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UNIGENITUS (BULLE). PROP. 11-17

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que, lorsqu’un effet salutaire n’est pas produit, la grâce n’a pas été donnée. Or, il est de foi que l’homme, prévenu même par une grâce très forte, peut lui résister, et, par conséquent, empêcher ou retarder son effet. Saint Augustin a dit : Misericordia Dei prævenit nos ; consentire autem vocationi Dei, vel ab ea dissenlire, proprise voluntatis est. Lib. De spirilu et liftera, c. xxxiv.

11. Gratia non est aliud 11. La grâce n’est autre

quam voluntas omnipotens chose que la volonté toute Dei jubentis et facientis puissante de Dieu qui com quod juhet. mande, et qui fait ce qu’il

commande. Marc, ii, 11,

éd. 1693 et 1699.

Il est faux de dire que toute grâce n’est que la volonté toute-puissante de Dieu ; Quesnel lui-même dit que la grâce est une lumière (prop. 14), une onction (prop. 15), un charme (prop. 16), une voix (prop. 17). Il est hérétique d’affirmer que toute grâce fait ce que Dieu commande, car il y a la grâce suffisante. Cette proposition est la conséquence logique des thèses jansénistes sur les effets du péché originel : le péché a lié et enchaîné la volonté humaine par la concupiscence, qui la porte au péché, et le seul remède à cette concupiscence terrestre est la grâce efficace de Jésus-Christ. Le juste lui-même, sans cette grâce efficace, ne peut observer les commandements de Dieu, car, seule, cette grâce fait ce que Dieu commande. L’auteur de La constitution Unigenitus avec des remarques, p. 43 et 44, écrit : » Toutes les grâces ont leur source dans la volonté de Dieu ; donc elles sont efficaces et elles font tout ce que Dieu veut qu’elles opèrent, quoique souvent elles soient inefficaces par rapport à l’effet, auquel elles portaient la volonté, qui y résiste par corruption… La volonté de Dieu opère dans le cœur de l’homme, quand et autant qu’il lui plaît, sans qu’il puisse résister à sa volonté. »

12. Quando Deus vult 12. Quand Dieu veut salvare animam, quocumque sauver l’âme, en tout temps, tempore, quocumque loco, en tout lieu, l’indubitable effectus indubitabilis sequi-effet suit le vouloir d’un tur voluntatem Dei. Dieu. Marc, ii, 11, éd. 169.3

et 1699.

Cette proposition est empruntée textuellement à saint Prosper. Mais Quesnel l’emploie d’une manière absolue : tous ceux que Dieu veut sauver sont sauvés, donc Dieu ne veut pas vraiment sauver ceux qui ne se sauvent pas et, par conséquent, Dieu ne veut vraiment le salut que des seuls élus. C’est la 5 « proposition de Jansénius. Pour soutenir la proposition de Quesnel, les jansénistes ont dit : Dieu est toutpuissant et il fait tout ce qu’il veut, donc tous ceux que Dieu veut sauver, le sont infailliblement. Ceux qui sont sauvés sont les seuls auxquels Dieu a vraiment rendu le salut possible ; aux autres. Dieu n’a voulu et accordé que des grâces passagères, avec lesquelles ils ne pouvaient pas vraiment se sauver.

13. Quando Deus vult 13. Quand Dieu veut sauanimam salvnre, et eam ver une âme, et qu’il la tangil interlori gratire sua » touche de la main intérieure manu, nulla voluntas hu-de sa grâce, nulle volonté mana ei resistit. humaine ne lui résiste. Luc,

v, 13, éd. de 1693.

Rien ne résiste et ne peut résister à la volonté absolue de Dieu, qui est tout-puissant, mais Quesnel est Ici condamné pour avoir affirmé que, dans l’économie du salut et dans la distribution des grâces, il n’y a que cette volonté absolue de Dieu. Qu’il y ait des

efficaces, victorieuses qui nous font agir, quand Dieu veui exercer son pouvoir souverain

sur les coeurs, quand il veut d’une volonté absolue et qu’il emploie des moyens surs et infaillibles auxquels BUCUne volonté humaine ne résiste, e’est certain.

