Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1829
1830
TRINITÉ. MISSIONS DES PERSONNES DIVINES


de la fête de la Sainte Trinité, dans Les Questions liturgiques et paroissiales de Louvain, t. ii, 1911-1912, p. 380-383 ; cf. dom Joseph Kreps, t. viii, 1923, p. 139-140. Au XIIe siècle, Rupert de Deutz parle de la messe en l’honneur de la Trinité comme d’une messe partout connue et d’institution carolingienne. L’usage s’en établit peu à peu en Gaule, en Germanie, dans les Pays-Bas et en Angleterre. Des synodes diocésains émettent le vœu qu’on célèbre partout la fête. Cîteaux l’adopte en 1271 ; Cluny l’avait déjà adoptée auparavant. Mais l’Église romaine se refusait à sanctionner l’usage. Alexandre III († 1181) le rejette expressément. Lettre à l’évêque de Terdon, P. L., t. cc, col. 1349. Sicard de Crémone († 1215) dit bien dans le Mitrale, P. L., t. ccxiii, col. 385-387, que Grégoire VII aurait approuvé une fête de la Sainte Trinité le dernier dimanche de l’année ecclésiastique ; mais on n’a pas retrouvé cet acte. Voir dom Beauduin, art. cit., p. 382. Personnellement, Sicard rejette l’usage comme contraire à la pratique romaine, col. 386. Malgré cela, la fête continua d’être célébrée un peu partout dans les pays où elle avait pris naissance et Jean XXII, condescendant à l’usage de son pays d’origine, la France, retendit en 1334 à l’Église universelle en la fixant à sa date habituelle du dimanche octave de la Pentecôte. L’acte pontifical d’institution est introuvable dans le Bullaire et dans Mansi ; mais tous les auteurs sont d’accord sur ce point. Cf. dom Beauduin, ibid., p. 382. Et la fête est bien à sa place : « Après avoir célébré l’avènement du Saint-Esprit, nous chantons le dimanche suivant la gloire de la Sainte Trinité, car aussitôt après la descente de ce divin Esprit commencèrent la prédication et la croyance et, dans le baptême, la foi et la confession au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Rupert de Deutz, De divinis officiis, I. XI, c. i, P. L., t. clxx, col. 293 B.

Cette étude, étant elle-même d’un caractère général, doit par les indications qu’elle renferme, se servir de bibliographie. Il sera néanmoins utile d’indiquer quelques travaux susceptibles de fournir au lecteur d’utiles orientations.

En ce qui concerne les scolastiques, la marche des Idées et la suite des auteurs est, dans l’ensemble, bien indiquée dans le manuel de Patrologie du P. Cayré, t. ii ; et l’on trouvera de précieux renseignements dans Grabmann, Die Geschichte der schalastischen Methode. On se référera également aux Études du P. Th. de Régnon, maintes fois signalées au cours de l’article, au De Trinitate de Petau, la doctrine patristique y étant souvent rapprochée de la systématisation scolastique. L’ouvrage monumental de dom Ceillier renferme d’Intéressantes vues générales et particulières, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, éd. Vives, t. xiv (i et ii). Enfin, sur l’ensemble des écoles du Moyen Age, il est indispensable de consulter M. Sehmaus, Der « Liber propugnatorius » des Thomas Anglicens und die Lehrunterschiede zwischen Thomas von Aquin und Duns Scotus"", Munster, 1930, et, sur un objet plus restreint, A. Stohr, Die llauplrlchtungen der speculatiuen Trinitätsiehre im XIII. Jahrhundert, dans Theol. QuartaUehrift, 1925, p. 113 sq. — Ces vues très générales ne dispensent pas de recourir aux monographies concernant chaque auteur, indiquées soit dans la bibliographie des articles qui leur sont consacrés, soit dans cette étude au fur et a mesure que leurs noms se sont présenté-..

Pour les controverses relatives à la procession du Saint-Esprit, touchées ici dans nue mesure très restreinte conformément au plan même de l’article, il suffira de se reporter aux deux articles Esprit-Saint (La procession de l’) et Filioque, et aux bibliographies copieuses qu’ils comportent. Les articles concernant Photius}}, et le Schisme d’Orient fournissent également un appoint utile, ainsi que l’étude de J. SlipyJ, Die Trinitätslthre des byzantinischen Patriarchen Photios, Inspruck, 1921 et surtout, pour la suite de la controverse, après le concile de Florence, l’ouvrage du P. Jugie, Theologla christianorum orientalium, t. ii, Paris, 1932 ; du même, De processione Spiritus sancti ex fontibus revelationis et secundum Orientales dissidentes, le.coll. Lateranum, t. ii, 1937.

