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    1. UNIGENITUS (BULLE)##


UNIGENITUS (BULLE). PROP. 72-77

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positive. Or, le texte de Quesnel, général, affirme que tout homme, de sa propre autorité, pour sa conservation, peut se dispenser d’une loi.

Cette proposition, d’ailleurs, ouvre la voie à des conséquences fâcheuses : si chaque homme est juge et interprète de la loi, même de la loi positive, on pourra s’octroyer le droit de se dispenser d’une loi qu’on estime contraire à sa conservation. Il est des cas où on doit sacrifier sa vie, pour observer une loi ; un chrétien ne peut abjurer sa foi, même pour conserver sa vie.

72. Notæ Ecclesiæ Christian

  • est, quod sit catholica,

comprehendens et omnes angelos cœli, et omnes electos et justos terrse, et omnium sœculorum.

72. Marques et propriétés de l’Église chrétienne. Elle est catholique, comprenant et tous les anges du ciel, et tous les élus, et les justes de la terre et de tous les siècles. Hebr., xii, 22, éd. 1693 et 1699.

Cette proposition insinue une hérésie déjà condamnée chez les donatistes, puis par les conciles de Constance et de Bâle et par la bulle de Léon X contre les écrits de Wiclef, Hus et Luther : l’Église ne comprend que les justes et les élus ; les pécheurs n’en font pas partie ; par suite, le sacrement de pénitence n’aurait aucune place dans l’Église et les évêques sauraient pas de juridiction sur les pécheurs ; les pasteurs, en état de péché, ne feraient plus partie de l’Église et ils n’auraient aucun droit à l’obéissance des fidèles ; les peines et les censures édictées par eux n’auraient aucune valeur.

Pour justifier sa proposition, Quesnel écrit dans Plainte et protestation, p. 57-58 : « Il est inouï et même ridicule de vouloir faire entrer les méchants dans la définition de l’Église ; il n’est point de son essence qu’il y ait des méchants dans son sein et c’est comme par accident et contre le premier dessein de Dieu qu’ils y soient mêlés avec les bons. » Ainsi, seuls, les parfaits chrétiens forment la véritable Église, qui, dès lors, , est invisible, car on ne saurait reconnaître quels sont les vrais chrétiens, puisque nul ne peut savoir s’il est juste ou pécheur. En fait, l’Église comprend tous les baptisés, qu’ils soient justes ou pécheurs. Il n’y a qu’une Église de Jésus-Christ, qui est visible et dont les membres sont unis par la profession d’une même foi et par la communion des sacrements, sous la direction des pasteurs légitimes et d’un chef visible. Les infidèles, les hérétiques, les schismatiques, les excommuniés et même les catéchumènes n’en font pas partie.

73. Quid est Ecclesia,

nisi coetus lilioruin Dei manentium in ejus sinu, adoptatorum in Christ o. subsislenlium in ejus persona,

redemptorum ejus sanguine,

vivent iuin eJUS spirltu, agen I i i m per ejus gratiaiD et exspectantlum gratiam futnri sseculi.

73. Qu’est-ce que l’Eglise, sinon l’assemblée des enfants de Dieu, demeurant dans son sein, adoptes en Jésus-Christ, subsistant en sa personne, rachetés de son sang, vivant de son esprit, agissant par sa grâce, et attendant la paix du siècle à venir ? II Thcss., i, 2, éd. 1693 et 1699.

i gtte proposition est fausse comme la précédente,

car les divers caractères indiqués par Quesnel comme

appartenant aux membres de l’Église ne conviennent

qu’aux justes : le pape, les évèqucs et les prêtres, qui

ni eu état de péché, ne feraient pins partie de

il gll i i l’Église serait entièrement invisible. C’est la doctrine même de Jean Mus. condamné par le

concile de Constance (prop.’2°). Bossuet, dans tu livre de Quesnel, avait demandé la tup

pression d< cette proposition, qu’il jugeait scanda

leuse, parce qu’elle exclut de l’Eglise les fidèles qui

sont en elal il pn |, r.

