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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. CONDAMNATIONS ECCLÉSIASTIQUES

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raison de leurs « opinions monstrueuses >, mais parce qu’on avait voulu « adapter ces opinions à l’exposé des mystères de la religion chrétienne, de sorte qu’en retenant encore les noms de la Trinité, de l’incarnation, de la rédemption, de la résurrection, on s’est efforcé de corrompre ces dogmes vénérables de la vraie religion en les interprétant en des sens détestables », dum Trinitatem, incarnationem, redempiionem, resurrectionem nominant, id assequi student… ipsa veneranda mysteria verse religionis ad pervers issimos sensus detorqucant aique dépravent. Coll. Lac., t. vii, col. 507 c.

Ce schéma n’a pas eu de suite, tout au moins dans le c. i de la constitution, mais les notes ajoutées au schéma définitif indiquent, parmi les erreurs frappées par la constitution, celle qui refuse le caractère de mystère aux vérités considérées comme nécessaires et tout particulièrement au mystère de la Trinité. Note 12. ibid., col. 525 bc. Cf. Vacant, op. cit., t. i, p. 589.

Mais si, au xixe siècle, le magistère extraordinaire ne s’est pas explicitement prononcé, il s’en faut de beaucoup que le magistère ordinaire soit resté silencieux. Les déclarations des conciles provinciaux de Paris (1849), Bordeaux (1850), Cologne (1860) sont une preuve non équivoque de la pensée de l’Église. Le premier déclare « détester l’erreur de certains philosophes qui, affectant de conserver le nom de la très sainte Trinité, expliquent l’ineffable unité de la divine nature en trois personnes à la manière de cel’e qui unit le Créateur à la créature, l’infini au fini et donnent ainsi de leurs relations une notion inadmissible ». Tit. ii, n. 4, Coll. Lac, t. iv, col. 16 b. Le second « condamne et réprouve l’erreur sacrilège de ceux qui exposent le mystère de la très sainte Trinité par l’infini et le fini et leur mutuelle relation ». Tit. i, c. ii, n. 3, ibid., col. 550 d. Sans doute, c’est le pur rationalisme qui est ici condamné ; mais sa condamnation même montre que les évêques tiennent le mystère de la Trinité pour indémontrable par la raison. Le concile de Cologne le dit expressément : « Bien que les saints Pères et les docteurs de l’Église se soient efforcés, pour l’instruction des fidèles, de chercher des images du très auguste mystère de la Sainte Trinité, néanmoins ils le proclament ineffable et incompréhensible d’une voix à peu près unanime ; et cela avec raison. » Part. II, tit. ii, c. tx, ibid., t. v, col. 285 a.

3. Le projet d’une constitution dogmatique sur la Trinité. —

Il s’agissait de donner une suite à la constitution De fide catholica, en y ajoutant une constitution De præcipuis mysteriis fidei. Le mystère de la Trinité était l’objet du c. i. Coll. Lac, t. vii, col. 553-554. Nous donnons les quatre paragraphes de ce chapitre avec les annotations afférentes.

I. Mysteriorum, quæ flde (Dominât ! profltemur, omnium supremum ipse Deus est, unus in essentia, trinus in personis, Pater et Filius et Spiritus s inctus. Hæc beata Trinitas secunduni sini cath » lle « B fldel veritatem unus est f)eus, propterea quod essentia seu substantia tribus communis re et numéro una est.

Des mystères que la lumière de la foi nous fait professer, le plus profond de tous est Dieu lui-même, un dans son essence, Irine dans les personnes, le Père, le Fils et le S lint-Ksprit. Selon la vérité authentique de la foi catholique, cette bienheureuse Trinité Ml un seul Dieu, parc qu l’essence ou substance commune aux trois personnes est réellement et numériquement une.

