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UNIVERSITES. DEVELOPPEMENTS


outre, Jean Hus se fit, dans les pays danubiens, le champion des idées wicléfiennes. Ce fut une période de troubles politiques, sociaux et’intellectuels, car les questions nationales se mêlaient aux questions de doctrine. Jean Hus, devenu recteur de Prague, ayant manifesté un chauvinisme outrancier en faveur des Tchèques, les Allemands se retirèrent en masse ; et ce fut l’origine de la fondation de l’université de Leipzig (1409).

Au déclin du xive siècle, l’autonomie des universités est en péril du fait de la mainmise croissante de l’autorité séculière. Parallèlement, l’influence de l’Église va s’amenuisant et le mouvement s’accélère du fait de la déchéance de l’autorité pontificale. Désormais, les universités ne sont plus des organismes qui appartiennent avant tout à l’humanité et au monde comme au xiiie siècle. Leur caractère international ou supra-national a été remplacé par une insertion marquée dans la vie nationale. Elles ne forment plus un « État », mais sont devenues « des institutions d’État, des sociétés nationales ». Cf. St. d’Irsay, op. cit., t. i, p. 198.

3. Le a ie siècle. — Après la fondation de Leipzig (1409), le mouvement universitaire, si longtemps paralysé, prend de l’ampleur sur les terres d’Empire. Rostock est de 1419 ; les démêlés du studium avec la municipalité l’obligent à se déplacer à Lubeck, puis à Greifswald, dans le futur duché de Prusse. Une université prend naissance dans cette dernière ville. Fribourg-en-Brisgau (1457) est l’université fréquentée par les étudiants du Brisgau, de l’Alsace et de l’Autriche.

En 1477 le mouvement a atteint les pays Scandinaves ; deux établissements : Upsal, puis Copenhague sont fondés (1478).

En France, on signale les universités nouvelles de Grenoble (1339) et d’Annecy, sans parler de celle d’Avignon (1303), qui n’est pas en terre française. Paris est en décadence ; il y a moins d’étudiants, par suite de la Grande Peste (1348-1349) ; les étrangers se retirent, ayant des fondations dans leur pays. On travaille moins, beaucoup de fêtes en cours d’année, trop d’amusement et d’oisiveté. Tout cela appelait une réforme ; ce fut l’œuvre du cardinal d’Estouteville en 1452.

Néanmoins les fondations se poursuivent en France à un rythme accéléré : Cæn (1 145) et Nantes (1 161 I. Poitiers (1421), Bordeaux (1441), Bourges (1463) ; Dôle en Franche-Comté (1423) est l’œuvre du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, comme Cæn doit sa naissance à Henri VI d’Angleterre, lui 1 181 la ville de Dôle est détruite parla guerre ; l’université se transporte à Besançon, où elle fusionne avec le studium existant. Des essais, qui n’aboutirent pas. axaient été tentes pour crier des universités à Lyon Nîmes A 1 1 ; i Narbonne et Besançon.

Le XV siècle est caractérisé par la richesse de dotation des fondations nouvelles ; on voulait les assurer

contre la pauvreté et l’indigence, qui avaient fail crouler des institutions comme Cracovie ou Vienne

au siècle précédent. La rançon de ces libéralités eût

I > 1 1 cire un progrès dans l’assujettissement au pouvoir

séculier, qui est ordinairement le bailleur de fonds. Néanmoins, même en Allemagne, aucune atteinte grave ne fut portée a l’autonomie universitaire. En France on enregistre des progrès sensibles réalises dans le domaine des facultés de médecine par l’intro dut lion de l’art chirurgical.

Les universités anglaises manifestent à cette époque deux tendances : décentralisation par la création de nouveaux collèges ; nationalisation par le départ volontaire ou l’expulsion des étudiants étrangers. Ain i s’expliquent, au moins en partie, les trois fon dations écossaises de Saint-Andrews (1413), de Glasgow (1450) et d’Aberdeen (1495).

Mais le trait le plus saillant est le nombre excessif des universités au xv siècle. Les conséquences sont la nécessité de multiplier les collèges pour essayer de maintenir le niveau du recrutement. Malgré tout, le nombre fies étudiants est en baisse : Paris et Bologne ne descendent pas au-dessous de six mille, Salainanque en conserve cinq mille, Oxford trois mille, Toulouse, Vienne et Leipzig environ deux mille. Mais le plus grave est la baisse du niveau intellectuel : pénurie de sujets et, dans certains cas, de maîtres et de moyens matériels, mais surtout absence d’entrain, d’émulation. Les universités sont encore des centres de vie intellectuelle ; mais elles laissent l’impression de ne plus dominer les circonstances et de ne plus donner d’orientation au monde. Cet te éclipse ne devait pas durer.

4. La Renaissance.

Les universités ne furent pas les dernières institutions à bénéficier du renouveau de vie que contenait l’humanisme. Les études et l’enseignement vont prendre un nouvel essor. L’Italie marche en tête, comme il convient.

A Bologne, l’université du droit, l’humanisme pénétra sous le couvert de l’enseignement des lettres ; ce ne fut pas sans quelque remous. Bessarion, envoyé en 1450 par Nicolas V, finit par calmer les esprits. Padoue, Pise, Pavie et Ferrare acceptèrent plus favorablement le courant nouveau. Quant aux petites et moyennes universités (Sienne, Arcz/o. Yerceil, Vicence, Pérouse, Turin, Catane…). elles n’arrivent pas facilement à trouver leur équilibre dans l’agitation qui les secoue ; elles disparaissent et réapparaissent plusieurs fois au cours du siècle. C’est Florence qui incontestablement est à l’avant-garde de la Benaissance italienne ; dans l’université, la philosophie néoplatonicienne était particulièrement florissante, grâce à l’académie de Marcel Ficin.

Rome avait eu au Moyen Age deux universités, l’une dite de la Curie romaine, fondée vers 1214, l’autre, la Sapience, créée par Boniface X" III en 1303. Cette dernière avait disparu lors du départ des papes pour Avignon. Eugène IV la ressuscita en 1 131 et Léon N lui adjoignit l’université de la Curie. Grâce aux encouragements, faveurs et libéralités d’Alexandre Y I et de Léon X, la Sapience devint la première université de la péninsule. D’ailleurs, au Cinquecento, Borne dépasse Florence, qui avait été le berceau de la Benaissance. Son rayonnement se fait sentir sur le monde entier. La Hongrie fut une des premières nations à s’épanouir au souille nouveau. Sous l’influence italienne, deux universités surgissent dans cepays ; Pozsony et Buda (cette dernière est plutôl une résurrection).

Au milieu de l’élan qui emporte les esprits vers un renouveau issu de l’antique, quelques îlots conservent une empreinte moyenâgeuse, en particulier l’université de Couvain, fondée en 1 125. Dès l’origine elle cultive les belles-lettres, mais c’est seulement à la fin du xv siècle (vers ! 190) qu’elle devient, avec l’arrivée d’Érasme, un centre d’humanisme. La fondation du célèbre collège des Trois Langues assure à l’université une renommée mondiale dans le domaine de la philologie. L’imprimerie qui vient d’être découverte à cette heure est patronnée par les universités (Louvain, Oxford, Toulouse et surtout Paris).

C’est vers ce même temps que Paris s’enrichit d’une fondation qui n’est pas une université nouvelle, mais

plutôt une annexe « le celle-ci, analogue au Trilingue de Louvain : c’est le Collège de France, œuvre com uiune de François T r et de l’helléniste Guillaume Rude (I53D. L’hostilité, puis les attaques de la Sorbonne amenèrent, peu d’années après, la séparation totale