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UNITÉ DE L’ÉGLISE. THÉOLOGIE CATHOLIQUE

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est affirmée dans l’autorité suprême visible, nécessaire pour proposer et déterminer les choses de la foi ; donc, unité de foi, a. 1, n. 12, raison du pouvoir d’enseignement concédé par le Christ à l’Eglise et au pontife romain, n. 2-4.

C’est encore dans le De fide que les Carmes de Salamanque exposent l’unité de l’Église. L’Église est une, parce qu’elle a un chef visible unique, auquel tous les autres membres doivent obéir, à qui il appartient de proposer les vérités à croire et de dirimer les controverses. L’unité de l’Église, en effet, ne peut subsister sans unité de foi et l’unité de foi requiert un juge suprême. De plus, toute l’Église forme le royaume du Christ, elle est son épouse unique, son bercail unique, son corps mystique unique, ainsi que l’enseigne l’Écriture. Il faut qu’à ce royaume unique, à cette épouse unique, à ce bercail unique, à ce corps mystique unique soit préposé un seul pasteur, une seule tête, à qui le peuple, l’épouse, les brebis et tous les membres doivent obéir. Le régime monarchique, étant le meilleur, était dû en convenance à l’Eglise. Disp. IV, dub. i, n. 1. Ces théologiens établissent ensuite la primauté de Pierre, n. 2. Pierre, ayant un successeur légitime, n. 3, lequel est l’évêque de Rome, n. 4, celui-ci succède à Pierre dans ses prérogatives de chef unique et de règle vivante de la foi, n. 5. La doctrine du corps mystique ou moral est exposée dans le De incarnalione, disp. XVI, dub. i, § 1, n. 1-5.

Pour Gonet, l’Église est une en raison de son principe unique : Dieu qui l’a voulue et le Christ qui l’a fondée ; de sa fin : la béatitude éternelle espérée par tous ses membres ; des moyens dont elle dispose : moyens internes, la foi, l’espérance, la charité ; moyens externes, sacrements, eucharistie, loi évangélique ; de son chef visible : le pontife romain ; de l’unité du corps mystique. L’unité apparaît aussi dans l’apostolicité, c’est-à-dire la succession légitime des évêques de Rome depuis Pierre. Tract. X, De virl. theôl., disp. III, a. 2, S 1, n. 27-33. L’autorité suprême en’matière de foi et la primauté romaine sont étudiées, disp. IV, § 1-2. Sur l’unité du corps mystique, voir De. incarnalione, disp. XV, a. 1, n. 3, 6, 7.

Noël Alexandre mérite une mention. Il définit l’Église : L’assemblée des fidèles unis par la profession de la même foi, la communion aux mêmes sacrements sous le gouvernement dis mêmes pasteurs et principalement du vicaire du Christ sur la terre, le pontife romain. De symbolo, a. 9, §1. n. 4, dans Migne, Cursus Iheol., t. vi, col. 307. Les preuves scripturaires abondent ! Au n. 5 sont exposés les symboles de l’unité de l’Église, col. 308-3(1 ! » ; mais au 5 11, l’auteur aborde les preuves scripturaires proprement dites, tandis .qu’au S 7, il fait appel à la tradition pour montrer l’unité de régime : unité du chef, invisible dans le Christ, visible dans le successeur de Pierre.

Billuart insère son traité de L’Église dans le l’raclalus de regulis ftdei, diss. 111. La question de l’unité est abordée dans l’a, I. De nolis verse Ecclesise. Symboles et textes scripturaires se retrouvent ici. Billuart dislingue une double unité : 1. Unité de concorde et de consentement (consensus) vers la même fin ; ’1. I nile d’ordre et de disposition sous le gouvernement d’un seid chef.

Saurez mérite une place a part, car il fut tout à la fois théologien spéculatif dans son traité De ftde et controversiste dans sa Defensio ftdei advenus Anglos. La disp. IX du De fide est un véritable traité de l’Église. l’our lui, l’Église possède une unité, non spécifique,

mais numérique ; non mathématique, mais morale.

un chef, une foi. les mêmes lois en raison de la (in

moque a laquelle elle est ordonnée. Elle n’a qu’un

Chef principal, le Christ ; un ehel visible sur la terre, ’lu Christ ; un seul Esprit Saint qui sanctifie

et gouverne le corps de l’Église et qui en est comme le cœur, puisqu’il est le principe de sa vie. Cf. S. Thomas, Suni. Iheol., IIP, q. viii, a. 1, ad 3um. À la foi unique correspond un baptême unique, porte des autres sacrements. Suarez met également en relief l’analogie de l’unité du corps naturel et, comme saint Thomas, marque la pérennité de cette propriété à travers les âges. Disp. IX, sect. iv, a. 1, n. 3. Cf. Defensio…, t. I, c. iii, n. 5.

