Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1935
1936

TYLKOWSKI (ADALBERT) — TYPE SCRIPTURAIRE

d’ouvrages et opuscules se rapportant surtout à la spiritualité, la philosophie et la théologie. Sommervogel énumère cinquante-neuf titres. Il suffira de mentionner ici : Philosophia curiosa seu quæstiones et conclusiones curiosse ex universa Aristotelis philosophia, ad ingenium hujus sæculi formatae et propositae, 9 vol., Cracovie, 1669 ; Controversiarum amicarum de rebus fidei partes tres, Oliva, 1694.

Sommervogel, Biblioth. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 286-296.

J.-P. Grausem.


TYPE. — Terme technique par lequel on désigne un personnage, un événement, une institution de l’Ancien Testament qui annonce un personnage, un événement, une institution du Nouveau : Adam est le type du Christ ; la traversée de la Mer Rouge par les Hébreux est le type du baptême ; le rite sacrificiel du bouc expiatoire est le type de la passion rédemptrice de Jésus.

I. Le mot et la chose dans le Nouveau Testament.

Le mot et ses synonymes.

Le mot « type » est la simple transcription du mot grec τύπος, qui n’est jamais traduit dans la Vulgate par typus. Nous indiquerons au passage les diverses traductions qu’en donne le latin.

Selon son étymologie τύπτω = frapper, τύπος est d’abord la trace matérielle laissée par un coup : « Si je ne vois dans ses mains, dit Thomas, le τύπος des clous (Vulg. : fixuram clavorum), je ne croirai pas. » Joa., xx, 25. C’est aussi une image façonnée, forgée, telles les idoles anciennes. Dans son discours aux Juifs, Etienne reproche aux vieux Hébreux les τύποι (figuras) qu’ils se sont faits à bien des reprises, pour les adorer. Act., vii, 43. De là l’idée d’un modèle matériel à reproduire. Se référant au texte de l’Exode, Ex., xxv, 40, le même Etienne parle du tabernacle que Moïse fit construire selon le τύπος (secundum formam) que Dieu lui avait montré sur le Sinaï. Act., vii, 44. Par extension le mot désignera un emblème, une figure qui donne à l’avance l’idée d’une chose future : Adam est expressément qualifié par saint Paul de τύπος τοῦ μέλλοντος (qui est forma futuri). Rom., v, 14. Nous sommes arrivés ainsi au sens technique que le mot « type » a pris dans le vocabulaire de l’herméneutique. Mais ce sens technique est lui-même quelque peu diversifié : « Les aventures des Hébreux dans le désert, explique saint Paul, doivent être pour nous des τύποι (in figura fada sunt nostri) et nous apprendre à réprimer nos concupiscences. » I Cor., x, 4-6. Et un peu plus loin : « Tout cela leur arriva τυπικῶς (avec une variante intéressante : ταῦτα δὲ πάντα τύποι συνέβαινον) (Hæc autem omnia in figura contingebant illis) ». Ibid., x, 11. Et l’apôtre d’ajouter : « Tout cela a d’ailleurs été consigné par écrit pour notre instruction à nous. » Comme on le voit, le mot a pris le sens d’enseignement moral, de leçon ; et c’est le même qui se retrouve dans Phil., iii, 17 : « Soyez mes imitateurs et ayez les yeux sur ceux qui marchent suivant le τύπος (formam) que vous avez en nous. » Et des Thessaloniciens Paul peut dire qu’ils sont une vivante leçon pour tous les fidèles d’Achale et de Macédoine : ὥστε γένεσθαι ὑμᾶς τύπον (ut facti sitis forma). I Thess., i, 7. Retenons en définitive ce sens de figure qui fait comprendre autre chose et aussi de leçon et d’exemple.

