Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/328

Cette page n’a pas encore été corrigée

8185

    1. UNITÉ DE L’ÉGLISE##


UNITÉ DE L’ÉGLISE. PÈRES GRECS

2186

Voir Cyprien (Saint), t. iii, col. 2107-2168 et Primauté, t. xiii, col. 273-275. Novatien est rejeté par Cyprien du seul fait qu’ « il enseigne hors de l’Église ». Pj>ist., i.n (lv), 24 ; et il a été combattu par d’autres, parce qu’il a déchiré l’Église. Cf. Denys d’Alexandrie, dans Eusèbe, II. E., VI, xlv, P. G., t. xx, col. 633 ; cf. VII, viii, col. 652-053. Voir ici Novatien, t. xi, col. 839-840.

I.e De unitate Ecclesix n’avait pas pour but de montrer l’unité de l’Église. Cyprien a voulu défendre l’unité de chacune des Eglises dont est formée l’Eglise universelle, unité qui s’incarne dans l’autorité de l’évêque unique. Le problème de l’union entre les différentes Églises grâce à une autorité plus liante n’est pas son objet. Un passage célèbre du De Ecclesia, c. iv, semble cependant affirmer la primauté romaine.

De ce passage, on a discuté l’authenticité. Certains critiques le considéraient comme une interpolation faite

in v’siècle. Cf. II. Koeh, Cyprian unit der rômische Primai,

dans Texte und Unlersuehungen, t. xxxv, fasc. 1, Leipzig, 1910 ; Cathedra Pétri, dans Zeitschrift jiirdieneutestamentliche Wissenschafl, Giessen, 1930, p. 407 ; Benson, Cyprian, his ii/e, his lime, his work, Londres, 1897, p. 180 sq. ; Loofs, Dogmengeschichte, Halle, 1906, p. 209 ; et, parmi les catholiques, A. Ehrhard, Die altchristliehe Literatur und ihre Erforschung non 1*84 bis 1900, Fribourg-en-B., 1900, p. 470 ; Tixeront, Hist. des dogmes, t. i, p. 381 sq. D’autres admettaient l’authenticité, tout en acceptant un remaniement de texte. Voir Batiffol, L’Église naissante, Excursus E, Les deux éditions du De unitate Ecclesiee, p. 440 sq. Cf. Hum Chapman, Les interpolations dans le traité de Saint Cyprien sur l’unité de l’Église, dans la lietnie bénédictine, t. xix, 1902, p. 246 sq. ; 357 sq. ; et t. xx, 1903, p. 26 sq.j Otto Ritschl, Cyprian von Carthago und die Verfassung der Kirche, Ciad lingue, 188.">, p. 95 sq. Plus récemment, Van den Eynde, La double édition du De unitate ni Cyprien, dans Bev. d’hist. ecelés., t. xxix, 1933, p. 5-24 ; et J. Lebreton, même titre, dans les Beeherehes de science religieuse, t. xxiv, 1934, p. 456-467. Le remaniement s’expliquerait, soil que Cyprien ait atténué la rédaction romaine < antérieure, quand il fut en délicatesse avec le pape Etienne (Van den Eynde), soit que Cyprien, ayant d’abord rédigé le De unitate pour combattre seulement le schisme africain, ait au contraire accentué son texte primitif quand il envoya son livre à Home, en visant le schisme romain ( Lebreton l.

Le P. Lebreton a donné une nouvelle synthèse de la question. Les écrivains chrétiens d’Afrique, dans l’Histoire de l’Église de Fliche-Martin, t. ii, 1939, p. 411-113. En oiei la conclusion :

Épiscopaliste incontestable, préoccupé d’abord de l’unité intérieure de chaque Eglise, que ses pasteurs doienl défendre de l’hérésie, du schisme et des dissensions, saint Cyprien a insisté surtout sur le rôle de l’évêque ; niais, en certaines circonstances, il a été amené à dire que parmi les Eglises, il y en avait une qui était la première I ! i’.mille le symbole de l’unité de toutes les autres, parce qu’on pouvait, en remontant la série de ses évêques, non Seulement arriver ; i un apôtre connu, déterminé, certain, mais : i celui en la personne de qui, précisément, l’unité avait d’abord reposé. Si celle Eglise a ainsi une position spéciale, n’existe-t-ii pas, pour l’ensemble des Églises constituant l’Église universelle, une obligation, que Cyprien D’à pas plus niée que formulée, de se conformer a elle, COnvenire, selon le mot de saint Irénée, en matière de foi, s : ms que celle obligation ait paru solidaire d’un droit de commandement souverain, que Cyprien a rejeté en matière disciplinaire ?’'est là la conclusion d’historiens, à la fois comme Harnack, Dogmengeschichte, t. i. I" édit., Leipzig, 1909, p. il ? sq., et comme Punk, Theologische Revue,

t. VIII, 1909, p. 122. ou Batiffol, L’ÉgliSt naissante (édit.

de 1927, p. 399 sq.), qui, se refusant à suivre la thèse de

l’Interprétation strictement épiscopalienne de Koeh,

on il Loofs, Tixeronl et Ehrhard, font peut-être

Il n moins romain que dom Chapman et lïilschl,

ni qu’il a reconnu à l’Église de Rome, a

défini de primauté d’ordre juridictionnel, l’autorité d’ui

centre réel et vivant d’unité, entendons essentiellement de’oi. pour l’Église imiv i

Voir aussi d’.sies, i.a théologie de saint Cyprien, Paris,

MCI, Dl fHÉOL. (..V I IIOL.

