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    1. TROIS-CHAPITRES##


TROIS-CHAPITRES. LES SCHISMES CONSÉCUTIFS

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clercs romains, ci-dessus, col. 1896 au bas, sans parler des rapports oraux que des légations ne cessaient de véhiculer. Tout cela ne pouvait qu’exciter en Occident une effervescence qui finira par aboutir à des séparations plus ou moins durables.

L’agitation ecclésiastique en Afrique et en Gaule.

L’Afrique, dès le début de la controverse, avait été fort troublée. Nous avons signalé ci-dessus, col. 1897, les mesures drastiques prises par le gouvernement byzantin pour mater une opposition sans cesse renaissante. Quand les Africains amenés de force à Constantinople eurent été jugés et envoyés en exil, on s’occupa de donner un successeur à Réparatus de Carthage en la personne d’un certain Primosus qui eut beaucoup de mal à se faire reconnaître par les deux conciles de Proconsulaire et de Numidie. Pendant ce temps les prélats africains fidèles aux Trois-Chapitres étaient internés dans de lointains monastères et jusqu’au fond de l’Egypte. Il fallut du temps pour calmer cette agitation qui naturellement s’était encore amplifiée après 553. Elle dura jusqu’à la mort de Justinien (565). Son successeur, Justin II, eut la sagesse de ne pas persévérer dans la méthode de violence ; on évita dorénavant de demander des adhésions et des signatures. Avec les années l’apaisement se fit en Afrique, sans que l’on y ait reconnu, pour autant, les décisions du Ve concile. Les relations avec Rome étaient par ailleurs assez espacées et il ne semble pas que les successeurs de Vigile soient beaucoup intervenus.

La Gaule devait leur donner un peu plus de préoccupation. Du temps de Vigile déjà, l’évêque d’Arles, Aurélien, s’était inquiété de ce qui se passait à Constantinople et avait envoyé un émissaire aux informations. Ci-dessus, col. 1895. Ainsi faisait aussi la cour du roi Childebert I er, d’où partit une légation complète pour la capitale ; certainement l’envoi dé cette mission trahissait les soucis de l’épiscopat gaulois, qui croyait en péril les décisions de Chalcédoine. Les jugements successifs et contradictoires de Vigile ne durent point passer inaperçus. Ceux de Pelage non plus, en sorte que l’évêque Sapaudus, qui avait remplacé Aurélien sur le siège d’Arles ne se pressa pas de demander à Rome le pallium, symbole de sa juridiction comme vicaire du pape au-delà des Alpes. Ce fut Pelage lui-même qui lui écrivit d’abord. Jaffé, n. 940. 4 juillet 556 ; cf. n. 941, 16 septembre. Sur les entrefaites le roi Childebcrt avait envoyé aux renseignements à Rome. Une longue lettre lui fut adressée le Il décembre. Jaffé, n. 942. Pelage y expliquait que, dans les Gaules, des gens semaient la défiance contre lui ; tout ce que l’on disait sur ses hésitations dans la foi était faux : il anathématisait quiconque s’écartait ou s’écarterait ne fût-ce qu’en un mot, en une syllabe, des enseignements du pape Léon et de Chalcédoine. Cf. aussi Jaffé, n. 943, à Sapaudus dans le même sens. Le pape comptait sur l’évêque d’Arles pour dissiper tous les malentendus ; il lui renouvelait sa délégation de vicaire apostolique et s’efforçait de s’appuyer sur lui pour renforcer sa propre autorité dans les Gaules. Mate, dans la pratique, l’Église de < régions ne reconnais’nit guère la primauté pontificale. L’action de Sapaudus, si tant est qu’elle s’exerça, ne put couper court aux bruits fâcheux qui circulaient sur l’orthodoxie de Pelage. Le roi Childebert revenait à la charge au printemps de. 557, sans aucun doute à la suite de quelque intervention épiseopalo, et exigeait du pape une profession rie fol expresse. Tout humiliante pour le Siège apostolique que fût cette démarche, Pelage dut s’y résigner ; il envoya à la cour franque une déclaration où il condamnait la doctrine de l’unique nature, recevait les décisions des quatre conciles et 1rs décrets de ses prédécesseurs et, répétant les paroles qu’il avait prononcées à Saint-Pierre de Rome, comptait comme orthodoxes ceux que les anciens papes avaient reçus et tout spécialement Théodoret et Ibas. Jaffé, n. 946 ; cf. n. 908. Mais il ne devait pas s’en tirer à si bon compte. La propagande partie jadis de Constantinople sous sa propre impulsion contre la proscription des Trois-Chapitres avait agi trop profondément dans les Gaules. Il fallut bien qu’il en vînt à une démarche catégorique et désavouât comme pape ce qu’il avait fait jadis comme diacre. C’est ce qu’il expliqua, vers 559, dans une longue lettre à Sapaudus, où il essayait de retirer ce qu’il avait écrit, à une époque où il n’avait pas encore compris toute la signification de sa démarche. Se référant aux exemples de Cyprien et d’Augustin qui n’avaient pas hésité à se rétracter, il reconnaissait maintenant, avec un grand nombre d’évêques d’Orient, d’Illyricum et d’Afrique, qu’il avait longtemps résisté à la lumière ; mais, comme eux, il voyait à présent où se trouvait la vérité. Tous les évêques de ces contrées, presque sans exception, étaient avec lui et, dans des conciles provinciaux, avaient publié la vraie foi. C’était dire que le consentement ultérieur de l’Église ratifiait tellement quellement ce qui s’était fait jadis de façon plus ou moins irrégulière à Constantinople. Jaffé, n. 978. L’agitation se calma peu à peu dans les Gaules, elle n’était pourtant pas terminée à la fin du vie siècle.

