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1607 TRINITÉ. LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 1608


et au nom de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, qui s’est incarné, est mort et est ressuscité, et dans l’Esprit-Saint de Dieu… Quand nous sommes régénérés par le baptême qui nous est donné au nom de ces trois personnes, nous sommes enrichis dans cette seconde naissance des biens qui sont en Dieu le Père par le moyen de son Fils avec le Saint-Esprit. Car ceux qui sont baptisés reçoivent l’Esprit de Dieu, qui les donne au Verbe, c’est-à-dire au Fils, et le Fils les prend et les offre à son Père, et le Père leur communique l’incorruptibilité. Ainsi donc, sans l’Esprit, on ne peut voir le Verbe de Dieu, et sans le Fils, nul ne peut arriver au Père, puisque la connaissance du Père c’est le Fils, et la connaissance du Fils de Dieu s’obtient par le moyen de l’Esprit-Saint ; mais c’est le Fils qui, par office, distribue l’Esprit selon le bon plaisir du Père, à ceux que le Père veut et comme le Père le veut. » Démonstr., 3 et 7 ; trad. Barthoulot, dans P. O., t. xii, p. 758 sq.

Ce dernier passage est particulièrement intéressant, puisqu’il nous fait connaître le rôle des trois personnes divines dans l’œuvre de la sanctification. Toutes trois y collaborent, comme toutes trois ont été invoquées sur le néophyte au jour de son baptême ; et l’on discerne une certaine hiérarchie entre elles : le Saint-Esprit nous conduit au Fils, et le Fils nous conduit au Père. Ces formules ne nous sont pas étrangères ; elles développent seulement les enseignements du IVe évangile et saint Irénée les emploie, sans commentaire, dans un petit traité destine aux commençants. On peut voir, dans la simple netteté de ses affirmations la preuve que nous sommes ici en face d’une doctrine indiscutée dans l’Église.

2° Le symbole.

Les origines du symbole sont encore plus ou moins obscures. En toute hypothèse, il est assuré qu’avant la fin du Ier siècle, les principaux articles de la foi chrétienne étaient condensés en de brèves formules de foi et qu’on exigeait des candidats au baptême la récitation de ces formules pour bien s’assurer de leurs dispositions. Leur texte exact ne nous a pas été transmis, mais nous savons que le dogme trinitaire en formait l’armature.

Saint Justin par exemple résume ainsi, dans la première Apologie les principaux dogmes chrétiens : « Nous l’avouons, nous sommes les athées de ces prétendus dieux, mais non pas du Dieu très véritable, père de la justice, de la tempérance et des autres vertus, en qui ne se mélange rien de mal. C’est lui que nous vénérons, que nous adorons, que nous honorons en esprit et en vérité ; et aussi le Fils, venu d’auprès de lui et qui nous a enseigné cette doctrine, et l’armée des autres bons anges qui l’escortent et qui lui ressemblent et l’Esprit prophétique. » Apol., i, 6. De même un peu plus loin : « Nous ne sommes pas athées, nous qui vénérons le Créateur de cet univers… et nous vous montrerons aussi que nous avons raison d’honorer celui qui nous a enseigné cette doctrine et qui a été engendré pour cela, Jésus-Christ, qui a été crucifié sous Ponce-Pilate, gouverneur de Judée au temps de Tibère César ; on nous a appris à reconnaître en lui le fils du vrai Dieu, et nous le mettons au second rang, et, en troisième lieu, l’Esprit prophétique. » Apol., i, 1 3.

Il n’y a pas là des textes officiels, mais des allusions à de pareils textes ; et nous voyons que les trois personnes divines y sont mentionnées l’une après l’autre à leur rang. La mention des anges, entre le Fils et le Saint-Esprit peut nous étonner ; en réalité elle est appelée, dans la pensée de l’apologiste, par le nom d’ange du grand conseil donné au Fils et par le désir de ne rien omettre d’essentiel dans l’exposé de la doctrine : les anges servent le Fils et l’escortent ; ils doivent donc être mentionnés après lui ; mais il est évident qu’ils ne sauraient être mis au rang des personnes divines ou confondus avec elles. Les chrétiens n’adorent, au sens strict, que le Père, le Verbe et l’Esprit prophétique.

