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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SYNTHÈSE, LES RELATIONS

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c. vu ; Vasquez, disp. CXII, c. m ; Arrubal, disp. XCVII, cap. ult. : Granados, In / » > part. Sum. S. Thomæ, tract. II, disp. III, sect. iii, etc.

Une dernière précision plus subtile encore est proposée par les Salmanticenses. Les processions doivent-elles être conçues comme des émanations de la divinité ou comme des opérations ? Ils attribuent à Suarez, t. I, c. viii, n. 5, et à Molina, loc. cit., la première opinion, donnant l’autre comme l’opinion commune des thomistes, dub. iv, § 1, n. 111 ; cf. Gonet, disp. II, a. 2 ; Billuart, dissert. II, a. 2-3. On a pu constater plus haut que saint Thomas lui-même parle aussi bien d’émanations que d’opérations. Enfin, Kleutgen, à propos de ces discussions, fait observer qu’aux divergences relatives au principe formel immédiat répondent les mêmes divergences relativement au terme formel de la procession divine : relation ou propriété personnelle d’une part, nature connotant la relation d’autre part, n. 1072 sq.

2. Première procession selon l’intelligence : c’est une génération (a. 2). —

Tous les théologiens sont d’accord sur ce point qui est de foi définie : genitus, non factus (symbole de Nicée) ; Filius a Pâtre solo est, non factus nec creatus, sed genitus (symbole Quicumque), etc.

Génération selon l’intelligence, disent-ils maintenant, et non plus selon la nature intellectuelle. La définition de la génération, telle que l’a donnée saint Thomas, est unanimement acceptée : origo viventis a principio vivente conjuncto, in similitudinem naturæ ejusdem speciei, I », q. xxviii, a. 2. En Dieu, il ne peut être question que d’une génération d’ordre intellectuel : production d’un verbe, image parfaite du Père qui l’engendre.

Certains thomistes font ici remarquer que toute la force de l’argumentation repose sur l’affirmation de l’identité formelle en Dieu de l’esse et de Vintelligere et intelligi. Voir l’exposé de cette doctrine et les références dans les Salmanticenses, disp. II, n. 76 sq., qui y prennent l’occasion de développer la pensée empruntée par saint Thomas à saint Augustin : eo Verbum, quo Filius. Ibid., dub. iv. Il ne semble pas cependant que, pour être valab’e, l’argument requière absolument l’adhésion à cette opinion (laquelle cependant paraît bien réfléchir la pensée de saint Thomas). Il suffit d’admettre qu’en Dieu idem est esse et intelligere (il y a ident’té entre l’être et le connaître), sans qu’il soit besoin de préciser si cette identité est formelle ; et d’accepter que le Fils procède dans l’ordre de la connaissance : « La raison fondamentale qui fait que la procession du Fils est une génération… c’est qu’elle est selon l’intelligence. » Gonet, disp. II, n. 185. Le Verbe conçu par l’intelligence est la similitude de la chose exprimée, existant dans la même nature que lui, parce qu’en Dieu il y a identité entre intelligere et esse. Billuart, dissert. II, a. 5, dico 1°. La plupart des auteurs omettent donc, dans leur argumentation, la précision, exacte si on la prend sans exclusivisme, des Salmanticenses.

3. Deuxième procession selon la volonté : ce n’est pas une génération (a. 3 et 4). —

Que le Saint-Esprit procède selon la volonté (a. 3), les théologiens l’enseignent unanimement. Il est impossible de concevoir en un esprit d’autres opérations que celles de l’intelligence et de la volonté. Les difficultés ne surgissent que sur la manière d’interpréter cette doctrine exposée par saint Thomas dans l’a. 1. La plupart établissent avec le Docteur angélique un parallèle entre la procession selon l’intelligence qui produit un verbe et la procession selon la volonté qui produit, dans la faculté aimante, une impulsion, une tendance, un poids qui l’entraîne vers l’objet aimé. Un texte de saint Thomas, De veritate, q. iv, a. 2, ad l" iii, fait difficulté à ce sujet ; mais les thomistes l’interprètent à l’aide du De veritate.

q. x, a. 9, ad 7um et du De potentia, q. x, a. 2, ad ll um. Voir Salmanticenses, disp. III, dub. i, § vii, n. 18-19, et les autres nombreux auteurs qui y sont cités. Excellent exposé dans Jean de Saint-Thomas, disp. XV, a. 5.

