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    1. LNIGENITUS (BULLE)##


LNIGENITUS (BULLE). PHOIV 84, 85

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Scripturarum. Damnosum chrétien, et que Dieu même

est ville christianum ab hac qui connaît son œuvre, lui a

lectione retrahere. donné. Il est dangereux de

l’en vouloir sevrer. Act., xv,

21, éd. 1693 et 1699.

La proposition de Quesnel affirme qu’il y a obligation de sanctifier le dimanche par la lecture de l’Écriture sainte et, par suite, on n’a nu besoin d’une permission pour faire cette lecture obligatoire ; D’ailleurs, le fidèle peut sanctifier le dimanche par d’autres moyens, par l’assistance à la messe et aux offices de l’Église, aux prières publiques et par des prières privées, par l’exercice de la charité chrétienne. Bref, la lecture de l’Écriture sainte n’est pas nécessaire pour sanctifier le dimanche. Cette proposition condamne encore la conduite de l’Église, qui a pu jadis interdire parfois cette lecture en langue vulgaire à certaines personnes ; les ignorants et. les enfants ne peuvent faire cette lecture avec profit II faut ajouter qu’à l’origine et pendant longtemps, les fidèles ne pouvaient que difficilement se procurer les Livres saints, alors peu répandus.

83. Est illusio sibi persua- 83. C’est une illusion de dere, quod notitia myste-s’imaginer que la connaisriorum religionis non debeat sance des mystères de la communicari feminis, lec-religion ne doive pas être tione sacrorum Librorum. communiquée à ce sexe Non ex feminarum simpli-par la lecture des Livres citate, sed ex superba viro-saints… Ce n’est pas de la rum scientia, ortus est Scrip-simplicité des femmes, mais turarum abusus et nataj sunt de la science orgueilleuse des haTeses. hommes que sont nées les

hérésies. Joa., iv, 26, éd.

1693 et 1699.

Quesnel fait cette remarque à propos des grandes vérités que Jésus révèle à la Samaritaine ; mais la proposition est fausse en elle-même, car elle semble imposer aux femmes l’obligation de lire l’Écriture sainte. Eu fait, la science orgueilleuse des hommes a souvent donné naissance aux hérésies et ensuite la simplicité crédule des femmes a propagé ces hérésies. Souvent, des femmes ignorantes, aisément trompées et très difficiles à détromper, très capables de séduire, ont été les propagatrices des nouvelles hérésies. Les femmes, comme les hommes, doivent connaître la religion, mais les uns et les autres peuvent arriver a cette connaissance par des moyens plus pratiques il plus adaptés que la lecture de l’Écriture sainte.

84. Abriperce christia- 84. C’est fermer aux chrénorum manibus novum Tes-tiens la bouche de Jésuslamentum, seu eis illud clau-Christ que de leur arracher sum tenere, auferendo eis des mains ce Livre saint ou modum illud intelligendi, est de le leur tenir terme, en illis Christ] os obturarc. leur 6tan1 le moyen de l’entendre. Malt li., v, 2, éd.

1693 et 1699.

85. Interdicerc Christianis 8.">. Interdire la lecture de lectionem sacra Scriptura, l’Écriture, et, partlculièrepræsertim Evangelii, est In-ment de l’Évangile, aux terdicere usum luminis liliis chrétiens, c’est interdire

luiis et farcie ni patiantur l’usage de la lumière aux ipeciem quamdaru excom-enfants de la lumière et leur mlinicationis. faire souffrir une espèce

d’excommunication. Luc.,

i, 33, éd. 1693 et 1699.

Jésus-Christ ne parle pas seulement par l’Écriture ;

il parle aussi par la Tradition, par l’Église, par les

pontifes et les docteurs, par les livres pieux approuvés, par la prédication des pasteurs, par les Instructions écrites. Donc interdire le Nouveau Testament, ce

pas fermer la bouche de.lésus Christ, qui a d’autres moyens de nous instruire. Luc, xi. Quesnel ajoute qu’on arrive au même résultai désastreux, en otanl le moyen d’entendre les Livres saints par la défense des versions en langue vulgaire. Il nappai

tient pas au pape, écrit l’auteur de La constitution, p. 156, de défendre ce que Dieu a commandé, qui est de lire les Livres saints. » Ainsi on condamne la pratique de l’Église et des conciles, qui à certains moments ont interdit les traductions en langue vulgaire, à cause des erreurs qu’y avaient répandues les protestants.

