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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SYNTHÈSE THÉOLOGIQUE

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sées par les auteurs catholiques. Nous suivrons ici, d’une manière générale, parce que les auteurs eux-mêmes l’ont [ait, l’ordre de la Somme théologique.

I. COUP D’ŒIL GÉNÉRAL.

— Au concile de Florence, le progrès dogmatique est terminé, jusque dans les formules. La théologie ne fera donc que reproduire et commenter la doctrine des chefs d’écoles et, si les auteurs s’avisent d’introduire quelques opinions personnelles, ce sera toujours sur des points se rattachant à la curiosité théologique plutôt qu’à la théologie elle-même.

L’école dominicaine est fidèle à saint Thomas. Au XVe siècle, Capréolus († 1444) représente cette fidélité dans un des derniers commentaires dominicains sur le Maître des Sentences. Cf. Th. -M. Pègues, Théologie thomiste d’après Capréolus. La Trinité, dans Revue thomiste, janvier 1902, p. 694 sq. L’introduction de la Somme comme livre de texte provoque l’apparition de nombreux commentaires. On se contentera de rappeler ici les principaux, ceux de Cajétan († 1534), l’inventeur d’une nouvelle théorie de la personnalité, de Bafiez († 1604), de Raphaël Ripa (tl612), de Jean de Saint-Thomas (î 1644), sous le titre de Cursus théologiens, de Godoy († 1677), sous le titre de Disputationes theologicse in primam partem Divi Thomæ, de Gonet († 1681) sous le titre de Clypeus theologise thomisticæ, de Gotti († 1742), sous le titre de Theologia dogmatica juxta mentem D. Thomse Aquinatis, enfin de Billuart († 1751), sous le titre de Summa S. Thomæ hodiernis academiarum moribus accommodaia sive Cursus theologise universalis. Ce dernier auteur donne un certain développement aux problèmes scripturaires et historiques ; il a même quatre « digressions historiques » relatives aux premiers conciles (Nicée et l’ojxooriaiov, la « chute » de Libère, le concile de Rimini, le I er concile de Constantinople et le procès du macédonianisme). On ne doit pas oublier les commentaires de Silvestre de Ferrare sur la Somme contre les Gentils, dont plusieurs chapitres ont trait aux problèmes trinitaires. Enfin, une place de tout premier rang doit être assignée, dans le Cursus theologicus des Carmes de Salamanque, au traité De Deo trino, paru en 1637, du P. Antoine de la Mère de Dieu. Si on peut regretter que la théologie positive n’y ait pour ainsi dire aucune place, en revanche les questions scolastiques y sont examinées et approfondies avec un luxe de précisions qu’on serait parfois tenté de trouver superflu. — La doctrine thomiste se retrouve également dans les ouvrages des deux grands professeurs de Douai, le commentaire sur les Sentences d’Estius (van Est) († 1613) et le commentaire In totam 7 am partem Summse S. Thomse de Sylvius (Dubois) († 1549).

L’école scotiste a de nombreux représentants ; mais, en général, ils sont fort peu cités dans les controverses agitées par les théologiens. Tous se réfèrent au Docteur subtil, dont l’autorité suffît à couvrir tous ses disciples. On trouvera cependant des mentions de François Lychet († 1520), en raieon de son remarquable Commentaire sur les Sentences, dont le 1. I er fut publié en 1518, de Jean de Rada († 1608), Sancli Thomse et Scoti controversiarum theologicarum quæstionum resolutio, Salamanque, 1586, de François Henno († 1713), dont la Theologia dogmatica et scholastica, Douai, 1706-1713, s’efforce de concilier Scot et saint Thomas, de Mastrius († 1673), de Jérôme de Monte Foitino († 1738), Summa theologica Scoti juxta ordinem Summse D. Thomse, rééditée en 1900. et surtout de Claude Frassen († 1711) dont le Scotus academicus, Paris, 1672, est pour ainsi dire le manuel autorisé de la théologie scotiste, en raison de la clarté de son exposition. Plus près de nous et fréquemment cité dans les manuels contemporains, Albert Knoll de Bozen, capucin († 1863), Insliluliones theologise, rééditées avec adaptation à notre époque, en 1908 (exposé sommaire).

