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TRINITÉ — TRIONFO (AUGUSTIN)

La seconde difficulté est tirée de Cyrille d’Alexandrie, qui interprète ce passage de saint Jean comme si le Saint-Esprit n’avait été donné aux justes de l’Ancien Testament que par son opération, èvépyeia, et non par sa substance. In Joan., t. V, c. ii, P. G., t. lxxiii, col. 749-760. L’opinion particulière de saint Cyrille sur ce point nous troublera d’autant moins qu’elle a contre elle la plupart des autorités patristiques touchant ce texte johannique. Voir Galtier, De SS. Trinilate, n. 438-440, et que vraisemblablement son auteur l’a formulée à titre de simple hypothèse pour expliquer le fait d’une sanctification analogue à la nôtre, qu’il ne songe pas le moins du monde à contester. Sur la pensée de Cyrille, voir Kleutgen, De ipso Deo, n. 1141, et Franzelin, thèse xlviii, p. 664.

Enfin, la troisième autorité en cause est celle de Petau qui, s’appuyant sur saint Cyrille, accorde aux justes de l’Ancien Testament le don créé de la grâce et non la présence substantielle du Saint-Esprit. De Trinitate, t. VIII, c. vii, n. 1-10. — Il convient de ne pas s’en émouvoir. « Ce qui est opposé (dans le texte de saint Jean) ce sont deux grandes économies. Dans l’ancien ordre, la grâce de l’Esprit-Saint était pour ainsi dire sporadique, comme un secours fourni par Dieu dans les grandes circonstances. Après que Jésus aura été glorifié, il y aura Esprit : les croyants en seront animés ; il sera répandu partout et avec abondance ; ce sera un état normal de grâce, que l’Église reconnaît dans l’action des sacrements ». M.-J. Lagrange, L’évangile selon saint Jean, Paris, 1927, p. 217.

I. Traités théologiques. —

Les grands commentateurs du Maître des Sentences à la dist. XIV du 1. I ; ou de saint Thomas, Sum. theol., I », q. xliii ; spécialement les Salmanticenses, disp. XIX ; Suarez, De Trinitate, 1. XII ; Jean de Saint-Thomas, q. xliii, disp. XVII ; Gonet, De sacro Trinitatis mysterio (Clypeus), disp. XIII ; Franzelin, De Deo trino, th. xlii-xlviii ; Kleutgen, De ipso Deo, t. II, q. vi ; Chr. Pesch, Preeleetiones dogmaticte, t. ii, tr. ii, sect. v ; Billot, De Deo trino, th. xlii-xliii ; Van Noort, De Deo trino, n. 196 sq. ; A. d’Alès, De Deo trino, th. xii ; P. Galtier, De SS. Trinitate in se et in nobis, th. xxiv-xxvii ; H. Lange, De gratia, Fribourg-en-B., 1930, p. 328-343 ; Diekamp-Hoffmann, Manuale, t. i, § 24 ; et, en général, les manuels.

Pour la doctrine, Petau, De Trinitate, 1. VIII ; Thomassin, De incarnatione, t. VI, c. viii-xx ; Th. de Régnon, Études de théologie positive sur le mystère de la Sainte Trinité. On consultera aussi avec profit Franzelin et Kleutgen.

II Travaux spéciaux. —

J.-B. Terrien, S. J., La grâce et la gloire, Paris, 1897, 1. 1, t. IV, V, VI et t. ii, appendices i et v ; B. Froget, O. P., De l’habitation du Saint-Esprit dans les âmes justes, Paris, 1900 ; F.-D. Joret, O. P., Les missions divines, dans la Vie spirituelle, 1931, p. 113 sq. ; P. Galtier, S. J., L’habitation en nous des trois Personnes, Paris, 1928 ; A. Gardeil, O. P., La structure de l’àme et l’expérience mystique, t. n ; L. von Rudlolï, O. S. B., Des hl. Thomas Lehre von der Formalursache der Eimvohnung Gottes in der Seele der Gerechlen, dans Divus Thomas de Fribourg, 1930, p. 175191 ; M. Retailleau, La Sainte Trinité dans les justes (thèse), Angers, 1932.

On indiquera, en terminant, deux études publiées dans l’Ami du clergé, 1932, p. 294 sq ; 1939, p. 101-104, exposant un point de vue assez nouveau de la question ; on se contentera également d’indiquer Dom L. Chambat, Les missions des personnes de la Sainte Trinité d’après saint Thomas d’Aquin, Abbaye S. Wandrille, 1943.