Cette interdiction n’est point une espèce d’excommunication, mais une sage précaution ; c’est arrêter des aveugles au milieu des précipices où ils risquent de tomber. Bref, il y a des motifs raisonnables d’interdire la lecture des saints Livres, et il y a d’autres moyens, plus pratiques, de connaître la religion. Ces remarques sont tellement vraies que les commentateurs de Quesnel ont essayé d’atténuer ses propositions générales. L’auteur des Réflexions sur les propositions de la constitution du S septembre 1713, qui regardent la lecture de PÉcriture sainte, fait siennes les règles posées par les docteurs de Paris : 1. on doit joindre des explications plus simples ; 2. certains livres doivent être ôtés à ceux qui en abusent ; 3. les fidèles doivent lire l’Écriture avec humilité et dépendance des pasteurs ; 4. les fidèles ne doivent pas mépriser les prédications et les instructions des pasteurs.

Observations sur les propositions 79-Sâ relatives à la lecture de l’Écriture sainte. Les jansénistes ont vivement attaqué la condamnation des propositions relatives à la lecture de l’Écriture sainte, parce qu’ils multipliaient les traductions en langue vulgaire, afin que tous les fidèles pussent faire cette lecture.

L’ouvrage anonyme intitulé Analyse exacte et véritable de la doctrine contenue dans la constitution du 8 septembre 17 13, in-12, s. 1., 15 janvier 1714, prétend que « la pratique et la doctrine des saints Pères est ouvertement condamnée par la bulle, que la discipline de l’Église de France est absolument renversée, sans qu’on ait consulté les évêques et sans qu’on se soit informé de ce qui convient aux besoins de nos Églises ; par une telle décision, on cause un scandale capable d’éloigner les nouveaux réunis ; enfin on fournit des armes aux hérétiques pour attaquer l’Église. Et on fait cela, alors que les jésuites donnent eux-mêmes des versions de l’Écriture, où ils exhortent les fidèles à cette lecture et ils font approuver ces versions par des évêques, qui déclarent que l’Écriture est le livre de tous les fidèles ».

Un autre écrit anonyme Intitulé Réflexions sur les propositions de la constitution du 8 septembre 1713, qui regardent la lecture de l’Écriture sainte, datée du décembre 1713 et 2e édition, corrigée et augmentée du 17 juillet 1714, in-12 de 72 pages, détaille des objections contre la bulle. Il rappelle que les protestants reprochent à l’Église de défendre aux fidèles la lecture de l’Écriture sainte, pour tenir le peuple dans l’ignorance, l’empêcher de découvrir les erreurs et les abus autorisés par l’Église et dans l’Église. Cependant les évêques exhortent à faire cette lecture. L’assemblée’lu clergé de 1 1)55 ordonne de traduire en français toute l’Écriture, et cette traduction fut faite par le P. Amelote. Les remarques du 1’. I. allemand, jésuite. ont été recommandées par plusieurs archevêques et évêques, el il a toujours été reconnu en France qu’on peut faire des réserves aux décisions du concile de Trente et y apporter des modifications. D’ailleurs-, d’après le P. Pallavicini, les Pères du concile ne vou lurent rien prononcer sur l’usage de traduire et de lire l’Écriture. De plus, les saints Pères ont sans cesse

recommandé la lecture de l’Écriture, comme le prouvent les nombreux textes cités par M. Arnauld. dans son ouvrage Intitulé : De la lecture de l’Écriture sainte contre les paradoxes de M. Mollet (I. III. c. vin jusqu’à la fin de l’ouvrage). C’est dans l’Écriture en tin que lis lldèles doivent apprendre leurs devoirs