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TRINITÉ. L’A. T., LE MESSIANISME


« aujourd’hui. » Act., xiii, 33. D’autres, à commencer

par saint Justin, Dial., 88, y ont plutôt vu l’annonce du baptême du Sauveur. En toute hypothèse, le psalmiste a eu en vue l’inauguration du règne messianique, et il n’y a pas lieu de cheicher davantage dans les formules qu’il emploie. Cependant l’affirmation de la filiation divine du Messie est trop claire pour ne pas retenir l’attention.

Le Messie.

D’autre part, le Messie lui même a, avec Dieu, des relations spéciales qui l’élèvent au-dessus de tous les autres hommes. Il est un homme, assurément, et jamais les Juifs n’auraient songé à faire de lui un personnage étranger à la condition humaine. Mais il n’est pas un homme comme les autres. Nous avons déjà rappelé quelques textes prophétiques qui annonçaient la merveilleuse effusion des dons de l’Esprit répandus sur lui. Is., xi, 1 5. Il y a plus. Isale déclare qu’il sera le fl’s d’une vierge et qu’il sera appelé Emmanuel, Is., vii, 14 : sans doute, ce nom théophore peut, comme tant d’autres, n’avoir qu’une signification symbolique et exprimer la confiance dans le secours de Dieu. Mais, ailleurs, d’autres noms plus expressifs encore lui sont attribués : « Un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule. On l’appellera admirable, conseiller, Dieu fort, père éternel, prince de la paix. » Is., îx, 5. Les traducteurs grecs de la prophétie seront un jour si étonnés de cette accumulation de titres glorieux qu’ils n’oseront pas la reproduire et qu’ils les remplaceront tous par celui-ci, plus simple : l’ange du grand conseil.

De son côté, Michée annonce : « Et toi, Bethléem Ephrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël et dont l’origine remonte aux temps anciens, aux jours de l’éternité. » Mich., v, 1. Bien qu’il ne faille pas entendre au sens métaphysique l’expression les jours d’éternité, on ne peut manquer de s’arrêter devant elle : le Messie est ancien, plus ancien que tout le reste, au moins dans les desseins de Dieu. Les visions de Daniel font même entrevoir de nouvelles perspectives, puisqu’elles nous transportent dans le ciel et y montrent le Messie siégeant auprès de Dieu : « J’étais toujours spectateur de ces apparitions nocturnes, et voici venir sur les nuages du ciel comme un fils d’homme et il parvint jusqu’à l’ancien des jours et on le lui présenta. Et il lui fut donné pouvoir et gloire et royauté, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son pouvoir est un pouvoir éternel, qui ne lui sera pas enlevé et son règne est un règne qui ne sera pas détruit. » Dan., vii, 13-14. Le Messie reste un homme, assurément, et le chef du royaume d’Israël ; mais cet homme a une origine céleste et c’est de Dieu lui-même qu’il tient toute sa puissance : ne sommes-nous pas élevés de la sorte bien au-dessus des conditions ordinaires de l’humanité ?

Le psaume cx donne, avec plus de force encore, les mêmes enseignements. On sait l’usage qu’en a fait le Sauveur au cours de ses discussions avec les pharisiens : « Comme les pharisiens étaient assemblés, Jésus les interrogea en disant : » Que pensez-vous du Messie ? » De qui est-il le fils ? « Ils lui répondirent : » De David. « Et Jésus leur dit : » Comment donc David, inspiré par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur, lorsqu’il dit : le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied ? Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ? » Nul ne put lui répondre un seul mot ; et depuis lors, personne n’osa plus l’interroger. » Matth., xxii, 41-45. Il est indéniable que le psaume l’applique directement au Messie, bien que les Juifs du IIe siècle l’aient Interprété d’Ezéchias, Justin, Dial, 83, sans doute pour enlever à l’exégèse chrétienne un de ses meilleurs arguments ; et le Messie y est présenté comme le maître de David ; bien plus, il est invité par Jahvé lui même à prendre place à sa droite. Il est encore un homme et sa destinée est de régner sur toutes les nations de la terre, mais il n’est pas un homme comme les autres et nul ne saurait lui être comparé.

