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réal ne possède que la faculté de théologie comme science ecclésiastique. Au point de vue profane, l’enseignement est complet dans les deux universités, qui ont un nombre considérable d’étudiants (plus de sept mille à Montréal en 1933).

L’université catholique de Manille aux Philippines, fondée en 1619, canoniquement érigée en 1645, fut déclarée université royale en 1785. Elle l’est restée depuis. À ce titre, elle n’a pas la qualité d’université libre, bien qu’elle soit pontificale depuis 1902. Elle a été réorganisée suivant la constitution Deus scienliarum de 1931.

5. En France, après la Révolution qui avait supprimé les anciennes universités, le monopole avait été établi par l’Empire. Cependant, sur l’initiative du cardinal Fesch, six facultés de théologie avaient été annexées aux universités de Paris, Aix, Bordeaux, Lyon, Rouen et Toulouse. Jamais elles ne fuient approuvées par le Saint-Siège parce qu’on y enseignait les articles de 1682. Parmi elles, seule celle de Paris (Sorbonne) avait quelque vie. Mais pas plus pour elle que pour les autres on ne put obtenir une approbation du Saint-Siège. Le ministre Freycinet les supprima toutes en 1886 en leur coupant les crédits.

Entre temps, la loi du 12 juillet 1875 ayant établi la liberté de l’enseignement supérieur, les fondations d’universités commencèrent la même année. Le législateur accordait trois choses dignes d’être soulignées : le titre d’université, pour les établissements groupant au moins trois facultés ; la possibilité d’être déclarés d’utilité publique ; la participation des maîtres à la collation des grades par l’institution de jurys mixtes.

Aussitôt des assemblées épiscopales régionales décidèrent la fondation d’universités telles qu’elles étaient définies par la loi. C’était une tache écrasante : il fallait tout créer, tout improviser, trouver des locaux, des bibliothèques, des laboratoires, recruter des maîtres, et aussi des étudiants, car on n’était pas fixé sur le nombre des universités à ouvrir, ni sur les territoires à attribuer à chacune d’elles. Cf. Mgr Baudrillart. Les universités catholiques de France et de l’Étranger, Paris, 1909, p. 68 sq.

Grâce à l’énergie du cardinal Guibert, de son coadjuteur Mgr Richard et plus encore de l’abbé d’HuIst, ^e futur recteur, la province ecclésiastique de Paris mit sur pied trois facultés : le 15 novembre 1875, celle de droit ouvrait ses portes, le 16 novembre celle des lettres et le 29 décembre commençaient les cours de sciences. L’inauguration solennelle de l’université eut lieu le 15 mars 1876. La faculté de théologie, conçue sur les bases françaises d’un enseignement supérieur et scientifique, après l’achèvement des cours réguliers du séminaire, trouvait à Borne des réticences, voire des oppositions. Ce n’est qu’en 1878 que le projet fut approuvé.

In essai de faculté de théologie fut tenté à Poitiers par Mgr Pie, selon la formule et les méthodes du Collège romain. Dès octobre 1875, elle reçut l’institution canonique. Mais elle n’eut jamais qu’une activité ralentie et ne survécut pas à son fondateur.

A Lille, l’université ouvrit ses poêles à la fin de 1.S70 avec les trois facultés de droit, lettres et sciences. A Angers, la fondation s’échelonna sur trois années : le droit en novembre 1875, les lettres en 1876 et les sciences l’année suivante. Mgr Freppel avail lait tout son possible pour rallier a sa circonscription univer sitaire les provinces de Tours. Bordeaux et les cinq

diocèses bretons. C’est seulement en 1913 que Boine décida le rattachement de ces derniers a Angers. Les

autres s’étaient partagés entre Toulouse et Paris.

A Lyon aussi, on Voulut faire vite, au moins pour (iccr de suite une faculté de droit, qui manquait a l’université d’État. Mais l’autorité académique refusa

de se laisser gagner de vitesse : les deux facultés « libre » et officielle ouvrirent leurs portes à l’automne de 1875. Les facultés catholiques de lettres et sciences suivirent en 1876, cependant qu’une école supérieure de théologie (érigée en faculté neuf ans après) fonctionna dès 1877.

A Toulouse on fit également assaut de diligence et d’audace : la faculté de droit ouvrit ses cours le 15 novembre 1877, les lettres l’année suivante et la théologie en 1879. Dans l’ensemble, malgré les improvisations, c’était une belle réussite.

La liberté conquise en 1875 était cependant loin d’être assurée. Dès 1876 les assauts commencèrent contre ce que Gambetta appelait la « loi désorganisatrice » ; il se proposait de la faire abroger. Le projet n’aboutit pas complètement. Cependant la loi du 18 mars 1880 retirait brutalement les principaux avantages accordés cinq ans auparavant : le titre d’université était enlevé à tous les établissements libres d’enseignement supérieur. Aucun d’eux ne pouvait être reconnu d’utilité publique qu’en vertu d’une loi. Les jurys mixtes étaient supprimés : tous les examens en vue des grades devaient être subis devant les facultés d’État.

On aurait pu craindre la ruine de l’œuvre entreprise. Que vont devenir les facultés libres ? se demandait Mgr d’Hulst dans une brochure parue en 1880. Mais la réponse n’était pas dans le sens de l’abandon. Il fallait, dit-il, poursuivre l’entreprise : la perte decertains avantages serait compensée par un accroissement de liberté.

Contre vents et marées, l’œuvre des instituts catholiques s’est poursuivie. Elle a fait et continue à faire de beau travail tant au point de vue scientifique que religieux. Cf. René Aigrain, Les universités catholiques, p. 41 sq., et Mgr Baudrillart, op. cit., p. 97 sep II y eut bien des heures sombres pour chacun de ces établissements. L’histoire fera le bilan des erreurs ou des insuffisances. Mais à l’actif restera un beau palmarès d’activités et de succès, qui a fait mentir le pronostic de Gambetta traitant dédaigneusement la loi de liberté de l’enseignement supérieur de « loi de l’enseignement inférieur » (le 6 février 1876).

6. Il nous faut, par raison de brièveté nécessaire, nous borner a une simple énuméralion des universités catholiques qui naquirent et se développèrent hors de France après 1875. La loi française ne les touchait aucunement, il est vrai. Mais l’élan donné et l’effort fourni dans notre pays devait trouver ailleurs des imitations fécondes.

L’université de Beyrouth, confiée aux jésuites, reçut son institution canonique en 1881, avec les deux facultés de théologie et de philosophie. Une école de médecine et une autre de pharmacie lurent créées en 1888 et 1889. Chose curieuse : les diplômes de médecine sont délivrés au nom de l’État français, par un jury présidé par des professeurs de l’université officielle de Lyon.

Pour l’Amérique du Sud, Santiago du Chili fut Choisi comme siège de la première université catholique. Fondée en 1888 avec une simple faculté de droit, elle vil le nombre de ses chaires se multiplier dans de nombreuses branches du savoir : sciences physiques et mathématiques, architecture et beaux ails, chimie et électricité, agronomie, commerce, philosophie, médecine, pharmacie, etc. Le Saint-Siège l’a instituée canoniquement en 1930. Le nombre de ses étudiants atteint presque (rois mille.

Washington commença en 1889 par une faculté des sciences qui reçut du Saint-Siège le droit de conférer les grades. Les accroissements suivirent, mais lente

ment. On eùl pu craindre une catastrophe au début

de ce siècle. Mais le redressement est venu rapide