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donner des cours supérieurs aux étudiants qui ont achevé le cycle philosophico-théologique (six ans) prévu par le canon 1365, pourraient continuer à le faire, jusqu’à nouvel avis, à condition de mettre leurs statuts en accord avec la constitution.

D’autres modifications ou précisions étaient apportées, soit dans un but d’unification (car la valeur des diplômes était très variable selon les universités), soit dans un but de revalorisation des grades. Il était dit en particulier : 1. que toute érection canonique et toute la direction des universités et facultés était réservée à la S. Congrégation : programmes et études doivent avoir son approbation. — 2. Les facultés érigées dans les universités civiles doivent se conformer à la constitution, tout en tenant compte des concordats en vigueur (art. 11). Ainsi, le fait qu’un établissement a qualité d’université d’État ne dispense pas de l’observation des règles promulguées en ce qui concerne les « études ecclésiastiques ». Les universités « libres » ne sont donc pas les seules visées.

— 3. Le grand chancelier est l’Ordinaire du lieu, sauf disposition contraire, art. 14. Le chancelier est surtout chargé des relations avec la S. C. des Universités. Le recteur gouverne inimédiatement l’Université et envoie chaque année à Rome un rapport succint. Le rapport triennal, plus copieux, est à la charge du chancelier (Ordin., art. 5 et 6). — 4. En ce qui concerne les grades : le baccalauréat exige deux ans d’études pour la théologie, une année pour le droit canonique ; deux années pour la philosophie et une pour les études bibliques. La licence est obtenue lorsqu’au temps requis pour le baccalauréat on ajoute : deux ans en théologie, un an en droit canonique, un an en philosophie et un an pour les études bibliques. Le temps exigé pour le doctoral est au total : cinq ans en théologie ; trois en droit canon ; quatre en philosophie ; trois dans les Instituts biblique, oriental et d’archéologie. — 5. Le doctorat comporte une dissertation écrite (thèse) et en partie imprimée. Outre la soutenance, une autre épreuve publique est prévue pour le candidat (art. 46).

Ce sont là des innovations ou des perfectionnements qui auront d’heureux effets sur la tenue de l’enseignement sacré et l’estime accordée aux grades canoniques.

Pour terminer, rappelons la lettre de la S. C. des Évèques et Réguliers du 21 juillet 1896, interdisant aux clercs séculiers et aux religieux de fréquenter les universités d’État sans l’autorisation de leur Ordinaire, sauf s’il s’agit de réguliers appartenant à un Institut enseignant. Cette lettre, bien qu’adressée aux évêques et supérieurs religieux d’Italie, reste une directive qui n’a pas été abrogée. Gasparri, Fontes, t. iv, n. 2031.

Mentionnons enfin la lettre adressée par la S. C. des Séminaires et Universités aux recteurs des facultés catholiques pour leur signaler en huit propositions une sorte de Syllabus des erreurs nazies (Il mai 1938). Ce document et son mode de promulgation rappelle les temps glorieux du rayonnement des universités, alors que les papes promulguaient leurs actes les plus solennels en les envoyant à ces établissements de haute culture.

On trouvera ci-joint le tableau des universités et facultés d’études ecclésiastiques érigées ou approuvées après la constitution Deus scienliarum. Au total 60 institutions, possédant 54 facultés de théologie, 20 de philosophie, 15 de droit canonique.

De ces établissements, 16 sont confiés à des religieux : 10 à la Compagnie de Jésus, 3 aux frères prêcheurs, 1 aux bénédictins, 1 aux oblats de Marie-Immaculée, 1 aux sulpiciens.

Il ne s’agit ici que d’établissements publics, c’est-à dire ouverts à tous les étudiants, et non d’instituts réservés aux ordres et congrégations religieuses. Les institutions qui sont des universités d’État (tout en possédant des facultés ecclésiastiques) ont été marqués d’un astérisque*. Les titres donnés aux divers établissements étaient valables en 1939. Ont-ils changé depuis les derniers événements ?

