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TRINITÉ. MISSIONS INVISIBLES

t. xxix, col. 660 A-661 B. Si donc il parle de la sanctification comme œuvre propre du Saint-Esprit, c’est pour montrer que l’Esprit-Saint participe à la nature sanctificatrice, commune aux trois personnes ; donc qu’il est Dieu comme le Père et comme le Fils. Cf. Epist., viii, 10, t. xxxii, col. 261 C-264 B (la lettre serait d’Évagrius, cf. Lebreton, Bech. de science rel., 1924, p. 344). Les passages du De Spiritu sancto indiqués plus haut suffiraient d’ailleurs à montrer que cette œuvre sanctificatrice est aussi l’œuvre du Père et du Fils. « En toutes choses, le Saint-Esprit est inséparable et absolument indissociable du Père et du Fils. » De Spir. s., xvi, 37, col. 133 A.

Voir l’exposé et l’interprétation de la doctrine de Basile dans Galtier, L’habitation en nous des trois personnes, Paris, 1928, p. 75-90. Si Basile paraît parfois attribuer au Saint-Esprit d’une manière exclusive la propriété sanctificatrice, c’est que, à défaut d’autre trait distinctif et de nom personnel, il a fallu trouver dans la sainteté (le Saint-Esprit) une sorte de propriété distinctive de la paternité et de la filiation.

g) Cet embarras et cette appropriation de la sainteté à la troisième personne se retrouvent chez saint Grégoire de Nazianze, Or., xxvi, 16, P. G., t. xxxv, col. 1221 AB ; xxxi, 4, t. xxxvi, col. 137 A ; ce qui n’empêche pas cet auteur de reconnaître au Fils le pouvoir de sanctifier par lui-même. Il est, lui aussi, àyiaau, 6c ;. Cf. Or., xxx, 20, col. 130 D (d’après I Cor., i, 30). C’est par la communication de sa personne qu’on explique la sanctification exceptionnelle de sa nature humaine : il est Xpiaroç Sià ttjv 0e6T7)Ta. Ibid., 21, col. 132 B.

h) Plus explicitement encore saint Épiphane rapporte à la Trinité tout entière l’inhabitation dans une âme juste devenue son tabernacle saint et son temple sacré. Ancoralus, 73, P. G., t. xliii, col. 153 C ; il proclame que « toute la Trinité est appelée sainte… Ils sont trois agissants, trois coagissants, trois saints, trois saints ensemble, rpta écyta, xpta auvâyia…, xpla èvepyà, Tpîa (Twepyde ». Ibid., 67, col. 137 C. Voir aussi, contre l’idée trithéiste d’un partage de la puissance divine entre les trois personnes, saint Grégoire de Nysse, Cont. Eunomium, ii, P. G., t. xlv, col. 472 A ; Quod non sinl très dii, col. 125 D-129 A ; S. Jean Chrysostome, In Joannem (xx, 22), hom. lxxxvii, 3, P. G., t. lix, col. 471. Saint Hilaire, qui touche de si près à la pensée grecque, n’hésite pas à briser nettement l’appropriation de la sainteté à la troisième personne : « Il n’y a pas à se troubler de voir le nom de Saint-Esprit appliqué fréquemment au Père et au Fils ; la raison en est seulement que l’un comme l’autre est également et esprit et saint. » De Triniiate, III, 30, P. L., t. x, col. 70 B-71 A. Cf. Galtier, op. cit., p. 69-74.

i) Cyrille d’Alexandrie offre des formules plus riches et plus variées. Le fond de la doctrine est le même. Notre retour à Dieu, dit-il, s’effectue par le Sauveur Jésus-Christ et par la participation et la sanctification de l’Esprit qui nous unit à Dieu et, par là, nous rend participant de la nature divine. 7n Joannem, t. XI, c. x, xii, P. G., t. lxxiv, col. 544 D-545 A ; 577 A. Cꝟ. t. X, c. ii, col. 333 A ; t. I, c. xiii, t. lxxiii, col. 157 A ; Thésaurus, ass. 34, t. lxxv, col. 576 C, 584 D, 592 D, 604 D. 609 A.

