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UNITÉ DE L’ÉGLISE L’ÉCRITURE

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server du mal et, à cet effet, de les sanctifier dans la vérité, c’est-à-dire de les consacrer comme ministres du sacrifice, eux pour qui le Christ s’est sanctifié, c’est-à-dire sacrifié. Maldonat, In Joa., xvii, 17-19, cité par Billot, De Ecclesia, th. iii, § 1, note. La raison de cette sanctification, intimement liée au sacrifice, c’est que le Christ les envoie dans le monde, comme lui-même a été envoyé par le Père. Aussi demande-t-il l’unité pour ceux qui, après lui, continueront à prêcher l’évangile, apôtres et continuateurs des apôtres, avec qui il sera « tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles ». Matth., xxviii, 20.

Mais il s’agit encore de tous ceux qui croiront en Jésus, grâce à la prédication apostolique. Pour tous ces croyants, Jésus prie également et demande l’unité : ut sint unum sicut et nos… ; ut omnes unum sint… ; ut et ipsi in nobis unum sint… ; ut sint unum sicut et nos unum sumus… ; ut sint consummuti in unum. Joa., xvii, 20-23. La comparaison avec l’unité des personnes divines montre jusqu’à quel point Jésus veut que cette unité règne parmi les membres de son royaume : ut sint consummuti in unum !

2. En quoi consiste l’unité demandée par le Christ ? — a) C’est tout d’abord une unité dans la foi transmise par les apôtres. Jésus, en effet, prie « pour ceux qui, par leur parole, croiront en lui ». Joa., xvii, 20. Si l’on veut être sauvé, il faut croire et être baptisé, le baptême étant profession extérieure de foi en même temps que rite introducteur dans l’Église. Marc, xvi, 16 ; cf. Luc, x, 16.

b) C’est aussi une unité par la subordination des membres aux pasteurs et particulièrement aux pasteurs suprêmes. Cela ressort des promesses faites aux apôtres, Matth., xviii, 18, et à Pierre, ibid., xvi, 18-19 ; cf. Luc, xvii, 32-34. La métaphore du royaume suggérait déjà cette idée, qui est plus nettement indiquée dans la métaphore du bercail, dont le bon pasteur a la direction. Joa., x, 11. C’est à l’aide de ce symbole que la primauté sera effectivement conférée à Pierre : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. » Joa., xxi, 15-17. Cette unité ne suppose pas seulement l’unité dans le commandement ; elle comporte l’unité dans l’obéissance des subordonnés. Cf. Matth., x, 40 ; Luc, x, 16 ; Joa., xiii, 20.

c) C’est enfin une unité de communion entre pasteurs et fidèles et des fidèles entre eux. « Qu’ils soient consommés en un ! » Joa., xvii, 23. Cette unité est l’union dans la charité mutuelle des membres sous la direction des chefs et cette unité ne peut être réalisée que par la vie du Christ, chef de l’Église, circulant dans les membres de son corps mystique. Parabole de la vigne et des sarments. Joa., xv, 1-12. Ainsi, intérieurement, cette communion suppose la participation des âmes à la vie du Christ. Extérieurement, elle implique d’abord l’adhésion des intelligences à la même foi, mais aussi la cohésion des volontés sous l’impulsion du chef suprême : ainsi, à l’unité extérieure de la foi et du gouvernement s’ajoute la sympathie des membres entre eux, singuli alter alterius membra, dira saint Paul.

