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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SYNTHÈSE, LES PERSONNES

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et essence, c’est par une sorte d’abstraction, tout entière conforme aux exigences de notre esprit et nullement fondée dans une exigence de la réalité. Il faut toutefois maintenir que les relations réelles qui constituent les personnes, réelles grâce à leur identité avec l’essence, sont cependant distinctes entre elles, en raison de leur opposition. A. 1. Il s’ensuit donc que, tout en se distinguant entre elles, les personnes ont la même essence. A. 2.

2. Terminologie. —

De là suivent les règles concernant l’emploi des termes essentiels abstraits et concrets. A. 3-7. Se reporter à Noms divins, t. xi, col. 790, 791-792, et à Abstraits et concrets (Termes), t. i, col. 282. Enfin, ces principes sont nécessaires pour justifier certaines appropriations aux personnes des noms essentiels ; voir Noms divins, col. 790-791 et Appropriation, t. i, col. 1708.

Rapports des personnes avec les relations ou propriétés (q. xl). —

C’est encore par une sorte d’abstraction que nous pouvons faire cette comparaison. La relation ou la propriété (paternité, filiation, spiration ) n’est plus considérée ici comme substance, mais comme une forme s’ajoutant à la personne pour la perfectionner ; c’est pourquoi nous l’envisageons non plus sous l’idée de Père, mais sous l’idée de paternité. La relation ainsi envisagée d’une manière abstraite prend le nom de propriété. Quoique s’identiflant en réalité avec la notion, la propriété existe en Dieu indépendamment de nous, tandis que la notion répond à une question de notre intelligence. Cf. Notion, t. xi, col. 803.

Au sujet des propriétés divines, les théologiens posent trois problèmes qu’on résumera ici brièvement.

1. L’existence des propriétés, paternité, filiation, procession, est admise par tous et considérée comme une vérité si certaine que l’assertion opposée (autrefois soutenue par Prévostin) doit être considérée comme une témérité ou une erreur. La propriété, en effet, est affirmée par les conciles comme distinguant les personnes. Voir IVe concile du Latran, Denz.-Bannw. , n. 428 ; concik de Tolède, 17>j’d., n. 275 sq. C’est qu’en réalité ces propriétés s’identifient avec les personnes ; mais, par une abstraction de notre esprit, « nous les considérons comme des formes individuelles constituant les personnes, en tant que la personne est prise pour un être subsistant en une nature commune ». Billot, th. xxxv. Cf. Salmanticcnses, disp. XVIII, dub. i.

2. Propriétés absolues ou relatives ? —

Il s’agit ici évidemment de propriétés relatives, puisque, selon notre manière de comprendre, elles servent à constituer et à distinguer les personnes. Doctrine unanimement enseignée aujourd’hui, contre l’opinion de quelques anciens scolastiques, Robert Grossetête, Jean de Ripæt autres. Voir col. 1731. Toutefois, il existe une propriété relative non personnelle, c’est la spiration active, commune au Père et au Fils. S. Thomas, a. 1, ad l nm ; Jean de Saint-Thomas, disp. XV, a. 4 ; Billot, th. xxxv, corollaire.

3. Comment les propriétés relatives distinguent les personnes. —

Il est préférable de dire que c’est non seulement par leurs origines, mais encore par leurs relations opposées. Sans doute, en réalité, c’est l’origine qui fait la relation ; mais, selon notre manière de concevoir, l’origine s’exprime comme un acte, la relation comme une forme. L’acte n’apparaît pas à notre reprit comme constitutif de la personne ; la forme ko contraire est intrinsèque à l’être. Les adversaires « le cette doctrine était nt Hichard de Saint-Victor et saint Bonaventure, qui ne veulent voir dans les propriétés Bf des relations d’origine. Cf. Salmantlcenses, disp. XVIII ; Suarez, t. VI, c. i, vi-vn ; 1. VII en entier ; controverse suffisamment résumée, dans Billot, th. xxxvi.