D’autres expressions néotestamentaires sont également employées pour désigner les leçons d’ordre intellectuel ou pratique que donnent les événements du passé. Parlant des règles lévitiques relatives aux observances alimentaires ou autres, Paul déclare que les fidèles n’ont plus à s’en préoccuper. Elles n’étaient que l’ombre de ce qui devait se réaliser, ἅ ἐστιν σκιὰ τῶν μελλόντων (umbra futurorum). Col., ii, 17. Il en est d’elles comme des cérémonies saintes, qu’observent encore, au temps où est écrite l’épître aux Hébreux, les prêtres de l’ancienne Loi. Ce culte n’est qu’une image (ὑπόδειγμα, exemplar) et une ombre (σκιά, umbra) du culte céleste. Heb., viii, 5. Aussi bien la Loi tout entière n’est qu’une ombre (σκιά, umbra) des biens futurs, elle n’en fournit pas une image adéquate (οὐκ αὐτὴν τὴν εἰκόνα, non ipsam imaginem). Heb., x, 1. Le tabernacle mosaïque n’était, somme toute, qu’une parabole (παραβολή, parabola), en vue du temps présent. Heb., ix, 9.

Signalons enfin l’expression, destinée elle aussi à devenir technique, et qui désigne la réalité qui correspond, dans la nouvelle économie de salut, à la réalité ancienne qui l’annonçait. Parlant de l’arche de Noé qui avait été pour ses huit occupants le moyen de sauvetage, Pierre compare à celui-ci son « antitype », le baptême, ὃ καὶ ὑμᾶς ἀντίτυπον νῦν σώζει βάπτισμα. I Petr., iii, 21. En d’autres termes, l’arche de Noé a comme « réplique », dans l’économie nouvelle, le baptême, seul moyen de salut spirituel, tout comme l’arche avait été l’unique chance de sauvetage matériel pour les contemporains de Noé. (La Vulgate est loin de rendre le sens précis du grec : Quod et vos nunc similis formae salvos facit baptisma.) On notera, d’ailleurs, que dans Heb., ix, 24, le même mot ἀντίτυπος a exactement la même signification que τύπος : « Le Christ n’est pas entré dans le sanctuaire fait de main d’homme ἀντίτυπα τῶν ἀληθίνων (exemplaria verorum). » Ce qui est qualifié ici d’ἀντίτυπα, c’est la réalité de l’Ancien Testament, à laquelle correspondent dans l’économie nouvelle des réalités plus substantielles.

La chose.

Affirmer l’existence dans l’Ancien Testament de faits, de réalités qui annoncent d’autres réalités, d’autres faits qui se sont produits dans l’économie nouvelle de salut, ce n’est pas faire autre chose que de professer l’unité de la révélation à travers les âges. Comme le dit l’admirable prologue de l’épître aux Hébreux : « Après avoir à bien des reprises et en diverses manières parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a aussi créé le monde. » Heb., t, i, 2. Le même Dieu qui s’est révélé dans et par son fils, Jésus-Christ, et par celui-ci a enseigné aux hommes l’économie définitive de salut, ce même Dieu a préparé de longtemps cette révélation. Cette préparation s’est faite par des prophéties, plus ou moins explicites annonçant, en termes parfois très clairs, d’autres fois plus voilés, la manifestation de Dieu. Les nombreuses prophéties messianiques qui jalonnent tout l’Ancien Testament étaient le moyen le plus obvie de préparer le milieu où se révélerait un jour le Fils de Dieu. Elles attiraient l’attention de ceux qui les entendaient, de ceux qui, plus tard, les lisaient, sur la grande espérance que Dieu faisait briller dans un avenir plus ou moins proche. Mais elles n’étaient pas destinées seulement à encourager les espoirs ; l’événement réalisé, elles devenaient un signe. À constater l’accomplissement de ce qui avait été prédit, les âmes de bonne volonté trouvaient la certitude de la divine mission de celui qui avait été annoncé et dont la vie réalisait les diverses circonstances consignées dans les prophéties.

Mais il était un autre moyen pour la Providence de préparer la venue du grand Révélateur. C’était d’insérer dans l’histoire des traits plus ou moins nets, des ébauches plus ou moins appuyées, de ces grandes réalités qui, un jour, seraient proposées aux hommes. Tel personnage paraîtrait dont les traits individuels reproduiraient par avance certains aspects de la physiononomie du grand envoyé divin ; certaines institutions de salut seraient établies, telles que, à les considérer de près, elles seraient comme une esquisse de ce qui,