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comme son instrument docile. Mais bientôt, le nouveau gouvernement se crut mieux inspiré de s’emparer lui-même de ce monopole qui pouvait lui être utile. Mais, à la faveur d’une certaine liberté, deux tendances se firent jour dans l’Université : l’une ultramontaine, l’autre libérale. Cette dernière devait l’emporter avec la révolution de Juillet. On songea à décentraliser l’enseignement ; mais, par souci d’unité, l’Université fut maintenue, avec le monopole. Cependant en 1833 la liberté de l’enseignement primaire fut acquise.

La révolution de 1848 marqua le triomphe du libéralisme dans toute l’Europe. Et pourtant, en dépit des affirmations que contenait la constitution républicaine sur la liberté d’enseignement, le gouvernement ne céda pas sur le monopole. Il fallut attendre l’avènement des hommes qui firent plus tard le coup d’État du 2 décembre, pour obtenir la loi Falloux qui consacrait la liberté de l’enseignement secondaire. Et ce ne fut qu’en 1875 que fut votée, sous la IIIe République, la liberté de l’enseignement supérieur.

Actuellement, la France, au point de vue universitaire reste divisée en dix-huit académies, à la tête desquelles est placé un recteur, assisté d’autant d’inspecteurs qu’il y a de départements dans la circonscription. Auprès de chaque recteur fonctionne un conseil d’académie. Le grand maître de l’Université est le ministre de l’Instruction publique (aujourd’hui Éducation nationale). Les chef-lieux d’académie sont dotés d’une université. Il y a des universités -qui possèdent cinq facultés (lettres, sciences, droit, médecine, pharmacie) ; d’autres trois, et quelques-unes seulement deux. Une seule université, Strasbourg, possède sept facultés, la théologie tant catholique que protestante étant demeurée comme sous le droit concordataire. Les dix-huit universités (ou académies) de France sont : Aix, Alger (depuis 1849), Besançon, Bordeaux, Cæn, Chambéry, Clermont, Dijon, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nancy, Paris, Poitiers, Rennes, Toulouse, Strasbourg (1918).

En Belgique, la célèbre université de Louvain, après s’être vu imposer le protestantisme par le roi de Hollande, fut émancipée par la révolution de 1830, qui proclama, en même temps que l’existence de la Belgique, la liberté d’enseignement. Une université catholique fut créée en 1834 à Malines, puis transférée l’année suivante à Louvain, Pendant ce temps, la libre-pensée fondait l’université de Bruxelles.

La Suisse accuse deux fondations universitaires au xixe siècle : Zurich (1832) et Berne (1835). En revanche Genève n’a plus que le titre d’académie.

Les universités espagnoles du xviiie siècle avaient été très retardataires, soit dans leur organisation, soit dans leur enseignement. Les réformes entreprises au siècle suivant furent calquées sur celles des pays étrangers et s’inspirèrent de principes étatiques. En 1821, le ministre Caballero avait supprimé onze universités secondaires (Avila, Bæza, Gandia, Osma, Tolède, etc.). Après une deuxième épuration en 1824, il ne restait que Salamanque, Valladolid, Valencia, Cervera, Santiago, Sarragosse, Huesca, Séville, Grenade et Oviedo, soit dix en tout. En 1837, l’université de Barcelone fut ressuscitée, elle absorba Cervera et Huesca. Madrid à son tour, fondée à cette époque, absorba Alcala. Trois ans plus tard furent abolies les facultés de théologie qui existaient à Madrid, Oviedo, Séville, Valladolid et Sarragosse. En 1933, il n’y avait plus en Espagne qu’une seule faculté de théologie canoniquement érigée et pouvant donner des grades en cette science.

En Italie, comme en Espagne, les universités s’étaient figées dans des formules antiques et peu adaptées. Ce qui n’empêcha pas les idées libérales de s’y développer sourdement. De là des conflits inévitables. L’université de Turin fut fermée en 1821, les étudiants ayant manifesté des idées trop avancées au gré de l’occupant autrichien. Rouverte en 1823, elle fut de nouveau fermée en 1831, à la suite de nouveaux troubles. Gênes et Modène connurent des vicissitudes semblables. En 1824, une bulle de Léon XII avait réorganisé les universités de Rome, Urbino et Pérouse. Après la chute du pouvoir pontifical, il n’y eut plus de facultés de sciences sacrées dans les universités d’État italiennes, sauf à la Sapience. Cette dernière cessa de pouvoir donner des grades canoniques à partir de 1931.


II. Les universités catholiques.

Sous cette dénomination, il faut entendre exclusivement celles qui sont reconnues comme telles par le Saint-Siège et acceptées comme membres de la Fédération internationale des universités catholiques. Ce sont d’abord des universités « libres », c’est-à-dire qui ne sont pas d’État ; mais les deux termes « libre » et « catholique » ne sont pas synonymes, car il y a effectivement des universités autonomes qui ne sont pas catholiques (telle l’université de Bruxelles, fondée par des librespenseurs). Ne sont pas catholiques, au sens où nous l’entendons, les universités officielles (d’État), même si l’on y donne un enseignement confessionnel ou si elles sont dotées de facultés de théologie, droit canonique, etc. ; c’est le cas de nombre d’établissements supérieurs d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne et, chez nous, de l’université de Strasbourg.

L’idée des universités catholiques s’est imposée le jour où les universités existantes non seulement ont fait abstraction de l’Église et de sa doctrine en supprimant les chaires de sciences religieuses, mais encore ont donné un enseignement plus ou moins hostile à cette même doctrine, en s’écartant du spiritualisme chrétien.

L’Église ayant reçu de son divin fondateur la mission universelle d’enseigner, s’en est acquittée dans tous les temps et sous toutes les latitudes. Le haut enseignement a toujours été l’objet de ses soins, ainsi que nous l’avons vu. C’est pourquoi, au Moyen Age, elle fonda des universités, qu’elle défendit ensuite et souvent entretint de ses deniers. À cette époque, le qualificatif de « catholique » ajouté au mot université n’eût été qu’un pléonasme. Les universités étaient catholiques, comme l’Église qui les avait semées. Elles participaient quelque peu à son universalité et aussi à son unité, car tous ces établissements de hautsavoir n’étaient alors que les diverses maisons de cette université unique, enseignant au nom de l’Église aux étudiants du monde entier. Est-ce que quelques-uns de ses professeurs n’obtenaient pas l’autorisation enviée « d’enseigner partout, en tous les lieux de la terre », licentia docendi hic et ubique terrarum ?

La constitution des nationalités rompit cette unité. Les universités se détachèrent de l’Église et devinrent tributaires du gouvernement de leur pays. Les chefs d’État se les annexèrent progressivement pour en faire des instruments dociles entre leurs mains, et aptes à servir leurs desseins.

Lorsque ces desseins furent hostiles à l’Église, ou même visèrent à établir l’indifiérentisme religieux, alors l’enseignement de la vérité révélée, même au degré supérieur, s’imposa à l’Église. Le moyen qu’elle jugea le plus approprié au xixe siècle fut la fondation des universités catholiques.

Ce que ne sont pas les universités catholiques.

Pour répondre à des objections qui ont été formulées hier et aujourd’hui contre leur création ou leur maintien, soit par des incroyants, soit même par des croyants, nous dirons tout d’abord ce que les universites catholiques ne sont pas et ne veulent pas être.