74. Ecclesia, sive integer 74. L’Église, ou le Christ

Christus, incamatum Ver-entier, a pour chef le Verbe

bum habet ut caput, omnes incarné, et pour membres

vero sanctos ut membra. tous les saints. I Tim., iii,

16, éd. 1693 et 1699.

Cette proposition est erronée et hérétique, car elle n’admet comme membres de l’Église que les saints. Pour légitimer la proposition, l’auteur de La constitution avec des remarques, p. 143, écrit : « Quesnel a dit que les pécheurs sont dans FÉglise, mais ils ne sont pas de vrais membres de l’Église ; il n’attache pas d’importance à ce mot, car ailleurs il a dit que l’Église a des membres pourris et de mauvaises humeurs » ; et il ajoute : « Quesnel dit bien que l’Église est composée de justes, mais il ne dit pas qu’elle ne soit composée que de justes, comme ont fait les Pères (p. 114). » Cette explication, trouvée après coup, est insoutenable et la proposition de Quesnel est d’autant plus condamnable qu’elle est affirmée au sujet du texte de saint Paul, sur lequel l’Église s’appuie pour combattre les protestants. Saint Paul dit que l’Église est la colonne et la base de la vérité, parce que, écrit Quesnel, « elle a, seule, la clef et l’intelligence de l’Écriture ; c’est ce qu’affirme l’Église contre les protestants ». Mais la réflexion de Quesnel énerve singulièrement cette vérité capitale, lorsqu’il dit que l’Église, qui a seule la clef et l’intelligence de l’Écriture est l’Église invisible, le Christ entier. Dès lors, les protestants pourront dire que l’Église infaillible, qui peut les condamner, c’est l’Église des élus et des saints, laquelle ne peut décider aucune controverse et ne peut être consultée, puisque elle est invisible et inconnue.

75. Ecclesia est unus solus 75. Unité admirable de homo, compositus ex pluri-l’Église… C’est un seul bus membris, quorum Chris-homme composé de plusieurs tus est caput, vita, subsis-membres, dont.Jésus-Christ tentia et persona ; unus est la tête, la vie, la subsissolus Christus, compositus tance et la personne… Un ex pluribus sanctis, quorum seul Christ composé de pluest sanctificator. sieurs saints, dont il est le sanctificateur. Eph., ii, 14, éd. 1693 et 1699.

Cette proposition est fausse comme les précédentes. L’unité, note caractéristique de l’Église, doit être visible. Or, si l’Église est le Christ avec les saints comme membres, son unité n’est pas visible. Dans l’Église, il y a des bons et des méchants. L’Église n’est pas la personne du Christ. Comment peut-on dire, par ailleurs, que l’Église est un seul homme, composé de plusieurs membres, dont Jésus-Christ est… la personne ?

76. Nihil spatiosius Ecclesia Dei, quia omnes elect’.6. Bien de si spacieux que l’Eglise de Dieu, puisque

et Justi omnium sæculorum tous les élus et les justes de illam componunt. tous les siècles la compo sent. Eph., ii, 22, éd. 1693 et 1699.

Quesnel ne parle encore que des élus et des justes comme membres de l’Église. Il veut montrer l’étendue de l’Église spacieuse, et il ne nomme pas les pécheurs, avec lesquels cependant elle serait encore plus spacieuse. Il lionne des armes aux protestants, en allirmanl Implicitement que l’Église est invisible et, par conséquent, distincte de l’Église romaine.

77. Qui non ducit vilain 77. Qui ne mène pas une

dignam Filto Del et membro vie digne d’un entant de

Christ ! cessât lnterius habere Dieu « n’l’un membre de

Deum pro faire, et Chris-Jésus-Christ cesse d’avoii i"

(uni p ra eapile. lérieurenient Dieu pour Père

et.lésus-cluist pour cheꝟ. 1

I, , :, .. II. 22. éd. 1693. Celte proposition, comme les précèdent … jup pose que Jésus (.hrist, en tant « pie chef de l’Eglise.