L’exposé général des thèses protestante et rationalistes est suffisamment fait aux articles Trinité, Antitrinitaires et Unitaires de l’Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberger. Le complément sera donné dans Trechsel, Die protestantischen Antitrinitarier vor Faustin Socin, Heidelberg, 1839 et par l’ouvrage déjà vieilli, mais suffisant pour les époques et la matière que nous avons étudiées, de I.-A. Dorner, Histoire de la théologie protestante, tr. fr. Paumier, Paris, 1870. Voir également L. Gouget, La Sainte Trinité et les doctrines antitrinitaires, 2 vol., Paris, 1905.

Sur le culte de la Trinité : Schwickavius, De augustissima et SSma Trinitate cognoscenda, amanda, laudanda, libri tredecim, Mayence, 1619 ; De Bugis, Traclatus de adorandæ Trinitatis mysterio, Lyon, 1671 ; Nadasi, Spirationes theologicee ad unum et trinum Deum in 52 hebdomadas distribulse. Vienne, 1756. L’ouvrage du P. Charles van den Abeele, Introduction à l’amour égal envers les trois personnes divines a été réédité dans la Petite Bibliothèque chrétienne sous le titre : La plus auguste des dévotions, 1875 et La Très Sainte Trinité et l’esprit chrétien, 1883. Plus récemment le P. Laborde, S. J., a publié, en deux volumes, Dévotion à la Sainte Trinité, Paris-Tournai, t. i, 1922 ; t. ii, 1925. L’ouvrage comprend quatre parties : i. Considérations générales, ii. Nos rapports avec la Sainte Trinité, iii. Historique de la dévotion à la Très Sainte Trinité, iv. La Très Sainte Trinité dans l’âme des saints. Fréquemment le P. Laborde rappelle un des fondements de la dévotion envers la Trinité : l’habitation des personnes divines dans l’âme juste. Les ouvrages concernant cette habitation (voir l’article suivant) renferment donc, eux aussi, de précieuses indications relatives à cette dévotion. On recourra également aux études concernant la dévotion au Saint-Esprit, notamment à C. Friethofï, O. P., De Spiritus Sancti recta invocatione dans l'Angelicum, 1930, p. 314 sq.

E. A. Michel.




TRINITÉ (MISSIONS ET HABITATION DES PERSONNES DE LA).

Ces questions ayant été réservées à l’article Trinité, nous leur consacrons, à la suite de l’étude de la théologie trinitaire, un article spécial. On étudiera donc :

I. Les missions des personnes de la Trinité.

II. L’habitation de ces personnes dans l’âme juste (col. 1841).


I. Missions des personnes de la Trinité.

Les théologiens, dans leurs commentaires de la question xliii de la Somme théologique., ont coutume d’exposer : la notion générale des missions divines, les missions visibles et les missions invisibles.

1° Notion générale.

1. Les éléments d’une mission.

En celui qui est envoyé, la mission comporte un point de départ : quelqu’un l’envoie, et un point d’arrivée : il est envoyé quelque part. Sous le premier aspect, la mission peut provenir d’un conseil, d’un commandement ou même parfois simplement d’une origine naturelle, comme c’est le cas des rayons lumineux « envoyés » par le soleil. Sous le second aspect, celui qui est envoyé peut avoir pour terme un lieu nouveau de séjour, ou même une nouvelle manière d’être dans le même lieu ; mais il faut que ce soit en vertu de sa mission. Ainsi l’ambassadeur député par son gouvernement pour le représenter à l’étranger reçoit une mission ; mais reçoit également une mission le citoyen qui, habitant déjà à l’étranger, y devient représentant de son gouvernement. Un fils, malgré l’origine qu’il tient de son père, n’est pas pour autant envoyé par celui-ci partout où il va, car sa naissance est sans influence sur le lieu qu’il fréquente. S. Thomas, Ia, q. xliii, a. 1 ; Billot, De Deo trino, 7e édit., Rome, 1920, p. 041. En bref, toute mission implique :
1. distinction de l’envoyé et du mandant ;
2. influence du mandant sur l’envoyé et dépendance de celui-ci par rapport à celui-là ;
3. en vertu de cette influence, nouvelle présence de l’envoyé là où il n’était pas, du moins comme tel, auparavant, Galtier, De SS. Trinitate. ii. 391.

2. Application aux personnes divines.

Il convient avant tout de rappeler les trois modes de présence de Dieu, puissance, présence, essence. 'Sum. Theol., Ia, q. viii, a. 3. Conséquemment, Dieu pourra acquérir