A. Michel.


TRIONFO Augustin († 1328), alias Augustin d’Ancone, un des plus célèbres théoriciens du pouvoir pontifical.

I. Vie. — Il appartenait à une noble famille d’Ancone, où il naquit dans la seconde moitié du xiiie siècle. D’après son épitaphe, il aurait, au moment de sa mort (1328), atteint l’âge de quatre-vingt-cinq ans : ce qui reporterait sa naissance à 1243. Mais cette date est aujourd’hui regardée comme beaucoup trop ancienne, sans d’ailleurs être remplacée, par le dernier de ses biographes, le P. Hugues Mariani, Scrittori politici Agostiniani, p. 59.

De bonne heure, il entra dans l’ordre des augustins. Après avoir étudié à l’université de Paris, où il fut l’élève de saint Thomas d’Aquin et le condisciple de Gilles de Rome, il y devint maître à son tour. Il y lisait encore les Sentences en 1300. Analecta Aug., t. iii, p. 15. Ensuite il revint dans sa patrie, sans qu’on puisse bien déterminer les étapes de sa carrière. On le trouve successivement à Mantoue, où il aurait été prédicateur à la cour du duc François de Carrare, puis dans son pays natal d’Ancône, enfin à Naples, où il devint le conseiller du roi Charles II. C’est là qu’il mourut le 2 avril 1328.

Grande fut sa réputation dès son vivant. Pour le conduire d’Ancône à Naples, Charles II lui aurait envoyé une galère spéciale en signe d’hommage. Le Saint-Siège ne l’appréciait pas moins. Sans doute le P. Mariani n’admet plus, en raison de sa jeunesse, qu’il ait été invité au concile de Lyon (1274) en remplacement de saint Thomas. On sait du moins que Jean XXII, à la date du 18 janvier 1326, lui accordait, en plus d’une pension annuelle de dix onces d’or, une subvention exceptionnelle de 100 florins d’or pro scribendis libris. De ces livres, après sa mort, ses concitoyens d’Ancône firent exécuter une belle copie, aussi complète que possible, aujourd’hui conservée à la bibliothèque du Vatican. Ses confrères augustins placèrent sur sa tombe une inscription louangeuse, où il est appelé sanctus in vita et clarus in scientia et proposé à l’imitation de tous comme un religionis speculum.

II. Œuvres. — Son épitaphe lui attribue XXXVI volumina librorum, dont le catalogue traditionnel, établi par D.-A. Gandolfi, Dissertatio historica de 200 celeberrimis augustinianis scriptoribus, Rome, 1704, p. 82-84, se retrouve tel quel dans U. Mariani, op. cit., p. 60-63. Ils se répartissent un peu sur toutes les branches que comportait le cadre scolaire du temps, mais sont restés pour la plupart inédits. Nomenclature dans P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au xiiie siècle, Paris, 1933, n. 409, t. ii, p. 321-327.

1° Dans l’ordre philosophique, on y trouve des Quæstiones sur les Premiers analytiques d’Aristote ; des Commentaria sur sa métaphysique, dont un extrait De cognitione animæ fut imprimé à Bologne en 1503, ainsi qu’un Tractatus de prædicatione generis et speciei ; une Destructio arboris Porphyrii et un Milleloquium veritatis, ce dernier peut-être douteux.

2° Un deuxième groupe comprend des ouvrages d’ordre plutôt pratique. C’est ainsi que l’exégèse l’avait retenu. Il a laissé des commentaires sur Ézéchiel, les Évangiles, saint Paul et les Épîtres canoniques, plus une Catena Patrum sur l’Apocalypse, un De introitu terræ promissionis et un De cantico spirituali. D’autres écrits appartiennent à l’ordre ascétique et pastoral, savoir, outre une collection de Sermones varii, une explication du Pater (éditée à Rome, 1587 et 1590), des élévations sur le mystère de l’annonciation, avec explication de la salutation angélique et du Magnificat (dont trois éditions sont mentionnées : Rome, 1590 ; Lyon, 1606 ; Madrid, 1648), plus deux opuscules De amore Spiritus Sancti et De consolatione animarum beatarum.

3° Mais c’est surtout la théologie qui mérite ici de nous retenir. — 1. On a d’Augustin un commentaire des Sentences, qui doit représenter le fruit de son enseignement et dont quelques extraits seulement viennent d’être publiés par M. Schmaus (voir la bibliographie) ; diverses monographies sur le trésor de l’Église, la résurrection des morts, la libre arbitre et la prédestination ; un traité de controverse : De Spiritu Sancto