des prophètes, le sanctificateur des âmes, le guide de l’Église.

La Trinité elle-même apparaît rarement dans la lettre. Il faut cependant retenir l’attention sur la formule de serment par laquelle Clément confirme son exhortation morale. « Acceptez notre conseil et vous ne vous en repentirez pas, car aussi vrai que Dieu vit et que vit le Seigneur Jésus-Christ et le Saint-Esprit, la foi et l’espérance des élus, celui qui accomplit avec humilité… les commandements donnés par Dieu, celui-là sera rangé et compté au nombre de ceux qui sont sauvés par Jésus-Christ. » / Cor., lviii, 2. Le serment est prononcé au nom de Dieu qui le confirme et en devient le témoin : ici les trois personnes divines sont appelées en témoignage ; elles sont placées sur le pied d’égalité, si l’on peut dire, et ensemble elles ne .ont qu’un seul Dieu.T. — XV. — 51. DICT. DE THÉO… CATHOL.