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UNITE DE L’EGLISE

UNIVERSITÉS

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mais, dans le domaine de la théologie, trois graves critiques peuvent être formulées : « Cette théologie, tout comme l’idée même de la Haute-Église, cherche sa règle dans un principe critique qui relève de l’humanisme plus que de la réalité ecclésiastique. » En conséquence, « cette position implique que l’Église n’est pas actuellement pleinement donnée dans son unité » ; car « la conception de l’Église totale comme une fédération d’Églises semblables ne donne pas toute la réalité à l’unité de l’Église ».

L’ecclésiologie orthodoxe repose sur un fondement excellent : l’Église, communion d’amour par le Saint-Esprit et corps mystique du Christ. C’est aussi, si l’on y réfléchit, le point de départ de l’ecclésiologie romaine. Mais, si nous tenons, avec les orthodoxes, toute la substance positive de cette ecclésiologie, nous y ajoutons quelque chose ; ou plutôt nous pensons qu’ils en soustraient quelque chose. Ce que nous ajoutons et ce qu’ils soustraient, ce sont les éléments propres de l’Église militante, les réalités que développe, dans l’Eglise de Jésus-Christ, sa condition d’Église de la terre, d’Église faite ex hominibus (p. 268). En entrant dans la logique de l’activité humaine, le corps mystique se produit dans une société de type humain ; et l’Église, devenant Église des hommes, réalise sa nature intime, qui est et demeure communauté de vie divine, « sous les espèces d’une société visible hiérarchiquement constituée » (p. 268). Or l’ecclésiologie orthodoxe ne semble pas tenir suffisamment compte du mode humain de cette réalité ecclésiastique.

Si, à ces remarques pertinentes, qui doivent servir tout d’abord à orienter la discussion, on ajoute les données positives de la Révélation, on aboutira à une conclusion que nul esprit de bonne foi ne récusera, c’est que » des chrétientés dissidentes, aucune n’a plus la réalité dernière par quoi l’Église achève de se constituer dans l’unité ; aucune ne peut faire, de la part d’humanité qu’elle réunit en un corps religieux, purement et simplement l’Église du Christ. Il y manquera toujours quelque chose. Mais il peut y manquer plus ou moins, selon qu’on aura gardé moins ou plus des principes par quoi Dieu veut réaliser l’humanité en l’Église ». P. 302.

Les chrétiens dissidents ne pourront trouver l’unité véritable que dans un œcuménisme catholique. Sans doute, les valeurs spirituelles conservées en dehors de l’Église catholique, en ce qu’elles ont de positif, sont d’authentiques - appartenances de l’Église du Christ. Mais l’Église catholique est plénitude dans l’unité. Cf. Otto Karrer, Le sentiment religieux dans l’humanité et le christianisme, tr. fr.. Paris, 1936, p. 235. Toutes les valeurs, en elle, existent et se développent dans la communion de tous les autres et du corps entier. On peut considérer les chrétiens séparés comme des membres imparfaits du christianisme et de l’Église. Le point ou ils doivent arriver, s’ils veulent réaliser l’œcuménisme véritable, c’est donc d’intégrer l’una catholica, une et catholique par sa plénitude même et sa totalité. C’est en se guérissant de leur particularisme, moins accentué chez les Églises d’Orient, plus destructif chez les protestants, que les Églises dissidentes conquerront l’œCUménicité à laquelle elles aspirent.

Voir sur ce dernier point, dans le recueil L’Église est une, l’art. Voies de l’unité du P. Max Pribille, avec la bibliographie. Outre Chrétiens désunis du P. Congar, on y indique : Auguste Senaud, Christian Unity. À bibliography (Genꝟ. 1937, World’s Comittee of Y. M. C. A.) ; M. Pribilla, (Um kirchliche Einheit, Stockholm, Lausanne, Rom, Fribourg-en-B., 1929 ; Mgr Besson, Après quatre cents ans, Lucerne-Genève, 1934 ; W.-A. Brown, The Church. Catholic and Protestant, New-York-Londres, 1935 ; A. Deissmann, Una Sancta, Gütersloh, 1936 ; A. Rademacher, Die Wieder vereinigung der christlichen Kirchen, Bonn, 1937 ; Ch. Journet, L’Église du Verbe incarné, t. i, Paris, 1911, p. 55 sq.

