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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. CONTROVERSE DU FILIOQUE

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c. xiii, un texte de Grégoire de Nazianze, qu’il faut restituer à l’Orat., xli, n. 9, P. G., t. xxxvi, col. 441442, semble quelque peu détourné de son sens véritable. Grégoire affirme que « le Saint-Esprit est toujours uni au Père et au Fils et énuméré avec eux ; ainsi ne convient-il pas de séparer en aucun cas le Père du Fils et le Fils du Saint-Esprit : oùSè yàp ëîrpsTrsv IXksiizevj tzozs, /) ïlôv ITarpî, 9) IIvsG^a Yîw. Eu traduisant : itaque non expedit Filium a Pâtre in emissione Spiritus separari, Hugues force évidemment le sens du texte grec. Hugues, col. 365 A. Chrysostome, In Joannem, xv, 26, Homil. lxxvii, n. 3, P. G., t. lix, col. 417, déclare que ce n’est pas le Père seul, mais aussi le Fils qui envoie le Saint-Esprit. S’il l’envoie, comme le Père, on doit logiquement conclure, affirme Hugues, qu’il l’émet aussi pareillement : si mitlil, emittit. Hugues, col. 365 C.

La procession a Filio est enseignée par Basile, au début du 1. III contre Eunomius. On sait que l’authenticité de l’incise la plus caractéristique est contestée (voir ici t. v, col. 783). Hugues, col. 366 B. Hugues appuie sa démonstration en rappelant le texte déjà cité de Grégoire de Nysse, dans Quod non sint 1res dii, texte ici encore plutôt commenté que cité. Col. 367 AB. Et, pour répondre à l’objection que l’ordre placé entre les personnes divines semble marquer une infériorité de l’Esprit, il renvoie à saint Basile, pour montrer qu’en Dieu l’ordre des personnes n’implique qu’un ordre d’origine. Adv. Eunom., t. I, n. 20, P. G., t. xxix, col. 557 AB ; Hugues, col. 367 CD.

Voici, au c. xiv, des textes catégoriques. Athanase écrit à Sérapion : « L’Esprit à l’égard du Fils a le même rapport que le Fils à l’égard du Père. » Le contexte dont Hugues entoure cette phrase ne se trouve pas littéralement chez l’évêque d’Alexandrie. Un passage qui s’en rapproche se lit Ad Serapionem, i, n. 20-21, P. G., t. xxvi, col. 580 B ; voir aussi n. 30-31, col. 660 C-661 A ; iii, n. 1, col. 625 B. Basile, De Spiritu sancto (titre modifié), n. 46, P. G., t. xxxii, col. 152 BC, parle de cet Esprit qui seul peut glorifier dignement le Christ, non comme créature, mais comme esprit de vérité manifestant en lui-même la Vérité, c’est-à-dire le Fils. Hugues, col. 368 CD. — Ici s’intercalent les textes de trois Pères latins, Hilaire, Augustin et Jérôme, col. 378-379, et plus loin Grégoire le Grand, col. 393-394, en raison de l’autorité que leur ont reconnue les conciles orientaux eux-mêmes. Puis nous revenons à des textes fort pertini rits, empruntés aux Grecs : à Cyrille d’Alexandrie, De adoratione in spiritu et veritate, t. I, P. G., t. lxviii, col. 147 A (cité ici t. v, col. 793) ; In Joël, n. 35 r « Le Saint-Esprit est dans le. Fils et du Fils, comme le Fils est dans le Père et du Père », P. G., t. i.xxi, col. 377 D. Hugues résume un passage de VExpositio fidei attribuée à saint Athanase et prête à l’auteur une formule de saveur latine qui ne se lit pas dans le texte grec, P. G., t. xxv, col. 208 A. Mais cinq textes, tous très affirmatifs, sont pris dans VAncoralus d’Épiphane (on aurait pu en trouver plusieurs autres) : L’Esprit est Dieu ; i ! est l’Esprit du Père et l’Esprit du Christ (Fils), non par une fusion des deux, mais au milieu du l’ère et du Fils ; il sort de l’un et fie l’autre, n. 8, col. 29 C. « Le Saint-Esprit vi< nt des deux, l’Esprit de l’Esprit, car l’Esprit est Dieu », n. 70, col. 148 A. i Dirons-nous qu’il y a deux Fils ?… Non, Dieu dit que le Fils sort de lui et que le Saint-Esprit sort des i » US », n. 71, col. 148 H. - I. S.iint-Esprit est un esprit : il est la troisième lumière, issue du l’ère et du Fils », ihirl. ; Hugues, col. 393-394. La pensé* du Uamascène semble à Hugues, sinon opposée à l’orthodoxJ autres Pères, du moins fort douteuse. Il essaie toutefois « le l’expliquer en bonne part, OO). 394 CD., * oir ici, sur Jeun Damascènc, t. V, col 798 799.