Explications : « Beaucoup d’auteurs, a notre époque, ont voulu avec la seule lumièn de la raison ou démontrer ou cnmpr -ndre entièrement le mystère de la Trinité : ils se sont parla plus ou moins détournés du droil chemin de la foi. Certains ne reconnaissent même plus niable et réelle de 1 met ion <l’personnes ; la plupart cependant font erreur en exposant leur senti ment sur l’unité divine. Ils expliquent l’origine des personnes de façon à multiplier, en même temps que les personnes, la nature ou substance divine. Et ils ne reconnaissent plus en Dieu qu’une unité d’espèce ou de rapport, et ils l’appellent qualitative ou dynamique. Trois personnes, disent-ils, sont autant de substances entre elles tout à fait égales mais inséparablement unies tant en raison de leur origine que de leur communauté de vie ou de conscience. »

C’est pourquoi le chapitre déclare que l’unité divine n’est ni dynamique, ni virtuelle, mais réelle, et qu’on doit l’appeler non qualitative, mais numérique. Les annotateurs se réfèrent au IV « concile du Latran. cap. Damnamus, voir col. 1727 ; au symbole d’Athanase ; au concile de Florence, décret pour les Jacobites, voir col. 1764 et à la lettre de saint Agathon au VI » concile : Quidquid de eadem sanctissima Trinitate essentialiter dicitur, singulari numéro tanquam de una natura trium consubstantialium personarum comprehendamus. Mansi, Concil., t. xi, col. 238.

II. Pater enim ab aeterno Filium générât, non aliam su » aequalem essentiam emanatione producendo, sed ipsam suam simplicissimam essentiam communicando ; pariterque Spiritus sanctus non multiplicatione essentiæ sed ejusdem essentiae singularis communicatione a Pâtre et Filio tanquam ab uno principio una spirationo aeterna procedit.

Car le Père engendre le Fils de toute éternité, non en produisant une autre essence égale à la sienne par voie d’émanation, mais en communiquant sa propre essence elle-même, parfaitement simple ; de même le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme d’un principe unique par une unique spiration, non par multiplication de l’essence, mais par communication de la même essence singulière.

La note indique simplement qu’on veut arracher la racine de l’erreur : « L’origine des personnes est ici exposée : on doit la concevoir, non par la multiplication, mais par la communication de l’essence, numériquement la même. » Et l’on renvoie au IVe concile du Latran, cap. Damnamus.

III. Hæc igitur una numéro essentia seu natura veraciter est Pater, Filius et Spiritus sanctus, très simul personae et singillatim quælibet carumdem ; ita ut persoiur inter se rcaliter distincts ; [sintl, natura autem seu essentia unum idemque sint. Cf. Lat. IV, cap. Damnamus.

Cette essence ou nature, numériquement une est donc vraiment le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les trois personnes ensemble et chacune d’elles séparément ; de sorte que les personnes sont entre elles distinctes réellement, la nature ou essence demeure unique et ident ique.

« On définit ici la véritable relation de l’essence aux

personnes : l’essence, la même numériquement, est en chacune d ; ’s trois personnes et, partant, ne se distingue d’elles que virtuellement, tandis que les personnes se distinguent réellement entre elles. » Le texte projeté de la constitution renvoie au IVe concile du Latran, dans sa condamnation de l’erreur de l’abbé Joachim. Denz.-Bannw., n. 431-432.

IV. Et quoniam in Deo omnia unum sont ubi non obviât relationis oppositio (Conc. Florent. Dccr. pra Jacob, ), una est viiluutas I Operatio, qua Trinitas snerosanota cuncta extra se condldit, disponit et gubarnat. enim personie divlnse extra se secunduni originis relatlonei, quibui distinguant ! , indiirn quod sunt iiiiuui et ilngulare prlnclplum, opernntur.

En Dieu, tout est un là où il n’y a pas opposition des relations, comme l’a déclaré le concile do Florence (décret pour les Jacobites). Aussi, il n’y a qu’une volonté et une opération de la Trinité sainte dans la création, la disposition "l le gouvernement de toutes choses en dehors d’elle. Car les personnes divines n’agissent pas au dehors d’après les relations, d’origine qui les distinguent, mais en tant qu’elles constituent un principe unique et singulier d’opération.