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UNITE DE L’EGLISE L’ECRITURE

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corps du Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à l’âge de la plénitude du Christ (sur la signification eschatologique de ces dernières expressions, voir I Cor., xiii, 10-12). Il veut que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine par ta 1 romperie des hommes, par leur astuce pour nous induire en erreur ; mais que, pratiquant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en union avec celui qui est le chef, le Christ. C’est de lui que tout le corps, bien coordonné et solidement uni par tous les liens d’une assistance mutuelle, suivant une opération mesurée pour chaque membre, tire son accroissement et s’édifie lui-même dans la charité. Eph., iv, 11-16.

Ainsi l’unité de la foi va de pair avec l’unité de communion sous la direction suprême du Christ : doctrine du corps mystique dont le Christ est la tête, le Saint-Esprit l’âme. Corps mystique du Christ, l’Eglise est tô 7rXy]pcou.a toù Ta TcâvTa èv ttôccti TrXrjpou(iivou, Eph., i, 23, c’est-à-dire que le Christ est complété par l’Église, comme la tête est complétée par les membres. Cf. F. Prat, La théologie de saint Paul, t. i, Paris, 1908, p. 413. De ce corps mystique, l’analogie du corps humain est la meilleure illustration : la variété des organes avec toutes les diversités qu’elle comporte ; leur unité dans un principe commun de mouvement et de vie. Cf. Rom., xii, 4, 5 ; I Cor., xii, 12, 14-19. Paul ne fait guère qu’énoncer ces deux conditions ; il insiste sur la solidarité des membres entre eux. I Cor., xii, 14-2fi. Aux fidèles, quelle que soit leur situation dans l’Église et quels que soient les charismes dont ils sont favorisés, il enseigne à avoir les uns pour les autres les sentiments d’une mutuelle charité : « Vous êtes corps du Christ et membre d’une partie (de ce corps) ». Ibid., xii, 27. Paul écrit ici : ôpxiç Se ÈaTec ; wp.aXpiaToù : o"a>u.a sans article, parce qu’il s’agit d’une Église particulière, Corinthe. Mais l’argument prend de ce chef une valeur nouvelle, puisqu’il laisse entendre que l’Église universelle est to 0cô(aa Xpicrroù. Pc Christ mystique, dont parle Paul, ne se présente pas sous le même aspect que le Christ naturel. Le Christ naturel, c’est le Verbe incarné, partie principale, tête du Christ mystique. Le Christ mystique, c’est la vraie vigne avec ses rameaux, la tète avec ses membres ; c’est Jésus avec l’Église : Christus lotus, dira plus tard l’auteur du De unilale Bcclesiæ, n. 7, P. L., t. xliii, col. 396.

Le principe de cohésion, d’unité, de vie du corps mystique, c’est l’Esprit. I Cor., xii, 11 ; cf. Eph., iv. I. L’Esprit agit en nous d’une façon si intime que nous agissons, vivons, sommes mus par lui. Rom., i, 11 : xii. Il ; Gal., v, lfi, 18, 25. De même que le corps humain est un malgré ses diversités ; de même aussi le Christ mystique. El la raison en est que tous les organes de ce corps mystique sont unis par le même principe de vie, l’Esprit, I Cor., xii. Cf.

Le Christ est la tête du corps mystique. Des six passages où le Christ est appelé » chef - ou télé ». deux n’ont avec le corps mystique qu’un rapport assez lointain. Col., n. H) ; i, ], s. Dans les quatre autres passages, l’idée de prééminence est plus nette et se rapporte expressément à l’idée d’un chef dont l’influence est nécessaire pour rendre vivant l’organisme entier. Dans Eph., i, 22. 23. parlant du Christ. Paul écrit : Il (Dieu le Père) a mis toutes choses sous ses pieds ri la établi chef de toute l’Église (ccurov ïfo.yLz i t ; i <-.z : ~, —, -.’/- -r ey.xXïjafa), laquelle est son corps et la plénitude de celui qui est complété entiè il en tous ses membres » CSjTlÇ iaxl ~'> <-, <>).-L