3° Réalisation effective de l’unité après la résurrection. — La constitution définitive du « royaume » fut accomplie, après la résurrection, en diverses apparitions. La première eut lieu le jour même de la résurrection, Jésus se manifestant aux Onze assemblés dans le cénacle : « Comme mon Père m’a envoyé, leur dit-il, moi, je vous envoie. » Joa., xx, 21. C’est, confiée aux apôtres, la mission d’établir l’Église par toute la terre. Une autre eut lieu près du lac de Tibériade, après la seconde pêche miraculeuse : Jésus confère la primauté à Pierre : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. » Ibid., xxi, 15-17. L’unité de gouvernement est ainsi définitivement établie. Et saint Matthieu fait

écho, relatant les paroles de Jésus : « Toute puissance, m’a été donnée au ciel et sur la terre ; allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du I-’ils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai recommandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles. Matth., xxviii, 16-20. Pouvoir de gouverner, d’enseigner la vraie foi, d’imposer une discipline conforme aux prescriptions du Christ, promesse d’assistance perpétuelle et d’indéfectibilité, ces paroles du Sauveur condensent les éléments essentiels de l’unité et de la stabilité du royaume, tout en promulguant la nécessité du baptême pour y entrer. L’universalité du royaume — toutes les nations — ne doit affecter en rien l’unité promise.

4° L’unité de l’Église et l’enseignement des apôtres.

— Cet enseignement continue et précise celui du Christ. Aussitôt après la Pentecôte, le souci des apôtres est de conserver entre eux une unanimité qui s’affirme en maintes occasions ; cf. Act., i, Î4 ; iv. 24 ; v, 12. La communauté naissante persévère elle-même dans la doctrine des apôtres, la communion à la fraction du pain et les prières. Ibid., ii, 42. La mise en commun des biens n’est que la manifestation de la communion des âmes. Ibid., 44-46. Pour rester unis dans leur ministère sacré, les apôtres, après avoir choisi le successeur de Juda, i, 15-26, élisent les sept diacres et, en commun, leur imposent les mains, vi, 1-6. C’est aussi le collège des apôtres qui envoie Pierre et Jean en Samarie, viii, 14 ; discute de l’admission des gentils dans la communauté chrétienne, xi, 1 sq. ; décide de ne pas imposer aux païens convertis les rites mosaïques, xv, 6-30. Pratiquement, l’unité est conservée et l’entrée de saint Paul dans le collège des apôtres ne fait que l’affermir. Gal., ii, 7-9.

Cette parfaite communion des apôtres n’empêche pas Pierre de manifester sa suprême autorité. C’est lui qui prend l’initiative de l’élection de Matthias, Act., i, 15 ; qui, accompagné des Onze, explique aux Juifs étonnés le mystère de la descente du Saint-Esprit, n, 14 sq. ; qui guérit le boiteux de la Belle Porte, iii, 4 ; qui, à la suite de ce miracle, prend de nouveau la parole, iii, 12 ; qui, au nom des apôtres, proclame leur devoir commun de prêcher le Christ, iv, 8 ; qui punit Ananie et Saphire coupables d’avoir voulu tromper Dieu, v, 1 sq. ; qui préside la réunion de Jérusalem, xv, 7. Le « conflit d’Antioche », montre au moins le cas exceptionnel que Paul faisait de l’attitude et de l’autorité de Pierre. Voir Boiron, Saint Paul témoin de la primauté de saint Pierre, dans Recherches de science religieuse, 1913, p. 489-531. Sur la primauté de Pierre par rapport aux autres apôtres, voir ici Primauté, t. xiii, col. 151-262 ; d’Herbigny, Theologica de Ecclesia, § 156-161.

1. Enseignement particulier de saint Paul.

L’unité de la foi est une des principales préoccupations de l’apôtre : « Un seul Seigneur, une seule foi. un seul baptême, un seul Dieu et père de tous, qui est au-dessus de tous, (agissant) par tous et (demeurant) en tous. » Eph., iv, 5. Cette unité de la foi est en corrélation étroite avec l’unité du corps entier et la paix qui doit relier entre eux les membres du corps. Ibid., 3-4. Cette unité de la foi sera, dans l’Église, le résultat des dispositions prises par le Christ, tant pour l’enseignement de la vérité que pour la coordination des membres de l’Église dans la charité, jusqu’à la fin du monde :

Lui-même a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes d’autres comme évangélistes, d’autres comme pasteurs et docteurs, en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du