La compagnie de Jésus est peut-être le milieu théologique qui nous offre le plus de variété en ce qui concerne les études trinitaires. Ses premiers grands docteurs Suarez, Molina, Vasquez, Tolet, Grégoire de Valencia, ont commenté, souvent avec liberté, parfois même en y ajoutant des aperçus nouveaux, le texte de la Somme. Suarez, lui aussi, est à l’origine d’une conception nouvelle de la personnalité. Certains auteurs de second plan, comme Arriaga et Amigo, ne sont cependant pas à négliger. Chez tous perce le souci d’adapter plus particulièrement la doctrine aux besoins des temps nouveaux et certains d’entre eux s’efforcent de trouver dans l’élément positif, Écriture et Pères, l’appui traditionnel nécessaire à l’exposé spéculatif. Les Commentaria ac disputationes in / » m partem S. Thomse de Trinitate, Lyon, 1625, de Diego Ruis de Montoya sont, au dire des meilleurs juges, un ouvrage qui se classe parmi les plus parfaits du genre pour son époque. Voir ici, t. xiv, col. 165. Cette tendance se retrouve également chez Becan, Summa theologise scholasticse, Mayence, 1623, et chez Tanner, Unioersa theologia scholaslica, speculativa, practica, ad melhodum S. Thomse, et, au xviir 3 siècle, dans la théologie des jésuites de Wurtzbourg. Au xixe siècle, Pcrrone, Kleutgen et Franzelin ne manquent pas, en abordant les questions trinitaires, de s’inspirer des mêmes principes. Dans Die Théologie der Vorzeit, Munster, 1867, Kleutgen avait préludé à son traité De ipso Deo, Ratisbonne, 1881. Franzelin, dans le De Deo trino, Rome, 1869, complété par son traité polémique De processione Spiritus Sancti, Rome, 1876, s’est orienté vers la recherche des données positives. En France, les Éludes de théologie positive sur la Sainte Trinité (4 vol.) du P. Th. de Régnon sont trop connues pour qu’il soit utile d’insister ; voir t. xiii, col. 2124. Mais il convient de citer également de Mgr Ginoulhiac († 187’5), l’Histoire du dogme catholique ; De Dieu considéré en lui-même, unité de sa nature, trinité de ses personnes, Paris, 1866, t. i-m.

Mais le grand initiateur de ce mouvement, tout spécialement pour le problème trinitaire, fut au xviie siècle l’incomparable Denys Petau, dans ses Dogmata theologica, dont les trois premiers volumes parurent en 1644. Le t. n est tout entier consacré au De Trinitate et a été longuement analysé ici t.xii, col. 1317-1318. Petau s’est appliqué à suivre la méthode de Maldonat qui, lui aussi, avait écrit un traité de théologie positive sur la Trinité, traité inédit mais dont Richard Simon nous a laissé une analyse assez détaillée dans sa Bibliothèque critique, t. î, c. vi, Amsterdam, 1708, p. 56-89. Une mention doit être accordée à Tiphaine, professeur à Pont-à-Mousson, en raison de sa théorie de la personnalité, exposée dans le De hypostasi. Voir son article.

Auteurs divers. — De Petau, il convient de rapprocher l’oratorien Thomassin, dont le traité De Trinitate est inclus, comme celui de Petau, dans un grand ouvrage, Dogmata theologica. Cf. ci-dessus, col. 799. Plus bref et moins fouillé, ce traité n’a pas la valeur de celui du savant jésuite ; sur certains points cependant, il constitue un utile recueil de textes patristiques, grecs et latins (processions divines, trinité des personnes dans l’unité de nature). On ne saurait non plus passer sous silence les travaux apologétiques de Bossuet où, soit contre Jurieu, soit à propos de certaines assertions de Richard Simon, l’évêque de Meaux expose en un sens orthodoxe les affirmations trinitaires des Pères des premiers siècles. Cf. Sixième avertissement sur les lettres du ministre Jurieu, et Défense de la tradition et des Saints Pères, t. III, c. i-xvi. Il convient également de citer bien des passages des Méditations