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URBAIN DE SICCA VENERIA

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évêque avait fait naître à Rome. » Le catholicisme de saint Augustin, t. ii, p. 449.

La discussion porta, aussitôt après, Mansi, t. iv, col. 403 sq., sur l’authenticité des canons que Rome invoquait à l’appui de ses demandes 1 et 3. Une enquête sommaire avait été faite, d’où il résultait que les textes allégués par le Saint-Siège ne figuraient pas dans les Actes de Nicée conservés à Carthage. Alype proposa donc qu’une demande fût adressée à Constantinople, à Alexandrie et à Antioche pour avoir une copie authentique des canons du grand concile ; de son côté le pape Boniface procéderait à la même vérification. En dépit des protestations de l’évêque Faustin, ibid., col. 405, qui aurait voulu que le pape fût seul chargé de cette enquête, le concile, docile aux suggestions d’Alype et d’Augustin, qui intervint dans le même sens, maintint le point de vue d’abord proposé ; il se déclarait prêt, d’ailleurs, à observer jusqu’à plus ample informé les canons allégués par Rome. On s’en tiendrait purement et simplement, par la suite, aux canons authentiques de Nicée. De fait, les Africains écrivirent à Cyrille d’Alexandrie et à Atticus de Constantinople, qui répondirent l’un et l’autre. Mansi, t. iii, col. 835 et 838 ; t. iv, col. 513-514. En somme le conflit qui aurait pu éclater entre Rome et Carthage était provisoirement écarté. Ici se termine l’affaire d’Urbain de Sicca ; mais la question soulevée par l’appel d’Apiarius devait avoir, un peu plus tard, des rebondissements inattendus.

Ce prêtre qui avait réussi à trouver une place à Tabraca, s’y conduisit de telle manière qu’il fut à nouveau excommunié. Comme la première fois, il partit pour Rome, se pourvut auprès du pape Célestin, qui depuis septembre 423 remplaçait Boniface. Comme la première fois, il réussit à surprendre la bonne foi de Célestin qui le reçut à la communion et l’adressa au primat de Carthage, Aurèle, pour que celui-ci procédât à sa réhabilitation. Cf. jaffé, Regesta, n. 307. Ce devait être au début de 425. Chose plus grave encore, le pape fit accompagner l’intrigant personnage par ce même Faustin qui, en 418, avait laissé aux Africains un si fâcheux souvenir ; l’évêque italien devait demander l’annulation de la sentence portée contre Apiarius.

Il se présenta, plus tranchant que jamais, devant le concile qu’Aurèle réunit à Carthage en 425 ou 420, et dont on ne connaît les actes que par la lettre synodale adressée au pape Célestin. Mansi, t. iv, col. 515 ; cf. t. III, col. 839. Sur un ton fort offensant pour les évêques, il exigea, au nom des prérogatives de l’Eglise romaine, que l’on rendît la communion à Apiarius, puisque l’évêque de Rome la lui avait rendue. Les Africains ne tinrent aucun compte de ces dires ; ils entendaient bien n’innocenter qu’à bon escient le prêtre condamné, en faisant état de toutes les accusations que portaient contre lui les gens de Tabraca. Au cours des audiences successives, le légat Faustin ne se fit pas faute d’intervenir à temps et à contretemps en faveur de l’accusé. Il en fut pour sa courte houle, car, après avoir longtemps plaidé non coupable. Apiarius B’effondra soudain et avoua tous les crimes qu’on lui reprochait. L’affaire se liquidait d’elle m’me ; a ce quc le pape n’en ignorât, les procèsverbaux de l’audience, décida let concile, seraient envoyés a Home. Tous ces renseignements dans le synodale citée ci dessus.