1922 ; B. Poschmann, Ecclesia principalis, Ein kritischer Beitrag zur Fraye des Primats bei Cyprian, Brestau, 1933, et, dans le sens le plus « romain », T. Lapelena, Pelrus oriyo unitatis apud S. Cyprianum, dans Gregorianum, t. xv, 1934, p. 500 ; t. xvi, 1935, p. 196. Le traité De l’unité de l’Église catholique a été traduit en français par P. de Labriolle, avec introduction et notes, Paris, 1942.

3° Les Pères Grecs, du m’au ie siècle. — Vu les

j divergences qui séparent l’Église romaine et les

. Églises orientales relativement à l’unité de l’Église,

il convient d’interroger les principaux Pères grecs sur

ce sujet.

1. Clément d’Alexandrie.

Deux moyens lui semblent indiqués, qui permettent de discerner de l’hérésie la vraie foi, Slrom., VII, 16 et 17 : recourir à l’Écriture afin d’y puiser l’indication d’un jugement sûr ; examiner l’antériorité de l’enseignement de l’Eglise sur celui des hérétiques. C’est à ce dernier propos surtout que Clément exprime son sentiment sur l’unité de l’Église. Voir Batiffol, L’Église naissanté, p. 306-316.

L’Église terrestre est universelle, mais une ; c’est l’Eglise « totale » et de cette Église totale le Christ est la couronne, ttjç auu.Trâar ; Ç èxxÀTjatoci ; oTsçavoç ô Xpio-TÔç, Pœdag., ii, 8, P. G., t. viii, col. 480 B ; cf. Strom., fil, 11, col. 1175 B ; IV, 8, col. 1272 A. Cette Église, une et universelle, apostolique par son origine et sa doctrine, est « l’antithèse vivante et triomphante de l’hérésie ». Voir sur Eph.. iv, 11. Pœdag., i, 5, col. 269 C ; sur Prov., ix, 12, Slrom., i, 10, col. 812 C. L’Église est l’épouse légitime de Dieu, Slrom.. III, 12, col. 1180 B ; les hérésies l’assaillent du dehors. L’Église est la vérité, les hérésies ne sont que l’opinion ; elles sont d’une école plutôt que de l’Église. Strom., VII, 15, P. G., t. ix. col. 528. Le principe de cette vérité est l’enseignement du Seigneur, principe au-dessus de toute discussion. Strom., VII, 16, col. 532. Ainsi l’enseignement du Christ est l’unique et nécessaire fondement ; cf. Cohort. ad Gentes, ii, P. G., t. viii, col. 288 sq., et la seule gnose recevable est rèxxÀ7]at.ao-7(, XY) "fvûsTiç, Slrom.. VII, 16, t. ix, col. 544 A.

Les hérésies, qu’elles soient anciennes ou récentes, sont donc des nouveautés et des altérai ions par rapport à l’Église, « plus âgée et plus véritable », -rf ( ç 7rp0Y£veaTa-r-/)< ; xoci, -y.rfùzes-y.-rr i c, èxx/// ; rsîaç : c’est a cette Église ancienne et véritable que sont inscrits les vrais justes. Dieu étant unique, le Seigneur étant unique, ce qui est vénérable sera loué d’être unique, imitant en cela son principe qui est unique. L’Église est donc associée à la nature de l’unité, cette Église unique, que les hérétiques essaient de diviser en multiples hérésies. Donc, « en hypostase, en idée, en principe, en excellence, unique est l’ancienne el catholique Église dans l’unité d’une foi unique qui est selon les Testaments (ou plutôt selon le Testament unique, mais adapté aux différentes époques dans Lesquelles la volonté divine rassemble par le seul Seigneur (Jésus-Christ) tous ceux que Dieu a prédestinés ». L’excellence de l’Église, comme le principe de sa constitution, est dans son unité, el elle est au dessus de tout, sans qu’il y ait rien de semblable ou d’égal à elle. Slrom., VII, 17, t. i. col. 552. Voir Clément d’Alexandrie, t. iii, col. 107.

2. Origine, - Origène n’a jamais abordé pour lui-même le problème de l’unité de l’Église ; niais il l’a senti et évu. Voir OrIOÈNB, t. xi. col. 1153-115 1. Il affirme expressément que l’unité de la foi faii l’unité de la chrétienté, (lu peuple gui in sacramentis Chrisit confœderaltu est. in Num., homil. >. 9. P. <, .. t. xii. col. 701. Cette unité a pour base la prédication apos tolique, dans laquelle l’Église n’a qu’une doctrine, latins Ecclesia una tententia, De princ, I, t, .s. t. m.

T.. 69.