On recourra aussi aux auteurs cités au cours de l’article, notamment aux traités De Eclesia ; mais plus spécialement aux ouvrages spécialement consacrés à l’unité de l’Église. Chez les Pères : le De unitate Ecclesiæ de saint Cyprien et celui du pseudo-Augustin ; au moment de la crise protestante, les controverses de saint François de Sales, du cardinal du Perron, du théologien François Veron, des frères Wallenbourg, de Bossuet et surtout De l’unité de l’Église, de Nicole.

Au xixe siècle, l’ouvrage le plus marquant est le livre de Mœhler, Die Einheil der Kirche, Tubingue, 1821, complété par la Symbolik, 1932, dont les différents aspects ont été mis en relief dans l’Église est une, Paris, 1939 (trad. fr. de L’Unité de l’Église, Paris, 1838).

L’oecuménisme chrétien a provoqué plusieurs études sur l’unité de l’Église, en fonction, soit des thèses orthodoxes, soit des opinions anglicanes. Citons : Theoph. Spacil, Conceptus et doctrina de Ecclesia juxta theologiam Orientls separati, dans Orientalia christiana, 1924 ; Abbé Calvet, Le problème catholigue de l’union des Églises, Paris, 1921 ; Abbé Journet, L’union des Églises chrétiennes (sur le congrès de Stockholm), Paris, 1928 ; Mgr d’Herbigny (outre son ouvrage Theologica de Ecclesia), L’anglicanisme et l’orthodoxie gréco-russe, Paris, 1922 ; G. Coolen, L’anglicanisme d’aujourd’hui, Paris, 1932 ; Dr. Fr. drivée, Doctrina byzantina de primatu et unitate Ecclesiæ, Lubliana, 1921 ; Doctrina hodierna Orientis separati de Ecclesia’constitutione et de principio unitatis in Ecclesia (Acla IV convenlus Velehradensis) ; Sidoine Heurtevent, A. A., L’unité de l’Église du Christ, Paris, 1930 ; M. Jugie, A. A., Theologia dogmatica christianorum orientalium, t. iv, Paris, 1930 ; plusieurs articles du P. Tyszkiewicz, et notamment La théologie mœhlérienne de l’unité et les théologiens pravoslaves, dans L’Église est une, p. 270-29 1. Sur la position des protestants français, on lira Protestantisme français, éditions « Présences », Paris, 1945, IIIe, IVe et Ve parties.

Abbé Wadoux, documentation sur la Crise doctrinale et hiérarchigue de l’Église anglicane, dans Documentation catholique, t.xii, col. 673-703 ; 1139-1151 ; t. xiii, col. 545-576 ; 1313-1344 ; t. xiv, col. 999-1021.

On consultera, à propos de l’Unité chrétienne, une intéressante documentation publiée dans le n. du 16 février 1947 de la Documentation catholigue : I. Allocution de Mgr Charrière à Lyon, 26 janvier 1917. II. Les conférences théologiques et les cérémonies religieuses de Montauban pour l’unité de l’Église. 111. Les elîorts vers l’union des Églises en dehors du catholicisme (article de M. E. Aubert, publié dans les Collectanea Mechliniensia, juillet 1916, p. 369-387 : l’étude de ces efforts, poussée jusqu’en 19 10, complète les indications données dans notre article). IV. Les assemblées chrétiennes internationales de Genève de février 19 10.

A. Michel.


UNIVERSITÉS. - Le cadre limité de cet article ne permet pas de refaire une histoire détaillée de chacune de ces institutions, répandues aujourd’hui dans le monde entier. Nous nous bornerons à mettre en lumière ce qui intéresse le théologien, il surtout ce qu’il ne doit pas ignorer. Une place spéciale sera faite aux universités catholiques et aux facultés d’études ecclésiastiques telles que les conçoit la (’(institution Dcus scientiarum (21 mai 1931).
I. Les universités.
II. Les universités catholiques, col’2252.
III. Les facultés canoniques scion la constitution Dcus scientiarum, col. 2250.

I. Les universités : Généralités.

Le nom,

Il semble avoir été emprunté au langage juridique des Humains : uninersilas désignait (liez eux une communauté ou association, tn collège ou corps constitué dans un but quelconque (le mol espagnol universilad a conservé ce sens primitif). Au Moyen Aljc. le terme s’appliquait à toute corporation ou corps de métier : il y avait l’uninrrsilas mcrcaluruin. corporation des mai’chauds. Le pape Célestin III (1191-1 ION) a recours à ce mot pour désigner le chapitre de Besançon, dans une lettre qu’il lui adresse en lioi. Décret. Greg. IX, I. Y, ni. xxxix. c. 21. Cf. Jaffé, Regesta, t. m. n. 17 609.

Mais l’appellation fut réservée de préférence a la