L’ouvrage capital sur ce vaste sujet est celui de Stephen d’Irsay, Histoire des universités françaises et étrangères des origines à nos jours, Paris, 1933. C’est à l’abondante bibliographie qui remplit de nombreuses pages du tome ii, que nous renvoyons. Le travail a été continué, en ce qui concerne les universités catholiques, par M. l’abbé René Aigrain, Les universités catholiques, Paris, 1935. Sur ce même sujet, signalons l’intéressante brochure de Mgr Baudrillart, Les universités catholiques æ France et de l’étranger, Paris, 1909. Comme ouvrage plus récent, le travail de M. Louis Grimaud, Histoire de la liberté d’enseignement en France, Grenoble, 2 vol. parus en 1944, devra contenir des indications concernant la vie actuelle des universités. Pour la mise à jour, la meilleure souræ est celle des Annuaires que publiaient régulièrement avant la guerre de 1939 les divers établissements de France et de l’étranger. Parus récemment : l’Annuaire des facultés catholiques de Lyon, 1945 ; Les facultés catholiques de Lille, Lille, 1944 et Mgr Calvet, Pourquoi les instituts catholiques ? Paris, 1946.

A. Bride.


URBAIN Ier (Saint), pape de 222 à 230 environ. Rien n’est plus obscur que l’histoire de ce pontificat, qui n’a laissé que des souvenirs légendaires. Des données anciennes, la meilleure est celle du Catalogue libérien, qui fournit pour la durée du pontificat 8 ans, Il mois et 12 jours et les dates consulaires 223-230 (qui ne cadrent pas tout à fait avec le chiffre de la durée). Mais le Liber pontificalis, dès sa première rédaction, nous introduit en pleine fantaisie. Selon lui Urbain aurait été confesseur de la foi sous Dioclétien. S’inspirant de là légende de sainte Cécile, il représente Urbain comme ayant converti et mené au martyre un très grand nombre de personnes, entre autres Valérien, époux de Cécile. Il le met également en rapport, d’une manière d’ailleurs indépendante de notre légende cécilienne, avec Tiburce, un des personnages de la même légende. Enfin, il le fait enterrer au cimetière de Prétextât (où se trouvait également le tombeau du même Tiburce). Tout cela est pure imagination ; la « confession » d’Urbain sous Dioclétien est un énorme anachronisme ; le pape Urbain a été inhumé non au cimetière de Prétextât, mais au cimetière de Calliste, où son inscription funéraire a été retrouvée : Oupëocvoç ètc(îctxo7toç). Quant à la légende de sainte Cécile, malgré les prodiges d’ingéniosité faits, il y a un demi-siècle, pour en sauver quelques données, elle s’avère de plus en plus comme étant une des plus médiocres parmi ces passions romanesques du ve siècle, sur lesquelles il est absolument impossible de rien édifier. Le P. Delehaye lui a porté en ces derniers temps, un coup définitif.

Dans la réalité, le pontificat d’Urbain se situe tout entier sous le règne de l’empereur Alexandre Sévère (222-235), qui était bien disposé à l’endroit des chrétiens et favorisa ceux-ci en diverses occasions. Il est à présumer que la communauté romaine n’eut point, sous ce règne, de démêlés avec l’autorité civile. Cependant le calme n’y était pas parfait. Commencé lors de l’avènement du pape Calliste (217), le schisme d’Hippolyte persévérait ; il devait continuer encore sous l’épiscopat de Pontien, successeur d’Urbain (230-235). Nous ne saurions dire si le pape Urbain prit des mesures pour le réduire. Les Fausses-Décrétales ont une lettre d’Urbain. Jaflé, n. 87. Elle n’a aucun rapport avec les événements réels qui ont pu se produire au cours du pontificat. Le Liber pontificalis fixe au 19 mai (xmi kal. jun.) la sépulture’d’Urbain ; par suite de combinaisons diverses, le calendrier romain