De plus, l’unité ecclésiastique est une unité hiérarchique, l’unité d’un corps organisé, De fuie. disp. IX. sect. v, n. 3, c’est-à-dire, que, dans la hiérarchie, l’unité comporte la variété des différents degrés et pouvoirs et cela en vertu même de l’institution du Christ, n. 5. Enfin l’unité de l’Église réclame une constitution monarchique, c’est-à-dire un pouvoir suprême et personnel pour régir toute la communauté, sect. v, n. 1-2, gardien de l’unité de foi, n. 3, et de l’unité de gouvernement et de discipline, n. 4 ; pouvoir qui ne réside qu’en un seul homme, ce qui rend le gouvernement de l’Église monarchique, n. 7, la forme monarchique étant la -seule capable de conserver dans l’Église la concorde et la paix nécessaires à tout le corps, n. 8. Sur ce dernier point, l’auteur réfute les objections des hérétiques, n. 9-12. Cf. sect. ix, n. 6.

La prééminence de Pierre et de ses successeurs est étudiée, disp. X, sect. î, n. 12-18 (exégèse du Tu es Petrus) ; 19-21 (exposition du Pasce oves) ; 22-23 (prérogatives affirmées dans l’évangile et les Actes) ; 24 (raisons de convenance : impossibilité île la pluralité de chefs) ; 25 (double prééminence de Pierre sur l’Église universelle et sur la personne même des apôtres) ; 26-28 (solution des difficultés).

2. L’unité chez les controversisles. a) Contro versistes du début. — Ces controversistes ont généralement opposé aux fausses marques invoquées par les protestants les vraies marques de l’Église du Christ, unité, sainteté, catholicité, apostolicité, telles que les énumère le symbole de Nicée-Constantinople et telles qu’au xv siècle Torquemada les avait proposées systématiquement au 1. 1 de sa Summa de Ecclesia, Rome, 1489. Dans les premiers temps toutefois, il existe un certain flottement. Dans son De visibili monarchia Ecclesise (qui fut le premier essai pour établir méthodiquement les notes de la véritable Église et en montrer la réalisation dans l’Église romaine), le controversiste anglais Sanders met en relief l’unité qu’il prouve à l’aide de Mat t h., v, 11 ; Ait., i, 8 ; Matth., xxviii. 20 ; Ad., ii, 12 ; IV, 12 ; et il en lait voir la réalisation dans l’Église romaine. !.. VIII, i ; 50, éd. de Couvain, 1571, p. 793. Voir aussi Driedo. De ecclesiasticis scripturis et dogmatibus (travail assez confus), Louvain, 1550, I. IV. s 51. p. 503 sq. Sur la position de Stapleton, voir Église, t. iv, col. 2131. Des œuvres d’Hosius, on peut aussi extraire une controverse antiprotestante fondée sur les notes de l’Église ; voir la systématisation « le cette controverse dans s. Frankl, Doclrina Hosii de notis Ecclesiæ,

Home. 193 1 et dans I.. I iernacKi, L’/ duel ri ne de l’Église chez le cardinal llosius. Paris, 1937. 2° partie.

Énumérant quinze notes de l’Église, Bellarmin ne

fait en somme qu’analyser les différents aspects des notes traditionnelles : on y retrouve l’unité dans le temps comme dans l’espace : unité de foi dans l’accord doctrinal de l’Église ; unité de gouvernement et île communion dans l’union que les membres île

l’Église oïd entre eux et avec leurs chefs. Finalemenl a l’unité de foi dont les catholiques donnent l’exemple, il oppose les divisions qui séparent les réformés. De concil. et Ecel. militante, I. IV. c. (T 1 note). l>ans ses Controverses, saint François de Sales s’inspire de

Bellarmin qu’il résume. Il insiste surtout sur l’unité