-’, -/t Ê.’/i’-’, '> rà Jîâvxa êv Ttâoi irX7)pou(iévou),

à-dire que le Christ est complété entièrement

(omnia ou rcàvra étant pris adverbialement) par

e. Cf. l’rat, op. cit., p. 413, note 2. La com paraison du corps humain et du corps mystique se complète, ibid., v, 23, d’une analogie avec le mariage, dans lequel l’homme est le chef de la femme. L’épouse est subordonnée à l’époux ; ainsi tout homme au Christ, 1 Cor., xi, 3 ; ainsi l’Église est soumise au Christ, son chef, sauveur de son corps (mystique) : ô Xpio-TÔç xscpaXy) tt ; ç’ExxX^aîaç, xal ocùtôç sem acoT/)p Toû atopiaToç. Le rôle de tête assigné au Christ dans l’Église revient encore sous la plume de Paul à propos d’un illuminé de Colosses, « vainement enflé des pensées de sa chair et n’adhérant pas à la tête par laquelle le corps entier, entretenu et uni ensemble au milieu des contacts et des ligaments, tire l’accroissement que Dieu lui donne ». Col., ii, 18-19 (où xpotTcov tïjv xscpotX^v, èî où Tcàv to aâ>[xoc âtà tcov àcpôiv xal auv-Ss ^i-cûv è~i./op7)Yoùu.evov xal au ; j.6t.ëx’Çôii.svov aù^st. tyjv aû^TjtTtv toù 0soû). Ainsi le corps reçoit de la tête : 1. Son unité (auu.616a^6pisvov) ; 2. Son accroissement normal (au^si ttjv aù^aiv tou f)zo>) ; 3. Tout l’influx vital (sTri.yopriYouji.svov) et cela au moyen des communications (âcpaî, aùvSsapioi, nerfs, muscles, etc. ; entre la tête et le corps, dont la condition essentielle est d’adhérer (xpocTstv) à la tête. Prat, op. cit., p. 423.

Enfin, dans Eph., i, 15-16, Paul ajoute quelques traits nouveaux concernant le rôle de la tête dans l’Église. Non seulement la tête donne au corps son unité ; mais, par elle, l’harmonie et l’accord résultent de la juste disposition des parties. C’est sous son influence que le corps se développe dans une proportion convenable. En un mot, conclut E. Prat, « la tête est, aux yeux de Paul, le centre de la personnalité, le lien de l’organisme et le foyer de tout influx vital ». Op. cil., p. 423.

En tant que corps mystique du Christ, l’Eglise est une et notre incorporation au Christ est le grand principe de l’unité. La doctrine paulinienne de l’unité de l’Église est condensée dans Eph., iv, 3-(i : « Ayez soin de conserver l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix : un seul corps ( :  ; Tv.>|J.a) et un seul esprit (xa ! Ev LlvEÛfjia), comme vous fûtes appelés dans une même espérance de votre vocation (xa60>ç y.y.1 éxXt|8t)ts âv (Xii èXiceSe Tf|Ç L’/rrr-ciç ûu, <ï>v) ; un seul Seigneur ( ; ] ; K-jpior), une seule foi (iv.x nldTi :), un seul baptême (lv [^.tct tapis) ; un seul Dieu et Père de tous les hommes, qui est au-dessus de tous, agit par tous, réside en tous ( :  ! ’; 6>e<K xai 71aTr, p 7Civt<ov, o S71î 7I7vto>v, xat Six ndtVTtov xai sv Tzy.if/). » Ainsi, sept éléments — trois intrinsèques, trois extérieurs et transcendants — entrent dans la constitution de l’Eglise et en resserrent l’unité. L’Église est une dans son principe matériel, puisqu’elle est un seul corps ; une dans son principe formel car elle est animée par un même Esprit, une dans sa tendance et sa cause finale qui est la gloire de Dieu et de son Christ par le bonheur des élus. Elle est une aussi par l’autorité qui la gouverne une par la commune foi qui lui sert de règle et de nonne extérieure, une par sa cause efficiente, le rite baptismal, qui lui donne l’être et l’accroissement. Saint Paul résume d’un mot ces six principes d’union : « Tous, vous êtes un ( - : et non pas ; —, ) dans le Christ-. Jésus. » Cal., III, 28. Reste le septième principe : » le Dieu et Père de tous les hommes »… L’apôtre précise ailleurs sa pensée. Il nous apprend que toute l’humanité est destinée désormais à former une même famille dans la maison d’un commun l’ère, une même théocratie sous le sceptre d’un même roi (cf. Eph., ii, 14-22). F. Prat, op. cit., p. 426-427.

L’unité de gouvernement, telle que nous l’entendons sous la conduite du pasteur suprême. Pierre, ou son successeur, n’est pas expressément marquée. Paul a surtout voulu mettre en relief l’obligation de se soumettre au Christ, l’unique Chef. Les chrétiens ne relèvent finalement ni de. Paul, ni d’Apollos, ni de Kèphas, mais du Christ qui ne saurait être divisé. I Cor., i. 12-13. De là. l’obligation d’éviter toute division, xii, 25 ; d’établir une sollicitude mutuelle entre

les membres, ibid. ; de supprimer toute distinction