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entre « Juifs » et « Grecs », Rom., x, 12 ; cf. iii, 22 ; de garder intacte la foi enseignée au nom du Christ. Gal., i, 8 ; cf. I Tim., vi, 20 ; II Tim., ii, 16. C’est, au fond, l’idée d’une Église universelle, une et indivisible, dominant toutes les Églises particulières. Cf. Cerfaux, La théologie de V Église suivant saint Paul, Paris, 1942, 1. II ; K.-L. Schmidt, art.’ExjtXvjCTta, dans Kittel, Theologisches Worlerbuch, t. iii, p. 508 sq. ; A. Wikerhauser, Die Kirche als der mystische Leib Cliristi nach dem Apostel Paulus, 2e éd., Munster-en-W. , 1940, p. 6 sq. ; A. Fridrichsen, Église et Sacrement .dans le Nouveau Testament, dans Revue d’hist. et de philos, religieuses, t. xvii (1937), p. 345.

2. L’enseignement des autres apôtres.

Les autres apôtres n’ont pas, même de loin, exposé comme saint Paul la doctrine de l’unité de l’Église. Ils insistent surtout sur l’union qui, par la charité, doit régner entre les fidèles. Jac, iv, 1 ; I Pet., i, 22 ; iii, 8 ; II Pet., i, 7 ; I Joa., i, 7-11 ; iv, 16, 18 ; v, 20 ; II Joa., 4-6 ; III Joa., 5-6.

Saint Pierre, se préoccupant de la persévérance des chrétiens, I Pet., iii, 13-16 (cf. iv, 1-16), recommande aux pasteurs de l’Église de paître le troupeau de Dieu, non en dominateurs, mais en se faisant les modèles du troupeau ; et aux fidèles, d’être soumis aux « anciens ». Ibid., v, 1-5. D’autre part, il met en garde contre les faux docteurs qui « renient le Seigneur » et qui « attirent dans les convoitises de la chair, dans le libertinage, ceux qui s’étaient à peine retirés des hommes vivant dans l’égarement ». II Pet., ii, 1 sq., 18. En toutes ces assertions se trouve un écho de l’idée d’unité de communion, de gouvernement, de foi.

Saint Jean insiste auprès des chrétiens pour qu’ils vivent dans la lumière, c’est-à-dire dans la vérité. I Joa., i, 6-7. Vérité et lumière appellent l’amour, ii, 9-11. Pour rester fidèle à la lumière, il faut se garder des séducteurs, des antéchrists. ii, 18. Les vrais chrétiens n’écouteront pas leurs mensonges, mais garderont ce qu’ils ont entendu dès le commencement et demeureront ainsi dans le Fils et dans le Père. il, 26, 27. Ils s’éloignent ainsi des faux prophètes déjà venus en ce monde, pour rester fidèles à l’Esprit de Dieu qui « confesse que Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ». iv, 2 ; cf. v, 6. Il y a opposition irréductible entre « l’esprit de la vérité » et « l’esprit de l’erreur ». v, 5. Dans la deuxième épître, Jean met encore en garde « la dame Électe » contre les mêmes faux docteurs, 7-11.

Même préoccupation chez saint Jude, t. 8-13 : les faux docteurs provoquent des divisions…, n’ayant pas l’esprit de Dieu ». ꝟ. 19. Les fidèles élèveront l’édifice de leur perfection sur le fondement de la foi. ꝟ. 20.

Ainsi, une double préoccupation hante les apôtres : union dans la foi et dans la charité. Leur autorité sur l’Église est implicitement affirmée par les recommandations et les ordres qu’ils formulent à l’adresse de leurs destinataires.

II. Les Pères.

Pères apostoliques.

Cette double préoccupation des apôtres se retrouve chez les Pères apostoliques, qui ne manquent pas de rappeler la doctrine du corps mystique.