Les apocryphes, du moins quelques-uns d’entre eux, reprennent et développent ces conceptions grandioses du Messie. Voici comment s’expriment à son sujet les psaumes de Salomon : « Il est un roi juste, instruit par Dieu, établi sur eux (les fils de Jérusalem) ; et il n’y a pas d’iniquité pendant ses jours, au milieu d’eux ; car tous sont saints, et leur roi est le Christ (du) Seigneur… Le Seigneur lui-même est son roi et son espérance, et il est puissant par son espérance en Dieu ; et il aura pitié de toutes les nations qui sont devant lui dans la crainte. Car il réduira la terre par la parole de sa bouche pour toujours ; il bénira le peuple du Seigneur dans la sagesse avec joie. Et il sera pur du péché pour commander aux peuples immenses, pour reprendre les chefs et détruire les pécheurs par la force de sa parole. Et il ne faiblira pas pendant ses jours, appuyé sur son Dieu, parce que Dieu l’a fait puissant par l’Esprit-Saint, et sage par le conseil et l’intelligence, accompagnés de la force et de la justice… Il est puissant dans ses œuvres et fort par la crainte de Dieu. Il paît le troupeau du Seigneur dans la foi et la justice, et il n’en laissera pas parmi eux être malades dans leur pâturage. Il les conduira tous dans l’égalité et il n’y aura pas parmi eux d’orgueil ni d’esprit de domination. Telle est la majesté du roi d’Israël, que Dieu a prévue pour le susciter sur la maison d’Israël afin de la corriger. » Ps. Sal., xvii, 35-47.

Jérusalem venait de tomber entre les mains de Pompée, lorsque ce psaume fut rédigé. À une heure où toutes les espérances humaines semblaient anéanties, l’auteur relève le courage de ses compatriotes en orientant leurs regards vers un avenir meilleur. Il reprend dans les Livres Saints les traits les plus glorieux du Messie et il les rassemble en une vigoureuse synthèse. Israël peut avoir été vaincu par des maîtres humains : il n’en possédera pas moins, au jour marqué par Dieu, le règne de justice et de sainteté dont le Christ du Seigneur sera le chef invincible ; et ce roi sera tout-puissant, d’une puissance spirituelle, dont Jahvé sera le principe et que personne ne pourra lui enlever. Toute la scène se passe sur la terre, dans le cadre même de Jérusalem ; et pourtant le pouvoir du Messie a bien quelque chose de surhumain par son origine autant que par son caractère.

Les Paraboles d’Hénoch nous ramènent au ciel et rappellent les visions de Daniel : « Là, je vis quelqu’un qui avait une tête de jours et sa tête était comme de la laine blanche ; et avec lui un autre dont la figure avait l’apparence d’un homme, et sa figure était pleine de grâce comme un des anges saints. J’interrogeai l’ange qui marchait avec moi et qui me faisait connaître tous les secrets, au sujet de ce fils de l’homme : « Qui est-il et d’où vient-il ? Pourquoi marche-t-il avec « la tête des jours ? » Il me répondit et me dit : « C’est le Fils de l’homme qui possède la justice et avec lequel la justice habite, qui révélera tous les trésors des secrets, parce que le Seigneur des Esprits l’a choisi, et son sort a vaincu par le droit devant le Seigneur des Esprits pour l’éternité. Le fils de l’homme, que tu as vii, fera lever les rois et les puissants de leurs couches et les forts de leurs sièges ; et il rompra les freins dis torts et il brisera les dents des pécheurs, et il renversera les rois de leurs trônes et de leur pouvoir, parce qu’i’s ne l’ont pas exalté et qu’ils ne l’ont pas glorifie et qu’ils n’ont pas confessé humblement d’où leur avait été donnée la royauté. » Hénoch, xlvi, 1-5. « Au moment, ce Fils de l’homme fut nommé auprès