La révolte ouverte en Italie. Le schisme d’Aquilée.

Les difficultés en Gaule n’étaient rien à côté de celles que l’affaire des Trois-Chapitres faisaient surgir en Italie. Dans ce pays, d’ailleurs, il faut distinguer d’une part l’Italie au sud de l’Apennin, faisant partie du ressort métropolitain du pape, auquel se rattachaient aussi la Corse, la Sicile et la Sardaigne, et d’autre part l’Italie du nord qui se groupait, ecclésiastiquement autour des deux métropoles d’Aquilée et de Milan.

1. Les ressorts métropolitains de Rome et de Ravenne.

Encore que l’autorité du pape fût considérable, presque absolue, dans cette région, des mouvements de protestation très vifs ne laissèrent pas d’y éclater. Six évêques de la Tuscie annonaire faisaient, dès le début du pontificat de Pelage, parvenir à Rome une motion où ils déclaraient avoir rayé le pape des diptyques. Pelage leur fit savoir qu’il les considérait comme schismatiques ; ce lui fut d’ailleurs une occasion de réitérer une profession de foi qui mettait hors de doute son attachement à la foi chalcédonienne. Jaffé, n. 939. En Emilie les adversaires du pape faisaient circuler une lettre de Pelage, encore diacre, exprimant les mêmes sentiments qui maintenant poussaient les Églises d’Italie à se détacher de Rome. « Cette lettre est un faux », déclarait Pelage ; il avait seulement écrit pour se défendre contre Vigile qui voulait l’excommunier un Refutatorium, ci-dessus, col. 1910, et les six livres /n defensione Trium Capilulorum, où il ne tenait pas, d’ailleurs, les propos schismatiques qu’on lui prêtait. Jaffé, n. 972. On ne sait ce que répondirent les évêques d’Emilie. Mais on retrouve un peu plus tard Maximilien, l’un des prélats de Tuscie ; comme il persistait dans son agitation séparatiste, le pape fit appel contre lui au bras séculier et fit saisir son temporel. Jaffé, n. 1024-1026. Non moins d ure me nt sévit-il contre Paulin de Fossombrone, qui, d’ordre du gouvernement, fut relégué dans un monastère. De cette pot it c fronde Pelage eut assez facilement raison : d’ailleurs à la suite de la guerre gothique beaucoup ri’évêchés étaient vacants, Il fut aisé d’y installer ries titulaires loyalistes. Il en fut à peu près de tllflu dans le n ssott de Ravenne, dont le titulaire, Agn< l’n, dévoué au pape et à l’empereur, réussit à rallier non sans quelque peine à Pelage l’ensemble de MB sufîragants.

2. Les ressorts de Milan et d’Aquilée.

Au con-