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    1. TROIS-CHAPITRES##


TROIS-CHAPITRES. THÉODORET

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plutôt contre l’incarnation et en avait fait des extraits accompagnés de notes. Synod., n. 296 (205), p. 226 ; col. 831. De ce travail il ne reste que des fragments.

Presque au même temps Cyrille encourageait les milieux monastiques d’Antioche à résister aux évêques orientaux, dont il blâmait l’attitude : dans les livres de Théodore, leur mandait-il, se trouvait une doctrine bien pire que celle de Nestorius. Synod., n. 297 (206), p. 228 ; col. 833. Il faisait mieux encore : dans une lettre adressée à Théodose, il s’en prenait aux Orientaux qui, tout en anathématisant Nestorius, pensaient comme lui, car ils admettaient les écrits de Diodore et de Théodore, ces pères du blasphème de Nestorius et osaient prétendre que les enseignements de ces deux hommes étaient conformes à ceux des Pères orthodoxes. Synod., n. 288 (198), p. 210 ; col. 812. Bref, si pour des raisons d’opportunité Cyrille avait fini par conseiller à Proclus de laisser Théodore en repos dans sa tombe, il s’était montré, du jour où il avait découvert la parenté de Nestorius et de Théodore, fort excité contre les œuvres, sinon contre la mémoire même de l’évêque de Mopsueste. Cette première attitude de Cyrille, les milieux monophysites n’en perdront jamais le souvenir.

Théodoret de Cyr.

Contre l’évêque de Cyr des haines non moins vives s’accumulaient dans le même parti au cours des vingt années qui séparent les conciles d’Éphèse et de Chalcédoine. Se reporter pour le détail à l’art. Nestorius, t. xi, col. 107 sq.

On lui en voulait d’abord de l’attitude anticyrilllenne qu’il avait prise dès la publication des douze anathématismes. Chargé par Jean d’Antioche avec André de Samosate de critiquer ce document, où l’on voulait voir un apollinarisme larvé ou patent, Théodoret avait fait porter spécialement ses efforts sur les chapitres 1, 2, 4 et 10. Réfutant le premier, il avait expliqué, à la manière antiochienne, la légitimité du mot théotocos. À propos du second, il avait fait le procès du vocable « union hypostatique » (xaô’O7t6<rraoiv) employé par Cyrille et qu’il repoussait, lui, parce qu’il y voyait un temperamentum carnis et dioinitatis, un mélange de l’humanité et de la divinité. Le 4* anathématisme, où Cyrille rejetait toute division entre les opérations de PHomme-Dieu, paraissait à Théodoret susceptible de favoriser les erreurs d’Arius et d’Eunomius. Les paroles où le Christ confesse son ignorance ou sa peur de la mort ne pouvaient, disait-il, être le fait du Verbe divin mais bien de la « forme du serviteur ». Enfin, rapporter au Verbe divin, comme le faisait Cyrille, anath. 11, les paroles de l’épître aux Hébreux sur Jésus, « l’apôtre de notre confession, le grand-prêtre médiateur entre Dieu et les hommes », c’était s’engager en d’inextricables difficultés.

Les mêmes critiques des anathématismes cyrilliens se retrouvaient dans une longue lettre envoyée, soit au printemps de 431, soit après Éphèse aux moines de la région luphratésienno, d’Osrhoène, de Syrie, de Phénlcic et de Cilicie, bref de tout le ressort d’Antioche. Théodoret, Epist., cli, P. G., t. lxxxiii, col. 1416 sq. Théodoret y montrait dans les capitula cyrilliens des accointances avec Arius et Eunomius, voire avec Valentin et Marcion. Sans doute la partie de la lettre où l’évêque de Cyr exposait positivement sa propre doctrine de l’incarnation valait mieux que ces critiques passionnées ; elle ne pourrait pas faire oublier les âpres Invectives dont la première partie accablait « l’Égyptien i.