Sans être parfait, le travail d’Hugues eut, à l’époque où il fut composé, une valeur de premier ordre. Les Grecs l’ont utilisé et il servit de point de départ à plus amples recherches. Petau lui-même s’y réfère fréquemment. Aussi avons-nous voulu faire une mise au point aussi exacte que possible de son enquête patristique.

3. Saint Thomas d’Aquin. —

Saint Thomas s’est livré, lui aussi, à une longue enquête, patristique à propos du Filioque. Déjà dans le Commentaire sur les Sentences, dist. XI, q. i, a. 1, le De potentia, q. x, a. 4 et la Somme théologique, il avait expliqué quelques difficultés provenant du pseudo-Denys ou de saint Jean Damascène. Dans la Somme contre les Gentils, t. IV, c. xxiv, il apporte, en faveur de la thèse catholique, l’autorité du symbole d’Athanase, de la synodique de Cyrille d’Alexandrie et d’un texte du Saint-Esprit de Didyme. Mais c’est dans l’opuscule Contra errores Grœcorum que l’enquête patristique est conduite sur de plus larges bases.

Saint Thomas ne recourt pas aux sources originales ; il utilise un recueil de textes que le pape Urbain IV lui avait donné à examiner. Grave défaut de documentation qui nous met souvent dans l’impossibilité de contrôler l’exactitude et même l’origine des citations ! L’opuscule se divise en deux parties, mal séparées en certaines éditions. La disposition la plus pratique est celle adoptée par Fretté, éd. Vives, t. xxix. La première partie (1. I) comprend, outre le préambule général, les 31 chapitres indiqués dans les autres éditions, plus le début du 32e. La seconde partie, après une courte introduction, renferme les trente subdivisions non numérotées des éditions courantes, qui constituent le long chapitre xxxii et qui, chez Fretté, forment 30 chapitres nouveaux du 1. II.

Dans le 1. I er, les quinze premiers chapitres sont consacrés à la théologie trinitaire. Le lecteur y trouve une ample moisson de textes se rapportant à des locutions plus ou moins défectueuses, glanées chez les Pères grecs et que saint Thomas, à la lumière des principes de sa théologie, interprète en bonne part. De la seconde partie, les vingt premiers chapitres concernent la procession du Saint-Esprit a Filio. Elle ne renferme pas moins de 96 textes pris dans les œuvres authentiques ou supposées de saint Athanase, saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint Grégoire de Nysse, saint Épiphane, saint Cyrille d’Alexandrie, saint Cyrille de Jérusalem (un seul texte), Théodoret, saint Maxime (un texte). L’efîort était digne du genie de saint Thomas ; le résultat est difficilement utilisable en raison de la façon dont les textes lui furent communiqués. Tout un travail critique des sources serait à faire, avant de pouvoir utiliser les textes — et ils sont nombreux encore — qui pourraient entrer définitivement dans l’arsenal de la théologie positive.

Dans son édition Sancti Thomæ AqV.in.atis in Scripturam sacram expositiones et opUBCllla, Rome, 1880, Ucclli a publié d’un anonyme un Liber de fide sanctiesima Triniiatis ex dtversis auctoritatibus sanctorum Patrum grivcorum contra Grsecos, p. 361-420. On ne petit Ici qu’y renvoyer.

L’apport des théologiens grecs. —

On indiquera succinctement cet apport, lequel, en plusieurs auteurs, marqua beaucoup plus l’influence latine que la pensée grecque.

1. Sous le nom du diacre Pantatéon est puiiiu dans la P. G., t. cxi„ col. 487-574, un opuscule Contra Grœcorum errores qui, en réalité, est une rruvre (les dominicains de IVia. L’ouvrage, <ph a précédé le (.unira rrmrcs Grœcorum « le saint Thomas et semble avoir été Ignoré de ce dernier, l’i mporU de beaucoup sur le traité latin dédié à 1 ïh.iin IN’: tl KteS plus nombreux, plus exactement rapport) >t faciles à l’iden