Mais en même temps les Africains voulurent profiter de l’occasion poUT en finir du même coup avec la question de droit. Une synodale fut expédiée au pape Célestin. Après avoir exprimé a l’évêque de Rome l’hommage d’une déférence assez sèche (Batiffol), et s’être plainte de la manière dont Faustin s’était acquitté de son mandat, elle priait le pape de ne plus prêter trop facilement l’oreille à ceux qui venaient d’Afrique à Rome et de ne plus admettre à la communion les excommuniés, fussent-ils évêques ou prêtres. La règle sur ce point avait été posée par le canon 5 de Nicée, d’après lequel les prêtres ou laïques excommunies ne devaient pas être reçus à la communion par d’autres évêques, leur appel ne pouvant être porté que devant le concile provincial. (Voir ce texte ici, t. xi, col. 410). Très consciemment, les Africains étendaient, d’ailleurs, aux causes épiscopales les prescriptions qui, dans le canon de Nicée, ne visaient que les clercs de second rang et les laïques. La synodale continuait : l’acceptation d’un appel est un empiétement sur les droits de l’Afrique et les textes de Nicée (en réalité de Sardique) dont Rome se réclame ne sont point de ce concile. Au surplus le pape était prié de ne plus envoyer de légats en Afrique, n’y ayant point de textes conciliaires qui donnassent ce privilège à l’évêque de Rome : ut aliqui lanquam a tuse sanctitalis laterc mittantur nulla invenimus palrum synodo constitution. Moins encore le pape devait-il expédier des executores de ses sentences, c’est-à-dire des gens venant faire entériner par l’Église d’Afrique et faire exécuter, au besoin en s’adressant à l’autorité civile, des jugements rendus en dehors d’elle ; ce typhus sa>culi, cet orgueil du siècle, n’était pas de mise dans l’Église de Dieu. Quant à Faustin, on aimait à penser que le pape, dans sa loyauté, sa modération et sa charité fraternelle, en épargnerait désormais la présence à l’Église d’Afrique I

Cette lettre qui se donne comme la synodale d’un concile plénier d’Afrique est signée du primat de Carthage, Aurèle, après le nom duquel se lisent les signatures de quatorze évêques fort obscurs. Si Augustin et son ami Alype avaient pris part à la réunion et à la confection de la synodale, il serait bien extraordinaire que leurs noms ne fussent pas cités. Au fait l’esprit passablement agressif dont témoigne cette lettre n’est pas celui qu’avaient montré, à la réunion de mai 419, les deux évêques en question. L’un et l’autre avaient alors proposé qu’une enquête fût faite sur les soi-disant canons de Nicée (en réalité de Sardique) auxquels Borne se référait ; mais ils avaient demandé aussi qu’en attendant les résultats de ces recherches on donnât au Saint-Siège une satisfaction provisoire.

De fait, en une affaire qui se place entre les deux actes de la tragi-comédie d’Apiarius, Augustin avait montré comment il concevait l’intervention du Saint-Siège en Afrique. L’évêque d’Hippone la raconte avec beaucoup de détails dans la lettre CCIX, adressée au pape Célestin, antérieurement à la seconde phase de l’affaire Apiarius. Texte dans P. /… t. xxxin. col. 953 957. Au peuple du caslclliuu de l’ussala, une paroisse de son diocèse d’Hippone qui s’était convertie du donatisme au catholicisme, Augustin avait été amené par les circonstances à donner un évêque en la personne d’un jeune lecteur. Antonius. qui avait été membre de la communauté monastique d’Hippone. Le nouvel évêque ne tarda pas à ameuter contre lui une bonne partie de son troupeau. Portées à Hippone, ces accusations furent discutées en un concile qu’u gustin présida lui-même. La sentence rendue main tint Antonius dans sa dignité épiscopale, mais lui relira sa juridiction sur l’ussala. où l’on ne voulait plus de lui. C’était une cote mal taillée ; Antonius ne tarda pas à se prévaloir de ce qu’il appelait une contradiction de ses juges ; il saisit de sa plainte le primai de Nu mi die. Celui d se laissa persuader du bien fondé de la cause d’Antonius et écrivit au pape Boniface pour la lui recommander. L.n d’autres ternies le primat de Numidie, saisi en appel de l’affaire, la transmette !  ! à Borne pour un nouveau jugement. Le pape donna