A Éphèse, tout naturellement, Théodoret s’était rangé avec Jean et les Orientaux qui, dès leur arrivée, avaient pris avec éclat position contre Cyrille. Non sans raison on lui attribue la rédaction du formulaire de fol qu’émit le concile oriental et qui passera finalement dans l’Acte d’union de 433. Des sentiments qui l’animaient alors, l’expression très vive se retrouve dans une lettre adressée à son compagnon d’armes, André de Samosate, qui n’a pu venir au concile : « Heureux est-il d’avoir été empêché de partir pour Éphèse, ainsi n’est-il pas témoin des tristes choses qui viennent d’y arriver : le Pharaon d’Egypte (entendons Cyrille) insanit contra Deum rursus et répugnât contra Mosen et Aaron et pars maxima Isrælis consentit inimicis. Quelle tragédie ! » Synod., n. 108 (20), A. C. O., i, 4, p. 59 ; P. G., t. lxxxiv, col. 613. Bientôt le synode des Orientaux envoie une députation à la cour, Théodoret en fait partie avec Jean d’Antioche. Synod., n. 111 (23), p. 63 ; col. 617. Elle a pour mandat moins de protester contre la condamnation de Nestorius que de faire condamner les capitula « hérétiques » de Cyrille. Nous n’avons pas à décrire ici les démarches tentées par la délégation, que le gouvernement consigna à Chalcédoine, sur la rive asiatique du Bosphore. Dans une lettre à Alexandre de Hiérapolis, Théodoret narre toutes les difficultés qui se rencontrent, spécialement pour défendre Nestorius, leur ami commun. Synod., n. 119 (30), p. 69 ; col. 626. De Chalcédoine la délégation, par la voix de Théodoret, qui rassemble autour de sa chaire les partisans de Nestorius, exhorte les Constantinopolitains à rester fidèles à leur pasteur légitime. Parties importantes de ce sermon dans Synod., 125 (36), p. 77 ; col. 637. L’allocution est violente à l’endroit de ceux qui ont condamné Nestorius et l’ont assassiné calamorum subscriptionibus, le tout pour amener une déclamation contre la doctrine prêtée à Cyrille, nouvel adversaire du Christ, selon qui Dieu serait soumis à la souffrance et à la mort. Le Ve concile relèvera au moins trois des sorties dont se rendit alors coupable Théodoret.

Rentré à Cyr, Théodoret se mit à la composition d’un ouvrage en cinq livres, où il présentait, à rencontre de Cyrille et du concile d’Éphèse, la doctrine dyophysite. Quelques extraits importants sont conservés par la Palatina, A. C. O., 1. 1, vol. v, p. 165-170 ; cf. P. L., t. xlviii, col. 1067-1076 ; ils ont été naturellement choisis parmi ceux qui pouvaient davantage compromettre l’auteur. Retenons au moins celui qu’à son tour transcrira le pape Pelage II, dans sa 3e lettre aux évêques d’Istrie, A. C. O., t. iv, vol. ii, p. 130. Prenant comme terme de comparaison, l’union de l’homme et de la femme qui seront duo in carne una, pour expliquer l’union des deux natures en Jésus, Théodoret ajoute : Cum naturas discernimus, Dei Verbi naturam integram dicimus et personam sine dubilatione perfectam, perfectam quoque naturam humanam cum sua persona simililer confilemur. Cum vero ad conjunctionem respicimus, lune demum unam personam merito nuncupamus. Cf. art. Nestorius, t. xi, col. 152. De telles expressions, quand le concept de personne aura recouvert exactement celui d’hypostasc, paraîtront évidemment abominables. Mais ce traité de Théodoret n’a été exploité que postérieurement au V° concile.

On a dit, art. Nestorius, col. 120 sq., les efforts faits par le gouvernement impérial pour réconcilier les deux partis qu’avaient dressés l’un contre l’autre les événements d’Éphèse. Il reste à dire ce que fut, dans ces conjonctures, l’attitude de Théodoret. Sa première idée avait été d’exiger de Cyrille qu’il se déjugeât, en abandonnant les anathématismes et en admettant l’innocence de Nestorius. Synod., n. 142 (53), 143 (54), p. 92 et 93 ; col. 658 sq. Demande exorbitante et que le patriarche d’Alexandrie ne pouvait que rejeter. Du moins, dans une longue lettre à Acace <le Héréc, qui s’était porté médiateur, faisait-il des déclarations doctrinales fort importantes : il n’avait aucune sympathie pour Apollinaire, Arius ou aucun autre hérétique, il n’admettait dans l’incarnation ni