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USUARD USURE

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verso populo ejusdem urbis in ampjiithealro adversum eum, ii/ni traditus est. Ibid., col. 694-695. Au lieu de résumer, au 2 juin, toute la lettre des Lyonnais, Usuard écrit seulement : Lu.gdu.ni, sanctorum Fotini, ejusdem urbis episcopi, Zacharix presbyteri, sancti diaconi Epagati… cum aliis quadrut/inla. Hi omnes famuli Christi, sicut in historia ecclesiastica scribitur, pariter coronali sunt . Passa est quoque et sancta Blandina ex eorum collegio, quæ primo, secundo et tertio die pulsata cruciatibus, cum non superaretur, quarto verberibus acta, craticulis exusta et multa alia perpessa, ad ullimum gladio jugulatur. P. L., t. cxxiv, col. 113. La notice de saint Laurent, au 10 août, devient simplement : Romæ, via Tiburtina, natalis beati Laurentii archidiaconi, qui pressente Decio imperalore, post plurima tormenta carceris, verberum diversorum, laminarum ardentium, ad ultimum in craticula ferrea assatus, murtijrium complevit. Ibid., col. 349.

La dépendance d’Usuard par rapport à Adon est d’ailleurs visible. Non seulement les mêmes noms de saints reviennent aux mêmes jours, mais très fréquemment des expressions, des tournures de phrase, des détails, sont passés de l’un dans l’autre. Ce point qui a été contesté au xvir 5 siècle ne l’est plus aujourd’hui ; tout le monde est d’accord pour faire d’Adon une des sources et la principale d’LIsuard. Mais ce dernier a ajouté bien des noms de saints à son modèle et la question est de savoir où il les a rencontrés. Son voyage en Espagne lui en a certainement fourni un certain nombre : d’abord, et tout naturellement, les martyrs dont il avait rapporté les reliques, cf. 27 août, t. cxxiv, col. 405 ; 1 er décembre, col. 755, mais d’autres encore qu’il avait appris à connaître dans la péninsule, ainsi au 7 juin, les martyrs de Cordoue, Pierre, Aventius, Jérémie et trois autres ; au 17 septembre saint Émilien, diacre de Cordoue ; au 3 novembre les « innombrables martyrs de Saragosse, sous Dacianus » ; au 23 du même mois, sainte Lucrèce, vierge, à Mérida ; le lendemain, à Cordoue, les saintes Flora et Marie, etc. Les noms ainsi ajoutés sont, pour la plupart, ceux des victimes des persécutions musulmanes ; mais il y en a d’autres qui proviennent des débuts du christianisme. Nous n’avons pas à discuter ici la question des autres sources d’Usuard ; ce travail a été fait avec beaucoup de diligence par dom H. Quentin, Les martyrologes historiques. Qu’il suffise d’ajouter que la compilation d’Usuard est devenue le point de départ des remaniement successifs qui ont donné naissance à notre martyrologe romain actuel. Celui-ci, à tout prendre, n’est qu’une édition revue, corrigée et considérablement augmentée de l’œuvre du moine carolingien ; nombre de ses notices sont passées telles quelles dans notre texte ; celles, très nombreuses, qui y ont été ajoutées sont, pour l’ordinaire, rédigées sur le même modèle et dans le même style « martyrologique », dont on peut dire que c’est Usuard qui l’a créé.

Il n’est pas sans intérêt pour le théologien de feuilleter le martyrologe ; la lex orandi aidant parfois à déterminer la lex credendi. Rien de plus curieux, par exemple, que de comparer les diverses rédactions dans les martyrologes du ixe siècle de la notice du 15 août ; celle d’Usuard est extrêmement sobre :

Dormitio sancta » Dei genitricis Marias, cujus sacratissimum corpus etsi non invenitur super terram, tamen pia mater Ecclesia venerabilem ejus memoriam sic festivaln agit, ut pro conditione carnis eam migrasse non dubitet. Quo autem illud venerabile Spiritus sancti templum nutu et consilio divino occultatum sit, plus elegit sobrietas Ecclesia" cum pietate nescire, quam aliquid frivolum et apocripluim inde tenendo docere. T. cxxiv, col. 365.

