Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1145

Cette page n’a pas encore été corrigée
3819
3820
ZWINGLIANISME. NOMBRE DES SACREMENTS


v, 758, 1). Son spiritualisme ne s’accommode que de la pénitence et de la foi ou confiance en la rémission des péchés acquise par le Christ, dispositions qui n’ont nullement besoin de s’extérioriser, mais s’expriment dans le cœur à cœur avec Dieu (C. R.. ii, 404, 3 ; m, 738, 22 sq.). Cependant cette solution est, dans la pratique, tempérée par d’autres considérations plus pastorales et plus humanistes à la fois : Zwingli envisage le cas des « faibles » qui n’ont pu s’élever encore à cette foi en Jésus-Christ ; à leur intention, comme aussi à raison de sa valeur psychologique (C. R., ii, 396, 20), il retient la confession ou simple titre d’aveu destiné à susciter conseil et prière. Le pasteur d’âmes ou l’Ancien remplit ici seulement, comme dans l’extrême-onction, un devoir fraternel. De « pouvoir des clés » il ne saurait être question ; celui-ci est assimilé tantôt à la parole annoncée, à l’Évangile, tantôt à la foi elle-même (C. R., H, 373 sq. ; iii, 723, 21 sq. ; cf. P. Wernle, Zwingli, p. 193). L’absolution des péchés est le prix de la foi : c’est ce que l’Écriture nomme délier. Inversement, qui refuse de croire reste dans le péché (lier). « La parole, sous forme de médiation humaine, est bonne pour nous instruire, mais notre conscience ne peut jamais être apaisée par une parole d’absolution, à moins que l’Esprit de Dieu n’ouvre nos cœurs à la parole » (C. R., ta, 740, 9).

4. Quant à la confirmation et à Y extrême-onction, Zwingli se plaît à les dépouiller du caractère sacré qui est afférent au rite de l’onction. Celle-ci est une invention humaine, qui va de pair avec le sacerdotalisme que Zwingli s’applique à éliminer (C. R., ii, 122, 19). Il est faux que la confirmation évoque « la venue ou le don du Saint-Esprit » (ibid., ii, 124, 3) ; elle a plutôt valeur d’instruction pour les fidèles baptisés en bas âge (C. R., iii, 823, 22). À ce titre, elle mérite d’être retenue comme élément de formation religieuse, allant de pair avec le baptême des enfants. Zwingli s’oriente vers une voie semblable à celle que Bucer suivra à Strasbourg (réunions bisannuelles d’enfants à Zurich, sortes de catéchismes) (C. R., ii, 123, 25).

En s’appuyant sur Jac, v, 14, Zwingli réduit l’extrême-onction à une simple « visite amicale chez les malades » (C. R., ii, 125, 26 ; iii, 824, 1).

5. De Vordre, il exclut qu’il imprime un caractère ; ce n’est qu’un rite d’institution des ministres de la parole. Il ne dénote même pas un office permanent, mais seulement une fonction, et dure autant que celle-ci (C. R., iii, 824, 8 sq.). Dans la réponse à Strauss cependant, l’ordre, entendu comme « imposition des mains réservée à ceux qui sont ordonnés pour l’office de la prédication », est rangé à la suite du baptême et de la cène parmi les « cérémonies » que mentionne le Nouveau Testament (c.-à-d. d’institution divine) (cf. Antwort ùber Slraussens Bûchlein, C. R., v, 528, 1).

Conclusion. — Finalement, ce texte de V Auslegung der Schlussreden résume assez bien l’opinion de Zwingli sur le septénaire : « Nous savons que le baptême, le corps et le sang du Christ (la cène), le mariage ont été institués par Dieu, que le pardon des péchés est fondé sur la parole de Dieu, que la confirmation et l’extrêmeonction sont une œuvre amicale, en usage parmi les hommes, mais qui occupe un rang subsidiaire. L’onction vaut moins que la prière, et la confirmation avec le chrême, moins que la parole de la foi » (C. R., n, 126, 17).

II. le baptême.

1° Les thèmes de la controverse.

