1823
- TRINITÉ##
TRINITÉ. CULTE A RENDRE
1824
Matth., i, 18, 20 ; Luc, i, 35 ; la continuation de la rédemption, Joa., xiv, 16, 17 ; Rom., v, 5 ; I Cor., xii, 11 ; l’inspiration des Écritures et des prophètes, II Petr., i, 21. Il est impossible cependant de rapporter ces opérations diverses à une personne déterminée. Le dogme catholique exige que toute opération divine ad extra, émanant de la nature divine comme telle, soit numériquement une, comme la nature elle-même.
Les conciles sont formels sur ce point. Après le symbole Quicumque qui, professant que le Père est tout puissant, le Fils tout puissant, le Saint-Esprit tout puissant, refuse cependant de reconnaître en Dieu trois tout puissants et ne confesse qu’un seul tout puissant, les conciles I er du Latran, XIe de Tolède, IVe du Latran, et le concile de Florence (dans le décret pro Jacobitis) sanctionne sous diverses formes l’unité d’opération ad extra de la part des personnes divines. Denz.-Bannw., n. 39, 254, 284, 428, 704. L’erreur contraire devait même être directement condamnée au concile du Vatican. Voir le schéma, Coll. Lac., t. vii, col. 554 ; ci-dessus, col. 1798.
1. L’Écriture elle-même enseigne que le Père, le Fils et l’Esprit-Saint opèrent en toutes choses par une seule et même opération. Cf. Joa., v, 17, 19, 21, 22 ; I Cor., xii, 4-7. Les textes de Matthieu et de Luc rapportant au Saint-Esprit l’œuvre de l’incarnation ne sont d’ailleurs pas aussi expressifs qu’ils paraissent dès l’abord en faveur de l’appropriation. L’Esprit-Saint s’y trouve indiqué sans l’article. Et, de plus, les interprétations des anciens Pères sont si divergentes qu’on pourrait plutôt en conclure une confusion des personnes qu’une appropriation. Voir A. d’Alès, p. 275 et 98-99.
2. Les Pères, non seulement nient qu’une personne divine puisse agir séparément, mais ils affirment catégoriquement que l’opération des trois est une comme une est leur nature. De là, fréquemment, chez les Grecs, cette formule : le Père, par le Fils dans le Saint-Esprit, opère toutes choses. Voici quelques références principales (indiquées par A. d’Alès, p. 275) : S. Irénée, Cont. hær., IV, xx, 1, P. G., t. vii, col. 1032 ; S. Athanase, Ad Serapionem, i, 31, t. xxvi, col. 600 D-601 A ; Cont. arianos., orat. ii, 31, col. 212 BC ; S. Cyrille de Jérusalem, Cat., xvi, 24, t. xxxiii, col. 952-953 ; S. Basile, De Spir. sancto, viii, 21 ; ix, 22 ; xvi, 37-38, t.xxxii, col.l06, 108, 133-136 ; ibid., xxii, 53, col.165 D ; Epist., clxxxix, 7, t. xxxii, col. 693 ; S. Grégoire de Nazianze, Orat., xxviii, n. 31 ; xxix, n. 11-12, t. xxxvi, col. 72 C, 116-120 ; S. Grégoire de Nysse, Quod non sint très dit, t. xlv, col. 125 D, 129 A ; De commun, not., col. 180 ; Didyme, De Trinitate, t. II, c. vii, t. xxxix, col. 529 ; S. Jean Chrysostome, In Joannem, homil. lxxxvii, n. 3, 4, t. lix, col. 471-472 ; In Rom., homil. xiii, n. 8, t. lx, col. 519 ; S. Cyrille d’Alexandrie, De Trinitate, dial. vi, t. lxxv, col. 1053-1057 ; Adv. Nestor., t. IV, c. i-ii ; t. V, c. vi, t. lxxvi, col. 172180, 240 ; S. Jean Damascène, De fide orth., t. I, c. xiv, t. xciv, col. 860 C. Chez les Latins : S. Hilaire, De Trinitate, t. II, c. i, P. L., t. x, col. 50 D-51 A ; S. Augustin, De Trinitate, t. V, n. 14, 15, t. xlii, col. 920-921 ; cꝟ. t. I, n. 5, 8, col. 824 ; Cont. serm. ar., c. xv, col. 694 ; Epist., clxiv, n. 17 et clxix, t. xxxiii, col. 716, 742-748 (en entier) ; S. Léon le Grand, Serm., lxiv, n. 2, t. liv, col. 358 C ; Victor de Vite, De persecutione vandalica, t. III, n. 12, t. lviii, col. 228 AB ; Fulgence de Ruspe, Ad Thrasimundum, t. II, c.xix-xx : t. III, c. xxxv ; cꝟ. t. II, c. xi, xv, t. lxv, col. 267-268, 300, 257-258, 263 C ; Epist., xiv, n. 10, ibid., col. 401 C.