Si notre docteur applique au Saint-Esprit l’expression d’ « agent personnel » de sanctification (oojroupyov ou aô-roupyeïv), c’est pour l’opposer aux agents de sanctification créés. Ceux-ci, en effet, n’ont pas d’euxmêmes et en eux-mêmes le pouvoir de sanctifier ; s’ils ni reçoivent la mission, ils ne peuvent communiquer qu’une sainteté reçue du dehors, par participation (ifÇ(j)Œv, …èx’iiETo/î-ç). Tel n’est pas le pouvoir du Saint-Esprit, bien que les hérétiques affirment le contraire. Cf. Thésaurus, ass. 34, col. 593 A, 596 D : « Si l’Esprit-Saint n’agit pas en nous par lui-même (oùx aÙTOupyeî) et si, au lieu d’être par nature ce que dit son nom de saint, il reçoit d’abord par participation qi.£Toxtxûç xod iL£TaV/)7ruxtoç) la sainteté que l’essence divine déverse sur lui pour qu’il nous la transmette (êx7ts(jntei)> ensuite la grâce dont il a été gratifié lui-même, c’est par une créature que la grâce (dite) du Saint-Esprit nous est administrée. Tout cela est faux… C’est par lui-même que l’Esprit agit en nous (ocÙTOopyov àpa to IIveû(i.a èv 7]tnv) ; il nous sanctifie vraiment et il nous unit à lui-même en nous appliquant (en quelque sorte) à lui-même ; ainsi nous rend-il participants de la nature divine. » Col. 597 C, trad. Galtier, op. cit., p. 60.

En parlant de la mission sanctificatrice propre au Saint-Esprit, il ne s’agit donc pas d’opposer la troisième personne au Père et au Fils dans une mission où une opération lui serait exclusivement propre ; Cyrille affirme simplement que le Saint-Esprit, étant Dieu, ne saurait recevoir d’autre que de lui-même, en tant que Dieu, ce pouvoir sanctificateur et que, par là, il se distingue des créatures qui reçoivent ce pouvoir d’ailleurs. Cette doctrine est fortement énoncée dans le Thésaurus, loc. cit., col. 593 A-597 C. D’ailleurs Cyrille revendique aussi pour le Fils le pouvoir sanctificateur. Si le Fils possède ainsi en propre, lui aussi, le pouvoir sanctificateur, c’est qu’il possède la nature divine, sainte par essence, De Trin., dial. vi, col. 1008 D. 1017 D, 1120 AC, 1121 AB. Ayant la nature divine, il nous la fait participer. Dial. iii, col. 833 C, 837 A. Le Fils est « saint substantiellement », oùoiwSwç ôroipxtûv eroçta xod Çw$)… ôaioç, Syioç, <5cya00ç.. In Joan., t. XI, c. vii, t. lxxiv, col. 497 D-500 A. Saint par nature, il lui appartient aussi de sanctifier, àyiàÇei yàp aùréç, <£yioç àv xaxà cpôciv, De Trin., dial. vi, t. lxxv, col. 1013 D, 1017 B ; cf. dial. iv, col. 904 AB et 905 A ; Ado. Nestor., t. IV, c. ii, t. lxxvi, col. 180 B. Bien plus, si notre union au Fils nous renouvelle intérieurement, c’est qu’elle nous unit aussi au Père. In Is., t. III, tom. i, t. lxx, col. 580 CD ; In Joan., t. XI, c. viii, t. lxxiv, col. 509 C ; cf. In Hebr. (n, 17), col. 968 C. L’eucharistie est un moyen de réaliser cette participation à la nature divine. In Joan., t. XI, c. xi, col. 564 D-565 A, 577 A.

D’ailleurs, il est impossible de séparer une personne de l’autre dans leurs œuvres extérieures. Cyrille enseigne cette vérité sous un triple aspect : dans ses commentaires sur les Écritures, celles-ci montrant que le Saint-Esprit est inséparable du Père et du Fils, In Joan. (xiv, 23), t. X, t. lxxiv, col. 289 D ; (xvii, 17, 18, 19), t. XI, col. 544 D-545 A ; (xx, 22), t. XII, col. 709 B-717 ; voir aussi In / »  » ad Cor. (xii, 3, 4), col. 885 A ; dans ses essais dogmatiques, en reconnaissant que le Saint-Esprit possède la nature divine, 771es., loc. cit., t. lxxv, col. 593 D ; De Trin., dial. vi, col. 1012 C ; dans sa polémique contre Nestorius ou contre Julien, anath. ix (epist. xvii), t. lxxvii, col. 121 B ; Cont. Julianum, t. I, t. lxxvi, col. 533 B et D. Cf. A. d’Alès, op. cit., p. 270-271.

Mais alors pourquoi parler de mission sanctificatrice ou de pouvoir sanctificateur propre au Saint-Esprit ? Saint Cyrille s’est posé l’objection. De Trin., dial. vii, roi. 1120 BC. La réponse qu’il y fait nous ramène toujours au même point : le Saint-Esprit a la sainteté du Fil » et du Père et il ne l’a qu’en vertu de sa procession ; il ne l’a donc pas par une participation, eomnu une créature pourrait l’avoir. Il la tient, Comme m<- propriété de nature, en raison de sa divinité et c’est la raison pour laquelle il nous sanctifie et opère par lui-même en nous. De Trin., dial. vii, col. 1093 I) ; 1(196 A ; In Joan.. t. XI, c. iii, t. lxxiv, COJ, 177 C l.n niiiiiic, « l’erreur a laquelle 69 a toujours notre docteur conteste uniquement quc le Saint-