— La doctrine de Zwingli sur le baptême a un caractère polémique très marqué. Elle est tournée contre la secte des anabaptistes qui s’était fondée à Zurich et à Waldshut, fin 1524 - début 1525. Une première dispute eut lieu le 2 février 1525, suivie bientôt d’une seconde (20 mars). La section De baptismo du Commentaire date de cette période (mars 1525) (C. R., iii,

763 sq.). Elle renvoie sur la fin (ibid., 773, 24) à un opuscule que Zwingli se proposait de rédiger sur le baptême des enfants. C’est le Von der Taufe, von der Wiedertaufe und von der Kindcrtaufe, couramment appelé Taufbùchlein (mai 1525), C. R., iv, 188 sq. Cependant Hubmaier, un disciple de la première heure qui avait fait défection et fondé une communauté baptiste à Waldshut, lança son Von dem christlichen Tauf der Glâubigen (Il juillet 1525), dont Zwingli n’eut connaissance qu’en octobre. Hubmaier, devenu le coryphée intellectuel de la secte, y exposait les thèses baptistes (cf. analyse dans A. Baur, ii, 141 sq.). Zwingli reprit aussitôt la plume et rédigea sa réponse : Antwort ùber B. Hubmaiers Taufbùchlein (5 novembre 1525), C. R., iv, 577 sq. On était alors à la veille de la troisième dispute (6-8 novembre), qui réunit les éléments baptistes locaux (Blaurock, Manz et Grebel) et Zwingli avec les siens (Léon Jud et Grossmann) et prit pour base les conclusions du Taufbùchlein de Zwingli. Si l’on ajoute à ces opuscules le In catabaptistarum strophas elenchus, qui est plus tardif (août 1527) (C. R., vi, 1 sq. ; cf. A. Baur, Zur Einleitung in Zwinglis Schrift In Catabaptistarum Strophas Elenchus, dans Zeitschr. fur Kirchengeschichte, x, 1889, p. 330) — ainsi que, en épilogue, la réponse à Schwenckfeld, Qusestiones de sacramento baptismi (1530), Sch.-Sch., vol. iii, p. 563 sq., on aura une idée de l’activité littéraire de Zwingli suscitée par la controverse anabaptiste.

Pour mieux apprécier la portée de ses arguments, il faudrait assurément connaître la doctrine qu’il combat (cf. J. M. Usteri, Darstellung der Tauflehre Zwinglis mit besonderer Berùcksichtigung der wiedertâuferischen Streitigkeiten, dans Theol. Studien und Kritiken, 1882, p. 205-284 ; E. Egli, Die Zuricher W iederlâufer, 1878 ; W. Kôhler, Die Zùrcher Tâufer, dans Cedenkschrift zum 400jâhr. Jubilâum der Mennoniten, 1925, p. 48 sq. ; L. von Murait, Zum Problem : Reformation und Tàuferlum, dans Zwingliana, t. vi, 1934, p. 65 sq.).

— Disons d’un mot qu’elle ne différait guère de celle des baptistes d’aujourd’hui : l’accent est mis sur la prédication et la foi, qui sont préliminaires au baptême (d’où l’exclusion du baptême des enfants). Le baptême suppose la conversion intérieure et y met le sceau, à telle enseigne que le baptisé jouit d’une sorte d’impeccabilité. Le baptême est donc conçu comme une profession de foi publique, qui engage à une vie sainte. Mais il y a plus : au dire de Zwingli, les anabaptistes croyaient que dans le baptême Dieu t fait quelque chose de nouveau » (etwas neues tue). Bref, nous étions reconduits à l’opus operatum des « papistes ». Mais l’anabaptisme n’était pas seulement une doctrine : c’était une secte et des plus dangereuses (seditio est, faclio, hæresis, non baptismus, C. R., iv, 189), et si Zwingli le prend à partie, c’est moins par préoccupation théologique qu’à raison des incidences ecclésiastiques et sociales du débat. N’étaient celles-ci, il eût sans doute toléré une doctrine à laquelle lui-même, il en fait l’aveu (C. R., iv, 228. 24), s’était senti naguère incliné. De fait, il existe une communauté de vues certaine entre les anabaptistes et Zwingli : de part et d’autre, le salut n’est pas attaché au sacrement, mais à l’acte intérieur ou foi du sujet (synonyme pour les baptistes de processus intérieur de conversion). L’eau du baptême ne purifie pas l’âme, c’est là pour Zwingli le trait essentiel, C. R., viii, 275, 5 : ce qui relève du signe extérieur et de son usage est secondaire (cf. ibid., 13) : Non est, inquam, ut tantopere de exteriori signo pugnemus. On s’accorde aussi à reconnaître que le sacrement est un signe de profession de vie chrétienne intégrale et comporte un engagement moral. En sus, les anabaptistes rejetaient, comme Zwingli continuera à le faire, les rites accessoires du