3. La raison théologique exige qu’il en soit ainsi. Il n’y a en Dieu qu’une seule toute puissance ; il ne peut donc y avoir qu’un seul principe d’action, une seule opération. Quale esse, taie operari. D’ailleurs, la théorie métaphysique de la Trinité nous rappelle qu’en Dieu « tout est un, là où n’existe pas l’opposition des relations ". Or, dans l’opération ad extra, l’opposition des relations ne saurait exister.puisque celle-ci ne concerne que le développement intérieur de la vie divine. Cf. S. Thomas, I », q. xlv, a. 6 et surtout l’ad 2°" », où, tout en expliquant les appropriations aux personnes dans l’œuvre de la création du monde, il maintient que la puissance créatrice est, comme la nature divine, commune aux trois personnes.
V. Appendice : le culte de la Trinité. —
Le culte de la Trinité s’impose aux fidèles à un double titre. Tout d’abord, en raison de la majesté divine qui commande, de la part de l’homme, l’adoration et la reconnaissance ; ensuite, à cause même de l’importance du mystère trinitaire pour la vie chrétienne.
Le culte de latrie est dû à la divinité comme telle. Les personnes divines, la Trinité n’ayant qu’une même divinité, c’est donc d’un culte de latrie que chaque personne ou les trois personnes dans l’unité divine doivent être adorées. Voir Culte, t. m col. 2407, 2414. Toutefois cet aspect général de la question soulève certains problèmes particuliers que l’Église a résolus au cours des siècles.
L’importance du mystère pour la vie chrétienne réside essentiellement dans la nature de notre fin dernière. Cette fin consiste dans la vision de Dieu face à face, c’est-à-dire connu dans le mystère de sa trinité. Voir Conc. de Florence, décret Pro Grmcis, Denz.-Bannw., n. 693 et plus haut, col. 1763 ; et ici Intuitive (Vision), t. vii, col. 2368. Il est indispensable de connaître le but vers lequel nous nous dirigeons, afin de nous disposer par avance au bonheur qui nous est réservé. Le mystère de la Trinité doit donc en réalité diriger nos aspirations et nos désirs. C’est la raison invoquée par Pierre Lombard pour placer l’étude de la Trinité au début de ses Sentences. Voir col. 1719.
1° Précisions apportées à ces notions générales. —
1. Par rapport au culte dû à Dieu. —
On a expliqué à Culte, t. iii, col. 1314, la difficulté théologique que pouvait soulever le mystère de la Trinité relativement au culte dû à Dieu. Le culte est dû à la personne. Si, au point de vue naturel, Dieu nous apparaît personnel, on peut se demander comment, après la révélation du mystère trinitaire, l’adoration peut encore s’adresser à Dieu comme tel, uniquement considéré dans sa nature et abstraction faite des personnes. La réponse a été que nous faisons abstraction, non de la personnalité divine, mais de la distinction des personnes. Ce qui ne nous empêche pas, d’ailleurs, de diriger notre adoration, soit vers la Trinité tout entière comme un tout personnel, soit vers chacune des personnes de la Trinité : la nature divine, dit Léon XIII, « étant la même pour chaque personne, on doit également à chacune, comme à un seul et vrai Dieu, la gloire éternelle due à la majesté divine ». Encycl. Dioinum illud munus, 9 mai 1897, éd. de la Bonne Presse, t. v, p. 145.
Historiquement, la difficulté n’a pas été directement soulevée pour le Fils. Dès lors que la consubstantialité du Fils fut définie au concile de Nicée, son droit à un culte d’adoration fut expressément reconnu. Mais c’est à l’occasion de l’adoration due au Saint-Esprit que la doctrine de l’Église a dû s’affirmer progressivement. Ce progrès a été indiqué à Culte, col. 2414-2415. Voir : 1. L’anathématisme de saint Damase, en 380, n. 22, Denz.-Bannw., n. 80. 2. Le symbole dit de Nicée-Constantinople, rappelant que l’Esprit-Saint est coadoré et conglorifié avec le Père et le Fils, ibid., n. 86. 3. Le IIe concile de Constantinople (553), can. 1, ibid., n. 213. Et la conclusion est que la même adoration est due aux trois personnes, soit prises conjointement, dans l’unité de leur nature, soit prises individuellement, mais non exclusivement. « Le