Saint Irénée, dans la Démonstration, vi, est plus détaillé : « Voici l’enseignement méthodique de notre foi, la base de l’édifice et le fondement de notre salut : Dieu le Père, incréé, inengendré, invisible. Dieu unique, créateur de tout ; c’est le premier article de notre foi. Quant au second article, le voici : c’est le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui est apparu aux prophètes en la forme décrite dans leurs oracles et selon l’économie spéciale du Père ; (le Verbe) par qui tout a été fait et qui, dans la plénitude des temps, pour récapituler et contenir toutes choses, s’est fait homme, né des hommes, s’est rendu visible et palpable, afin de détruire la mort et de montrer la vie et de rétablir l’union entre Dieu et l’homme. Quant au troisième article, c’est le Saint-Esprit, qui a parlé par les prophètes, a enseigné à nos pères les choses divines et a conduit les justes dans la voie de la justice ; c’est lui qui, dans la plénitude des temps, a été répandu d’une manière nouvelle sur l’humanité, tandis que Dieu renouvelait l’homme sur toute la terre. » P. O., t. xii, p. 760.

Le Contra hæreses, I, ix, expose la même doctrine : « L’Église, bien qu’elle soit répandue dans tout l’univers jusqu’aux extrémités de la terre, a reçu des apôtres et de leurs disciples la foi en un seul Dieu, Père tout-puissant qui a fait le ciel et la terre et les mers et tout ce qui s’y trouve ; et en un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui s’est incarné pour notre salut, et en un Esprit-Saint, qui, par les prophètes, a annoncé les économies et les avènements et la naissance virginale et la passion et la résurrection d’entre les morts et l’ascension corporelle dans les cieux du bien-aimé Christ Jésus, notre Seigneur et sa parousie, quand, des cieux, il apparaîtra à la droite du Père pour tout restaurer et ressusciter toute chair de toute l’humanité… » P. G., t. vii, col. 545.

Ce dernier texte est remarquable à plus d’un titre. Les historiens du symbole ont surtout noté que les développements christologiques y prennent place après l’affirmation des trois personnes divines et se rattachent de manière plus ou moins naturelle, à l’article sur le Saint Esprit. Nous serons ici plutôt attentifs à la netteté du schéma trinitaire. Le Père, le Fils de Dieu, l’Esprit-Saint, tels sont les trois fondements inébranlables de la foi crue et enseignée dans toutes les Églises du monde.

Chez Tertullien, les formules abondent, et l’on n’a que l’embarras du choix, lorsqu’on ne peut toutes les citer et les commenter. Voici du moins celle qui figure dans Adversus Praxean, 2.

« Unum quidem Deum credimus, sub hac tamen dispensatione quam oîxovofjuav dicimus, ut unici Dei sit et Filius sermo ipsius, qui ex ipso processerit, per queni omnia facta sunt et sine quo factum est nihil. Hune missum a Pâtre in virginem, ex ea natum, hominem et Deum, fllium hominis et filium Dei, et cognominatum Jesum Christum ; hune passum, hune mortuum et sepultum secundum Scripturas et ressuscitatum a Pâtre et in cælo resumptum sedere ad dexteram Patris, venturum judicare vivos et mortuos ; qui exinde miserit, secundum promissionem suam, a Pâtre Spiritum sanctum Paracletum, sanctificato. -em fidei eorum qui credunt in Patrem et Filium et Spiritum Sanctum. Hanc regulam ab initio evangelii decucurrisse, etiam ante priores quosque hæreticos, neduin ante Praxean hesternum, probabit tum ipsa posteritas omnium hæreticonim quam ipsa novellitas Praxeæ hesterni. » P. L., t. ii, col. 157 ; cf. De preescriptione, 13 et 36 ; De virginibus velandis, 1 ; Adversus Praxean, 30 ; et pour le commentaire de ces formules, A. d’Alès, La théologie de Tertullien, p. 256 sq.

Enfin, la Tradition apostolique de saint Hippolyte nous fait connaître, avec précision, les interrogations auxquelles étaient soumis les candidats au baptême et les réponses qu’ils devaient faire au moment même de leur entrée dans l’Église :

« Tune descendat (baptizandus) inaquas ; presbyterautem manum suam capiti ejus imponat eumque interroget his verbis : « Credisne in Deum Patrem omnipotentem ? » et baptizandus dicat : « Credo » (et tune presbyter) manum