Mais Quesnel est condamné pour avoir affirmé que Dieu agit toujours de la sorte, et qu’il n’y a pas d’autre grâce que ces grâces efficaces auxquelles on ne résiste pas. L’Église n’a rien décidé touchant la grâce efficace par elle-même, et la question reste controversée, mais l’Église n’admet pas que toute grâce soit efficace et qu’on ne lui résiste jamais. Il y a une grâce intérieure, qui n’est pas toujours efficace et à laquelle la volonté humaine peut résister et en fait résiste (concile de Trente, sess. vi, can. 4, 5, 13 et 2e propos, de Jansénius).

14. Quantumcumque re- 14. Quelque éloigné que motus a salute sit peccator soit du salut un pécheur obsobstinatus, quando Jésus se tiné, quand Jésus se fait ei videndum exhibet lumine voir à lui par la lumière salutari suse gratiæ oportet salutaire de sa grâce, il faut ut se dedat, accurrat, sese qu’il se rende, qu’il accoure, humiliet et adoret Salvato-qu’il s’humilie, et qu’il rem suum. adore son Sauveur. Marc, v,

6, 7, éd. 1693.

Cette proposition, comme la précédente, affirme que toute grâce intérieure est efficace ; elle affirme le caractère irrésistible de la grâce et la nécessité pour l’âme du pécheur de suivre son mouvement ; il faut qu’il se rende. Sans doute, par la grâce prévenante. Dieu va à la poursuite du pécheur, lequel, par lui-même ne saurait vouloir vraiment se convertir ; mais, lorsque le pécheur a reçu cette grâce, il doit y coopérer et, sauf des cas exceptionnels, le pécheur conserve le pouvoir de résister au mouvement de la grâce. Quesnel semble atténuer le sens de la proposition justement condamnée, lorsqu’il ajoute : « on ne quitte pas le péché sans violence ; on ne déracine pas une mauvaise habitude sans qu’il en coûte beaucoup à la nature. Elle combat contre la grâce… > ; mais il ne dit pas que, dans ce combat, la nature puisse résister à la grâce.

15. Quando Deus man- 15. Quand Dieu accomdatum suum et suam ex-pagne son commandement ternam locutionem comita-et sa parole extérieure de tur unctione sui Spiritus l’onction de son Esprit et et interiori vi gratiæ su », de la force intérieure de sa operatur illa in corde obe-grâce, elle opère dans le dientiam, quam petit. coeur l’obéissance qu’elle

demande. Luc, ix, 60, éd. de 1693 et de 1699.

Cette proposition affirme encore que toute grâce intérieure est eflicace et que cette grâce supprime vraiment l’exercice de la liberté, puisqu’elle opère dans le cœur l’obéissance qu’elle demande, sans la moindre coopération de la volonté ; c’est la 2e proposition de Jansénius. Il y a, en fait, des grâces intérieures qui n’ont pas l’efîet pour lequel Dieu les accordait ; ce sont des grâces suffisantes, pleinement suffisantes, car elles donnent un pouvoir surnaturel, mais, parce que la volonté n’apporte pas sa coopération, l’acte n’est point produit, Vocavi ei renuistis, Prov., i, 21. Non omnes qui vocati sunt, venin voluerunt.

16. Nullæ sunt illecebrae. quæ non cédant illecebris gratin ?, quia nihil resistit Omnipotent !.

(Test toujours la même liblement victorieuse des faux, car on peut sentir cependant y résister.

17. Gratis est vox illa Patris, <|u : e hommes Intérim docet, ac eos ventre

r.icit ad.lésion ChrUtum. Quicumque ad eum non

16. Il n’y a point de charmes qui ne cèdent à ceux de la grâce ; paire que rien ne résiste au Tout-Puissant. Act., viii, 12, éd. 1693 et 1699.

erreur : la grâce est infail attraits du péché. Cela est les attraits de la grâce et

17. La grâce est cette voix du l’ère qui enseigne intérieurement les hommes ei les fait venir a Jésus < Inisl.

Quiconque ne vient pas ft