Cette procession n’est pas une génération (a. 4) : assertion qui est de foi et entraîne l’assentiment unanime. Voir le symbole Quicumque, et les anciens symboles. Cf. Petau, t. VII, c. xiii-xiv. L’explication théologique de ce dogme est plus hésitante, du moins jusqu’à la systématisation thomiste. Cette hésitation, qui se marquait déjà chez les Pères, se manifestait également au Moyen Age dans les diverses opinions qu’on a relevées. Après le concile de Floience : on rencontre encore quelques auteurs (v. g. Martinon, S. J., disp. XXIV, sect. ix) indiquant comme raison de l’unique génération réalisée dans le Fils le fait que le Fils aurait reçu du Père une nature féconde, capable de produire avec le Père le Saint-Esprit, ce qui n’est pas le cas de la troisième personne. Les Wirceburgenses accueillent avec une certaine faveur cette explication, De Deo trino, n. 380, tout en faisant remarquer que les actes du concile de Florence ne paraissent pas admettre cette raison. Le Fils, en effet, n’y est indiqué comme coprincipe de la spiration active que parce qu’il est déjà le Fils : hoc ipsum, quod Spiritus sanctus procedit ex Filio, ipse Filius a Pâtre œternaliter habet. Voir col. 1763. Nous retrouvons aussi, chez des scotistes principalement, la raison jadis apportée par Scot après Alexandre de Halès, saint Bonaventure, Albert le Grand et saint Thomas à ses débuts : le Saint-Esprit n’est pas engendré parce qu’il procède selon la volonté et non selon la nature intellectuelle. Cf. Hcnno, disp. I, q. vi.

Une explication mieux accueillie est celle de Vasquez, disp. CXIII, c. vii, et de Torrès, In / » part., q. xxvii, a. 2 (4e partie du commentaire), reprise par les Wirceburgenses, loc. cit., dico 2°, et, plus tard, par Kleutgen, n. 1088 sq. et Franzelin, th. xxxi, suivant peut-être en cela Suarez, t. XI, c. v, qui semble vouloir fondre l’explication de saint Thomas et celle de Vasquez : la procession de la seconde personne est seule une génération, parce qu’elle produit, selon l’intelligence, l’image du Père.

Saint Thomas et son école se contentent de donner comme raison de la génération du Fils qu’il procède selon l’intelligence produisant le Verbe, lequel est l’assimilation de l’objet connu au sujet connaissant. L’Esprit n’est pas engendré parce qu’il procède de la volonté dont l’acte ne tend pas à reproduire l’objet dans le sujet, mais à faire tendre le sujet vers l’objet. Explication accueillie par tous les thomistes, déclarée suffisante par les Salmanticenses, disp. III, dub. iii, § 1, et longuement défendue par eux, § 2-8 ; dub. iv en entier, n. 99-173, magistralement exposée par Jean de Saint-Thomas, disp. XII, a. 7. Au point de vue positif, on consultera Petau, t. VII, c. xiii. Billuart, Gonet, Tourncly font une bonne présentation de l’argument.

Les relations divines (q. xxviii). —

On a exposé à Relations divines, t. xiii, col. 2135, comment la théologie, pour justifier l’existence de relations en Dieu (a. 1) s’appuie sur l’Écriture, les Pères et les conciles, concluant de son enquête que cette existence des relations en Dieu est article de foi ou tout au moins certitude très proche de la foi. Elle conclut également que ces relations divines ne peuvent être que subsistantes, c’est-à-dire substantielles et non accidentelles. Mais autre chose est l’affirmation doctrinale consacrée par le concile de Florence, autre chose est l’analyse métaphysique du concept de relation et sa comparaison en Dieu avec la substance divine, avec laquelle, en réalité, s’identifie nécessairement la relation sub-