Les personnes comparées aux actes notionnels (q. xli). —

Voir ici Notion, t. xi, col. 802-805. Les Salmanticenses se contentent de quelques notes ajoutées au texte de saint Thomas. Suarez est plus prolixe, cꝟ. t. V, c. ix-x ; t. VI, c. m-v ; Jean de Saint-Thomas, disp. XIV, a. 3 ; disp. XVI, a. 1 et 2 ; Billot, th. xxxvii, xxxviii.

Comparaison des personnes entre elles (q. xlii). —

Cette comparaison établie en vertu des principes métaphysiques de la relation subsistante, fait ressortir la parfaite égalité des personnes : aucune perfection ne peut se trouver en une qui ne se rencontre dans l’autre ; également puissantes, également éternelles, puisqu’identiques par leur essence (consubstantielles), elles ne se distinguent que par l’opposition de leurs relations. C’est à la fois la doctrine de la consubstantialité et de la circumincession des personnes divines. Voir ces deux mots. Doctrine conservée même par les théologiens qui enseignent que les relations comme telles (selon leur esse ad) comportent une certaine perfection relative. Cette doctrine explique en apparence plus facilement comment la paternité, qui est une perfection, ne se trouve pas dans le Fils, nonobstant l’égalité parfaite des personnes et leur circumincession. Mais cette explication n’est pas une difficulté spéciale dans l’opinion thomiste : selon le concept métaphysique donné de la relation par cette opinion, tout ce que la paternité représente de perfection, le Fils le possède. Mais la paternité ne saurait être dans le Fils, en raison de l’opposition relative d’origine. C’est selon l’opposition d’origine et pas autrement qu’existe en Dieu la distinction des personnes.

Quant à la circumincession, que certains théologiens présentent comme le point le plus profond du mystère trinitaire, elle n’est, on le voit, qu’une simple conclusion de la théorie des relations subsistantes. Cf. Billot, th. xli, note. Sur la circumincession, voir Suarez, t. IV, c. xv, xvi ; Pesch, n. 642 sq. ; Piccirelli, n. 1357 sq. ; Galticr, n. 387-389 ; d’Alès, p. 249-257. Ce dernier auteur a une note philologique sur Circumincessio, intéressante à consulter. Voir A. Deneft’e, Perichoresis, circumincessio, circuminsessio, dans Zeitschr. fur kath. Theol, 1923, p. 499 sq.

La doctrine de la comparaison des personnes entre elles amène forcément, comme conclusion de la synthèse trinitaire, la difficulté issue du principe d’identité comparée. On a vu comment la formule thomiste montre l’impossibilité de trouver dans le mystère de la Trinité une contradiction avec les exigences du principe d’identité. Voir Relations, col. 2155-2156. Scot pense éviter la difficulté grâce à la distinction modale ex natura rei. Cependant Suarez et Molina, qui admettent dans la relation comme telle une véritable perfection, apportent des solutions décevantes, voir col. 2155. Ruiz trouve une échappatoire en se réfugiant dans la différence entre l’infini et le fini. Voir t. xiv, col. 165. C’est le cas de répéter ici ce que Molina disait pour justifier la science moyenne : O altitudo diviliarum sapientise et scientiæ Deil Sur toutes ces solutions, voir E. Buytærs, Le principe d’identité comparée et le mystère de la Trinité, dans Rev. augustinienne, t. i, 1909, p. 729 sq.

10° Appendice : l’unité d’opération de la Trinité « ad extra ». —

L’article suivant sur les missions visibles et invisibles des personnes divines serait moins facilement intelligible, si nous n’ajoutions ici quelques indications doctrinales sur l’unité d’opération de la Trinité ad extra. Voir Ad intra, ad extra, t. i, col. 398.

Il n’est pas rare, en effet, que la Saintc-Fcril ure elle-même approprie aux personnes de la Trinité certaines opérations ad extra : au Verbe, la création, Joa., i, 3 ; Hcbr., i, 10 ; a l’Fisprit-Saint, l’incarnation,