I. Didache et épître de Barnabe.

Dans ces deux écrits sont indiqués le baptême, rite initiateur de l’Église, et le culte du dimanche : deux points qui marquent l’unité de foi. Did., vii, 1-3 ; xiv, 1 ; Barn., xi, 1, 11 ; xv, 9. La Didachè indique plus particulièrement la réalisation du sacrifice unique et universel, prédit par Malachie, xiv, 3 ; elle fixe certains points de la liturgie eucharistique, ix, 1-3 ; x, 1-4, rappelant en particulier que seuls les baptisés peuvent participer à la communion, ix, 5. Ces enseignements dog matiques et disciplinaires sont connexes à la pensée de l’unité de l’Église : « Comme ce pain que nous rompons était dispersé (à l’état de grains) sur les collines et, une fois recueilli, est devenu un, qu’ainsi votre Église soit rassemblée en votre royaume des extrémités de la terre. Souvenez-vous, Seigneur, de votre Église, pour la délivrer de tout mal et la perfectionner dans votre amour ; sancti fiez-la, rassemblezla des quatre vents du ciel. » ix, 4 et x, 5. L’anaphore de Sérapion (iv siècle) qui s’inspire de ce passage, demande à Dieu de faire ce rassemblement « dans l’Église catholique, une et vivante ». iv, 4. Cf. Kirch, Enchiridion fontium, n. 479 ; cf. Funk, Didascalia, 1905, t. ii, p. 175. Dans l’Église tout doit se passer dans la soumission aux évêques et aux diacres, chargés de la liturgie eucharistique, xv, 1. Rappel de l’unité de gouvernement dans un christianisme « autonome, communautaire, autoritaire ». Cf. Batiffol, L’Église naissante, Paris, 1909, p. 131.

2. Épitre de saint Clément.

La comparaison du corps humain avec la prééminence de la tête sur les membres, se trouve expressément aux c. xxxvii, xxxviii. Clément reproche aux Corinthiens leurs disputes, leurs colères, leurs dissensions, leur guerre fratricide, xlvi-xlvii, et il leur rappelle l’obligation de maintenir l’unité du corps mystique conformément aux enseignements de l’apôtre Paul, xlvii, 1, 6-7 ; cf. xlvi, 7. Les fidèles sont un peuple, sOvoç, que Dieu s’est choisi ; dans leurs actes, ils doivent se revêtir d’unanimité : èv8uaw[i.e6x tyjv ô^évoiav, xxx, 3 ; cf. xxix, 1-3 ; xxxiv, 7. Pour maintenir cette unité, la charité est indispensable, xlix, 5.

Une des garanties de l’unité est la soumission aux presbytres, i, 3 ; lvii, 1 ; cf. lxiii, 1 ; liv, 2 ; et plus généralement le respect de la hiérarchie apostolique. xl, xlii. La discipline ecclésiastique est comparable à la discipline militaire, xxxvii, 2-3 ; les uns doivent commander, les autres obéir, chacun à son rang. A l’ôu, 6voia qui doit réunir les fidèles correspond la rcoaSêta, c’est-à-dire l’éducation, la formation qu’ils doivent recevoir des chefs pour réaliser l’unité dans l’Église, lvi, 2 ; cf. lvii, 1-2. L’objet de cette unité dans la discipline, ce sont les préceptes du Seigneur et la foi reçue, ii, 8 ; iii, 4 ; xiii, 1, 3 ; xx, 1, 10 ; xlix, 1 ; lviii, 2 ; lxii, 3 ; lxiii, 1 : « Abandonnons les recherches vides et vaines et venons au glorieux et vénérable « canon » de notre tradition. » vii, 2.

Le seul fait de l’intervention de la communauté romaine dans les troubles de Corinthe, provoquée ou spontanée, atteste la supériorité de l’Église de Rome. Voir Clément I er de Rome, t. iii, col. 53. Cf. Duchesne, Églises séparées, Paris, 1896, p. 126, et, avec quelques nuances discutables, Sohm, Kirchenrecht, 1892, p. 160. On lira tout particulièrement G. Bardy, La théologie de l’Église de saint Clément de Rome à saint Irénée, Paris, 1945, c. i-ii ; spécialement, en ce qui concerne S. Clément, p. 107-113.

3. Saint Ignace d’Antioche.

L’unité de l’Église est mise en un relief saisissant : il est clair que l’autorité s’affirme dans l’Église parce qu’elle est, pour Ignace, dans la constitution même voulue par le Christ.

L’unité s’affirme d’abord pour chaque Église particulière, dans laquelle les fidèles doivent être étroitement unis à l’évêque, au presbytérium et aux diacres. Ephes., iv, 3 ; v, 2 : vi, 2 ; Magn., i, 2 ; iii, 1 ; vi, 1 ; vii, 2 ; xiii, 1-2 ; Trait, ii, 1 ; iii, 1 ; Philad., m. 2 ; vu, 1-2 ; Smyrn., viii, 1 ; ix, 1 ; Polyc, vi, 1. Pas de déserteur dans les fidèles enrôlés au service du Christ’. Polyc, vi, 2. Les fidèles forment un chœur symphonique, accordant leurs voix pour chanter par le Christ les louanges du Père. Ephes., iv, 1. Chaque Église particulière devient ainsi une « charité « (iy&izr, ) ;