A comparer avec Adon, dans le Libellus de festiv., dernière notice (rattachée au 8 septembre) :

Cujus dormilionem xviii kal. sept, omnis célébrât Kcclesia : cujus et sacrum corpus non invenitur super terram : sic nec beati Moysi sepulcrum quem sacra Scriptura dicit a Domino sepultum. Tamen pia mater Ecclesia… ejus venerabilem memoriam sic festivam agit ut pro conditione carnis eam migrasse non dubitet (Suit ta phrase comme dans Usuard). Suïïiciunt enim ei ad sanctitatem et vitam Yirginis et Matris Domini commendandam evangelistarum testimonia, nec de ea quærere ultra necessarium putat. T. cxxiii, col. 202.

Notker le Bègue, au contraire, donne ce même jour une petite dissertation apologétique, revendiquant l’historicité du récit que fournit Grégoire de Tours de l’assomption corporelle de Marie, et il termine sur cette déclaration, qui laisse d’ailleurs la porte ouverte à une autre hypothèse :

Sciendum quia vel hæc specialis assumptio corpoiis venerandæ genitricis Dei Mariée, vel eorum qui cum Domino surrexisse leguntur et in cælum ascendisse creduntur, apostolicam auctoritatem magis adjuvant quam impugnant. Quoniam et corpus illud, de quo Deus incorporari voluit, citius in cælum sublevari decuit et illos verse resurrectionis et ascensionis nostræ testes prseisse procul dubio constat. De quibus quia doctissimi tractatores videntur inter se dissidere, non est meum in tam brevi opusculo definire. Hoc tamen certissime cum universali Ecclesia et credimus et confitemur, quia si reverendissimum illud corpus ex quo Deus est incarnatus, adhuc alicubi in terra celatur, revelatio utique ipsius ad destructionem Antichristi reservatur. P. L., t. cxxxi, col. 1141-1142.

On verra également avec intérêt qu’Adon, Usuard, Raban-Maur et Notker font au 24 septembre l’annonce de la conception de saint Jean-Baptiste, alors que nul d’entre eux ne fait mention de la conception de Marie.

Le martyrologe d’Usuard a eu de très nombreuses éditions ; la principale, un peu trop surchargée, est celle qu’a donnée en 1715 le bollandiste J.-B. Sollier ; elle est reproduite dans P. L., t. cxxiii, col. 452-992 et t. cxxiv, col. 1-860 ; Migne y a inséré et la préface et les remarques critiques de l’édition donnée en 1718 par dom Bouillart, qui s’élève de façon assez vive contre les leçons de Sollier. Voir les prolégomènes du bénédictin, ibid., t. cxxiii, col. 583-598. Sur les martyrologes en général voir le travail capital de dom H. Quentin, Les martyrologes historiques.

É. Amann.


USURE. --Le dictionnaire de Littré définit ainsi l’usure ; « Proprement toute espèce d’intérêt que produit l’argent. Par extension, profit qu’on retire d’un prêt au-dessus du taux légal ou habituel. » C’est dans le premier sens que le mot est ici employé, quel que soit le taux du prêt. En d’autres termes on étudie avant tout ici la question de la légitimité du prêt à intérêt.


I. La formation de la doctrine ecclésiastique sur l’usure. —
II. La doctrine ecclésiastique sur l’usure à l’époque classique (xiie -xve siècle) (col. 2236). —
III. La doctrine à partir du xvie siècle (col. 2372).

I. LA FORMATION DE LA DOCTRINE ECCLÉSIASTIQUE SUR L’USURE.

On étudiera successivement :
I. L’antiquité biblique.
II. L’antiquité grecque (col. 2318).
III. L’antiquité latine (col. 2320).
IV. L’antiquité chrétienne (col. 2323).
V. Le haut Moyen Age (col. 2333).

I. L’antiquité biblique. L’Ancien Testament.

Généralités.

Dans la pensée du peuple d’Israël, le prêt d’un objet quelconque était un service que l’on rendait et que l’on devait rendre gratuitement à ses voisins. L’idée du prêt gratuit est enracinée au plus profond des tendances sémitiques : fraternité religieuse, solidarité de la race, amour des frères nécessiteux, pitié pour les pauvres, devoirs des riches envers eux. Johann Hejcl, Das alltestamentliche Zinsverbot im Lichte der ethnologischen Jurisprudenz